Marché international
Le palier des 2 Mt de blé tendre exportées vers l’Algérie atteignable par l’Argentine
La récolte argentine de blé 2021/2022 s’annonce volumineuse. Un grand exportateur révèle avoir déjà réservé plus de 500 000 t de cette prochaine récolte en prévision de l’approvisionnement du seul marché algérien.
La récolte argentine de blé 2021/2022 s’annonce volumineuse. Un grand exportateur révèle avoir déjà réservé plus de 500 000 t de cette prochaine récolte en prévision de l’approvisionnement du seul marché algérien.
La sole de blé argentine 2021/2022 est en place à 91,3% (au 8 juillet dernier) et estimée à 6,7 millions d’hectares (Mha) par la Bourse aux céréales de Buenos Aires. Sauf en cas de pépin climatique grave lors de la période critique des cultures, entre septembre et octobre prochain, on s’attend à une récolte excellente. Un exportateur de premier plan la prévoit à 21,1 millions de tonnes (Mt), possiblement obtenues sur 7 Mha. Il révèle, en off, avoir « déjà réservé plus de 500 000 t » de blé tendre d’origine argentine en prévision de l’approvisionnement du marché algérien à partir de décembre prochain.
« À ce jour (05/07), à la position décembre 2021, le prix rendu à Alger de l’origine argentine en blé est 24 US$/t plus cher que la française. L’impact du coût du fret maritime, qui a presque doublé en un an, explique ce différentiel, poursuit la source anonyme. Soit le prix du blé français augmentera, soit celui du blé argentin baissera, la balance-sheet [le bilan de l’offre et de la demande, croit-on comprendre] l’impose », dit-elle.
À titre de comparaison, le pays sud-américain n’aura expédié cette année vers l’Algérie que 214 895 t de blé, selon le ministère de l’Agriculture argentin. La campagne d’exportation 2020/2021 est encore en cours, mais elle est terminée depuis avril dernier en ce qui concerne les débouchés de l’Argentine au Maghreb. Au niveau des volumes, cette campagne est qualifiée de « normale » par Gustavo Idígoras, le directeur du Centre des exportateurs de céréales (CEC) argentin, avec une production nationale de 17 Mt et des exportations qui devraient s’établir autour de la moyenne historique récente de 10 Mt environ, dont une bonne moitié finie toujours au Brésil. Bref, cette année, seuls « cinq ou six bateaux » chargés de blés argentins auront traversé l’Atlantique en direction d’Alger, confirme l’exportateur anonyme.
Rappelons que le pays sud-américain avait expédié 1,3 Mt de blé vers l’Algérie en 2018, et 1,5 Mt en 2017, jusqu’ici son record atteint sur ce marché-là.
Une situation amenée à s'inscrire dans le temps
Ce record pourrait bien être battu au bout de la saison 2021/2022 et, plus important encore, il pourrait établir non seulement un pic, mais un nouveau plateau. Pourquoi ? Parce que l’option blé-soja de deuxième culture est jugée plus rentable actuellement que les deux autres options classiquement retenus par les agriculteurs pampéens : soja de première culture, ou maïs. Si les exploitants propriétaires respectent souvent cet assolement triennal, les fermiers auront davantage intérêt à se risquer au blé hors des bassins céréaliers historiques, d’autant plus que leurs bailleurs sont confrontés au problème croissant des adventices résistant au glyphosate, issu de la monoculture du soja Round-up Ready.
« Cette année 2021, quatre groupes ont exporté du blé vers l’Algérie depuis l’Argentine : ADM, Cargill, Aceite General Deheiza (AGD) et LDC. D’autres, tels que le Chinois COFCO (ex Nidera) et l’Argentin Molinos Agro, l’ont fait auparavant », renseigne la source anonyme. La réputation de marché difficile d’accès qui est celle du marché du blé algérien, du fait du système d’enchères publiques, en prend un coup.
Certes, le Brésil importe chaque année entre 6 et 7 Mt de blé argentin. Certes, l’Indonésie en a commandé plus de 2 Mt lors d’une saison récente,et le Kenya et le Maroc en ont acheté en 2021 environ 400 000 t chacun, soit le double de l’Algérie. Le marché algérien n’est donc pas un débouché vital, ni « naturel » pour l’Argentine. Mais dès que le pays sud-américain dégage plus de 10 Mt de blé à l’export, il traverse l’Atlantique. Si une demi-douzaine de Panamax l’ont fait cette année, on pourrait en compter facile une cinquantaine entre décembre et mars prochain.