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Industrie agroalimentaire
“La suppression des quotas sucriers en 2015 nous satisfait”

La Dépêche-Le Petit Meunier  : Dans le cadre de la réforme de la Pac, la Commission européenne a annoncé la suppression des quotas et des mesures connexes portant sur la filière sucre au 30 septembre 2015. Comment accueillez-vous la décision de Bruxelles ?
Florence Pradier
: Nous soutenons depuis longtemps la suppression des quotas de sucre et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, c’est une nécessité que le régime sucrier soit aujourd’hui plus orienté vers le marché. Au sein de la Pac, c’est le seul régime qui reste aujourd’hui très encadré. Et cette exception sucrière a généré – et nos entreprises en ont  fait les frais cette année – de sérieuses difficultés d’approvisionnement sur le marché français et européen. Nos adhérents ont été confrontés à des ruptures de livraison, parce qu’il n’y avait plus assez de sucre sur le marché européen, et que les décisions de débloquer des volumes n’ont pas été anticipées par la Commission européenne. Le temps que cette dernière prenne conscience des difficultés sur le terrain, et mette en place des mesures correctives, les tensions se sont accrues sur les marchés et certaines entreprises n’ont pas eu d’autre choix que d’arrêter des chaînes de production.
Ensuite les quotas, utilisés comme outils de limitation des volumes, n’ont plus lieu d’être car nous ne sommes plus en situation de surproduction européenne. Il est urgent de rétablir un équilibre dans le rapport offre/demande au niveau européen.
Enfin, nous pensons que c’est une véritable opportunité pour les industries utilisatrices de sucre, au niveau français comme européen, d’améliorer leur place sur le marché international dans un contexte d’augmentation de la consommation mondiale de 2 % par an.

LD-LPM : Cette campagne, la production européenne de sucre est estimée plus importante qu’en 2010/2011. Quelles conséquences cette progression des disponibilités engendre-t-elle pour vos adhérents ?
F. P.  :
L’augmentation de la production de sucre en 2012 ne change rien car les entreprises utilisatrices sont toujours soumises au régime des quotas fixés à l’avance par la Commission européenne. Les excès de production conduiront à augmenter la quantité de sucre hors quota, que nos industries n’ont pas le droit d’utiliser. Le sucre hors quotas pourra alimenter d’autres filières alimentaires ou non alimentaires comme la production d’éthanol, ou sera exporté. Dans ces conditions, nous attendons une requalification de sucre hors quota en sucre de quota pour ne pas subir en 2012 les mêmes difficultés d’approvisionnement.
Par ailleurs, il convient de préciser que les sucriers ont fortement incité leurs clients à contractualiser dès le mois de juin pour être sûrs de disposer des volumes nécessaires tout au long de l’année. Résultat : les niveaux de contractualisation ont atteint des records à fin août sur la base de prix fixés entre juin et août (qui ont alors atteint des sommets, NDLR).

LD-LPM : Dans ce contexte, avez-vous un message à diffuser auprès des politiques ou des producteurs de betteraves, qui dénoncent haut et fort la suppression des quotas sucriers en 2015 ?
F. P.  :
Nous faisons tous partie d’une même filière. Il est important que la production prenne en compte les besoins de sécurité d’approvisionnement de l’industrie alimentaire qui représente près de 60 % des volumes de sucre utilisés. Il est aussi essentiel que la filière accompagne le potentiel de développement de ses débouchés sur le marché national ou à l’exportation. Nous soutenons également  la demande faite par le Cius (Comité des utilisateurs industriels européens du sucre, NDLR) auprès de la Commission européenne, pour obtenir rapidement une requalification du sucre hors quota en sucre quota. Nous pouvons sur ce point nous accorder avec les betteraviers car il est préférable de s’approvisionner dans l’Union européenne lorsque c’est possible. Il est en effet assez paradoxal de voir les soutiens à l’exportation de sucre quand les entreprises européennes souffrent de difficultés d’approvisionnement. La requalification du sucre ne suffira cependant pas à reconstituer les stocks européens à des niveaux suffisants, compris  entre 1,8 et 2 Mt en fin de campagne, soit entre 10 et 12 % de la consommation européenne annuelle. Il sera nécessaire de prévoir des importations supplémentaires dans le cadre d’adjudications, afin de rendre le marché plus fluide. En 2012, les niveaux de stocks de fin de campagne sont estimés à moins de quatre semaines malgré toutes les mesures prises cette année. C’est insuffisant et cela fait peser trop de risques sur nos productions.

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