Prospectives
La sécheresse sur la zone mer Noire pèse sur ses potentiels de production
Les manques d’eau, particulièrement sévères au sud de l’Ukraine et de la Russie, entraînent des pertes de production de 50 % par endroits.
Après la vague de froid polaire de février, avec des températures inférieures à -30 ° C, l’Ukraine et la Russie ont subi localement un printemps particulièrement sec (cf. carte). Certaines régions méridionales ont connu des déficits de précipitations de - 60 à - 80 % au mois de juin, par rapport à la moyenne des vingt dernières années à la même période. Une situation qui ne semble pas en passe de s’améliorer, et qui, combinée à la sécheresse aux États-Unis, poussent les prix mondiaux à la hausse.
Récoltes précoces, rendements médiocres
Les déficits hydriques ayant perturbé le déroulement du cycle végétatif, les récoltes ont débuté jusqu’à deux semaines plus tôt. Au 2 juillet, l’Ukraine avait déjà récolté 1,5 Mt de blé d’hiver, avec un rendement de 1,78 t/ha, quasiment inférieur de 40 % à celui de l’année dernière, selon le ministère de l’Agriculture local. En orge d’hiver, les rendements seraient plus que divisés par deux. Par endroits, les rendements des deux céréales ne dépassent pas 5-7 q/ha, conduisant les agriculteurs à ne pas récolter. Les producteurs du Sud et de l’Est pourraient perdre jusqu’à 50 % de leur production. Avec une estimation de récolte de blé à 13 Mt, contre 22,3 Mt en 2011, les craintes d’un manque de blé de qualité meunière sont bien réelles. S’il ne pleut pas en juillet dans les zones de steppes, les moissons d’orge de printemps et de colza seront à leur tour compromises. En revanche, la prochaine récolte de maïs ukrainien, estimée à 24 Mt selon le CIC, s’annonce record. Elle devrait permettre un volume exportable de 14 Mt sur la campagne 2012/2013. Alors qu’en 2011/2012, elle n’avait expédié que 5 Mt. Pour la première fois, le maïs représentera plus de 50 % de la récolte céréalière.
Au 26 juin, la Russie avait également moissonné plus d’1 Mt de céréales, principalement du blé et de l’orge d’hiver. Cependant, sa récolte de blé ne devrait pas dépasser 49 Mt, contre 56,2 Mt en 2011/2012. Les inquiétudes se focalisent aussi sur les orges de brasserie, dont la part devrait diminuer en raison d’une baisse de qualité, selon Ikar.
De moindres disponibles exportables
Les disponibles exportables russes ne seraient que de 18 Mt de grains, contre 28 Mt en 2011/ 2012. Plus pessimiste, SovEcon n’annonçe pas plus de 11 Mt. D’après le ministère des Politiques agricoles et de l’Alimentation ukrainien, les ventes pourraient tout de même atteindre 26 Mt, grâce à des stocks de report annoncés à 12 Mt contre 6 Mt en 2011. Si les gouvernements russe et ukrainien affirment qu’il n’y aura pas de restriction à l’export cette année, l’histoire montre qu’il faut rester prudent.