Production

La sécheresse entame les projections de récoltes mondiales de blé pour 2011/2012

LES PRÉVISIONS mondiales de récolte de blé sont abaissées de 1 Mt par rapport au mois dernier en raison du maintien des conditions sèches dans certaines régions productrices de blé d’hiver aux Etats-Unis, et du fait des retards apportés aux semis de blé de printemps en Russie. Selon les derniers chiffres du Conseil international des Céréales (CIC, rapport du 20 avril 2011), les nouvelles projections de 672 Mt font 22 Mt de plus qu’en 2010, et le troisième plus important volume jamais enregistré.

Une production européenne estimée en progression sur 2010/2011 à 144,1 Mt
    Dans l’UE, le temps sec et chaud a encouragé la croissance des cultures hiémales mais il y a un besoin pressant de pluies, surtout en France et en Espagne. Les conditions sont idéales pour les travaux des champs en Allemagne, en Pologne, au Danemark et dans la majeure partie du Royaume-Uni. Le total des semis dans l’UE devrait être analogue à l’an dernier, à 26,1 Mha (26,0 Mha). En supposant une météo normale, les rendements devraient être supérieurs à 2010 et la production devrait augmenter dans la plupart des principaux producteurs de l’UE. Le total est estimé à 144,1 Mt (135,4 Mt), dont 135,9 Mt (126,7 Mt) de blé tout venant.
    Le temps humide en Russie durant avril a amélioré les disponibilités en humidité du sol, mais les conditions froides dans l’Ouest ont ralenti le développement des cultures. Le taux d’abandon en raison des dégâts du gel devrait être plus ou moins conforme à la moyenne. Les semis de printemps ont été retardés là où le manteau neigeux est resté, notamment dans le district de la Volga. Du fait des retards apportés aux semis de blé de printemps, les prévisions de récolte de ce mois-ci sont abaissées de 2 Mt, à 55 Mt (41,5 Mt). Le blé d’hiver en Ukraine semble bien établi, sauf certains champs semés tardivement dans l’Est, mais il faudrait des pluies. Avec un taux d’abandon moyen, la superficie moissonnée devrait croître à 6,7 Mha (6,3 Mha) et la production est estimée grimper d’un quart par rapport à l’an dernier, pour s’établir à 21,0 Mt.

Baisse de 0,5 Mt des récoltes, estimées aux Etats-Unis à 57,5 Mt
    Dans l’Ouest canadien, le maintien d’un temps froid et humide a ralenti le dégel. Du fait des conditions du sol excessivement humides, les semis de blé de printemps ne devraient que faiblement augmenter par rapport à l’an dernier. En revanche, les semis de blé dur pourraient être sensiblement plus élevés en raison des meilleurs prix. La superficie sous blé d’hiver (principalement dans les provinces de l’Est) est jugée faire 21 % de plus que l’an dernier. Le total de la superficie sous blé moissonnée au Canada est projeté à 9,1 Mha (8,3 Mha) et la production est estimée à 24,5 Mt (23,2 Mt), niveau inchangé par rapport au mois dernier.
    Aux Etats-Unis, des précipitations substantielles ont amélioré l’humidité du sol pour la récolte de Soft Red Winter, mais les superficies sous blé Hard Red Winter dans l’Oklahoma et le Texas sont restées essentiellement sèches. Dans l’ensemble, au 17 avril, 38 % du blé d’hiver était jugé en mauvais voire très mauvais état, contre 6 % un an plus tôt. Le temps humide et froid a retardé les semis de blé de printemps dans le Nord, et seulement 5 % des terres étaient ensemencées au milieu du mois, soit moins de la moitié de la moyenne quinquennale. Le rapport officiel sur les intentions de semis publié à la fin mars plaçait le total des superficies sous blé à 23,5 Mha, en hausse de 8 % sur l’an dernier, y compris 16,7 Mha sous blé d’hiver (en hausse de 10 %), 1,0 Mha sous blé dur (en baisse de 8 %) et 5,8 Mha sous autres blés de printemps – hors blé dur – (+5 %). Du fait du piteux état du blé d’hiver et des retards d’ensemencement du blé de printemps, les estimations pour le total de la récolte sont rognées de 0,5 Mt, à 57,5 Mt (60,1 Mt).

Des surfaces identiques à l’an dernier en Chine avec 24,3 Mha
    En Chine, des pluies éparses ont été propices au développement du blé d’hiver mais il en faudrait davantage, rapidement. Les semis de blé de printemps (environ 7 % du total des superficies) ont démarré dans des conditions globalement favorables. Le total de la superficie sous blé dans l’empire du Milieu devrait être identique à l’an dernier, à 24,3 Mha mais, du fait des conditions sèches antérieures ayant touché les cultures hiémales, la production est estimée faire 2 Mt de moins qu’en 2010, à 113 Mt.
    Un temps sec et très chaud d’avril a accéléré la maturation du blé dans le nord de l’Inde, et la moisson a bien avancé dans les régions Sud et Centre. Sachant que les semis sont estimés faire 3 % de plus que l’an dernier, à 29,4 Mha (28,5 Mha), la production devrait atteindre un record de 82,0 Mt (80,8 Mt).

La production égyptienne est prévue en hausse à 8,3 Mt
     Le temps sec et doux, suivi de pluies clémentes durant les deux derniers mois, a été favorable au développement des cultures en Iran. En supposant des rendements moyens et des superficies en léger retrait, la production est estimée à 13,5 Mt (15 Mt). En Syrie, où les semis ont augmenté, il faudrait plus de pluie pour maintenir de bonnes perspectives de rendement. La production est estimée à 3,8 Mt (3,6 Mt).
    En Afrique du Nord, des pluies et un temps plus frais ont favorisé le développement des cultures au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Des prix d’achats publics plus élevés devraient encourager les agriculteurs égyptiens à planter davantage de blé et la production est estimée grimper à 8,3 Mt (7,5 Mt).

Des prévisions de récoltes à 25 Mt en Australie et 13 Mt en Argentine
    Dans l’hémisphère Sud, les semis de blé ont démarré en Afrique du Sud, mais il faudrait plus de pluies au Cap occidental. La superficie sous blé devrait grimper à 0,7 Mha (0,6 Mha) et, avec des rendements normaux, la production devrait se redresser par rapport à son piètre niveau de 2010 pour atteindre 2,0 Mt (1,5 Mt).
    Les semis de blé ont aussi commencé en Australie, avec de bonnes conditions d’humidité du sol dans le Sud-Est. Les semis sont actuellement projetés à 14 Mha (13,4 Mha). Même s’il se peut que les rendements n’égalent pas les sommets de 2010, la production est estimée à 25 Mt (26 Mt), soit un niveau supérieur à la moyenne.
    Les semis devraient augmenter en Argentine mais la production sera vraisemblablement inférieure à celle de 2010, lorsque les rendements avaient été très élevés. Les prévisions pour la campagne 2011/2012 ne se montent qu’à 13,0 Mt (15,0 Mt).