Orama / Politique agricole
La prochaine réforme de la Pac doit garantir la préservation de l’« atout grandes cultures »
Les producteurs préconisent « un balisage clair » de l’évolution des DPU
LA CONJONCTURE exceptionnelle dans laquelle se déroule cette campagne a particulièrement mis en relief le caractère stratégique des grandes cultures européennes et plus spécialement françaises, dans un marché mondial perturbé par un renversement des données offre/besoins et de la volatilité des prix qui en est résultée. La démonstration de la plus grande stabilité de la production de grains dans l’Union européenne que dans les autres grandes zones de production du monde « constitue un paramètre important de la sécurité alimentaire planétaire et, ainsi, un facteur important d’équilibre géopolitique ».
Vers une convergence des DPU entre productions
Forte de ce constat, Orama (qui regroupe l’AGPB, l’AGPM et la Fop), réunie en assemblée plénière le 28 septembre, demande que la réforme de la Pac, qui doit intervenir en 2014, se réalise dans l’objectif de « valoriser l’atout des grandes cultures » et propose, pour ce faire, un certain nombre de pistes majeures.
Cette valorisation repose d’abord sur un budget « en adéquation avec les objectifs et contraintes de l’agriculture », un budget de la Pac au moins intégralement maintenu. Concernant le Droit à paiement unique (DPU), principaux canaux par lesquels s’exerce le premier pilier, et constituant un instrument socle pour l’économie des exploitations, Orama en préconise « un balisage clair » de leur évolution dans le cadre de la nouvelle Pac. En premier lieu le financement des DPU doit être intégralement pris en charge par le budget européen.
La généralisation du découplage imposera inévitablement une convergence des DPU entre productions. Cette dernière devrait être étalée sur une période de dix ans afin que les filières et les secteurs de production les plus impactés puissent la gérer. Enfin, Orama rejette toute augmentation des prélèvements sur les paiements directs.
Les grandes cultures et le bien public
Orama rappelle aussi le rôle de l’agriculture dans le bien public. Outre sa mission d’assurer la sécurité alimentaire, l’agriculture et plus particulièrement les grandes cultures contribuent à soustraire du CO2 de l’atmosphère par le stockage du carbone dans les sols. Elle intervient aussi dans la préservation de l’environnement, alternative au pétrole, bio diversité, la qualité de l’eau… Autant de démarches auxquelles les producteurs devraient être incités par des engagements contractuels pluriannuels, individuels et collectifs.
La position des exploitants par rapport aux aléas économiques et sanitaires n’échappe pas non plus aux propositions de l’organisation professionnelle qui suggère, entre autres, la possibilité pour les agriculteurs de sortir une quote-part de leurs DPU de leur résultat des bonnes années en vue d’une réintégration dans les mauvaises. Ces positions devaient être discutées à Bruxelles en ce début octobre.
Mener une politique de stockage pour réguler les marchés
Le soudain renversement de tendance des marchés des matières agricoles entre les deux dernières campagnes –la première, avec ses prix anormalement bas se traduisant par une baisse de revenu des producteurs, la seconde avec une brutale hausse pénalisant les productions animales– a réactualisé le dossier de la régulation des marchés. C’est un sujet que nous avons évoqué à maintes reprises et dont Orama décrit les outils qui permettraient de réduire les excès de fluctuations de prix, le principal consistant dans une politique de stockage, y compris privé, au niveau européen. Alors que ce système de gestion de l’équilibre des marchés a été complètement démantelé par Bruxelles, il a été mis en place chez nos principaux concurrents de l’Est, notamment la Russie qui, malgré ses récoltes catastrophiques cette année, a certes dû renoncer à l’exportation, mais a réussi à protéger l’essentiel de son approvisionnement intérieur en y contenant les prix.