Fournisseurs/distributeurs
LES INDUSTRIELS de l’alimentation, réunis le 20 mars, rejettent « toute nouvelle réforme » de la loi régissant les relations entre fournisseurs et distributeurs, et ont entamé une campagne de lobbying en ce sens, a indiqué le président de l’Ania, Jean-René Buisson. « Dans le cadre de la dernière loi, notre contribution a permis de redonner les moyens d’une concurrence satisfaisante entre distributeurs, et au final, la possibilité de baisser les prix », a-t-il déclaré faisant allusion à la loi Chatel. En vigueur depuis le 1 er mars, elle a abaissé le seuil de revente à perte. Or, selon l’Insee, les prix des produits alimentaires ont gonflé de 4,2 % et 4,8 % en janvier puis février. « Nous ne sommes pas prêts à accepter n’importe quoi, même si c’est le président de la République qui le demande », a prévenu Jean-René Buisson sous les applaudissements. « S’il le faut, nous irons voir les députés un à un pour les convaincre que la négociabilité est dangereuse pour l’emploi », a-t-il insisté. Un projet de loi, prévoyant d’autoriser les distributeurs à négocier les tarifs des fournisseurs, devrait pourtant être présenté en mai. Luc Chatel secrétaire d’Etat à la Consommation (nommé le 19 mars également à l’Industrie), et porte-parole du gouvernement, a réitéré devant les industriels ses promesses de garde-fous et donné des précisions sur les pistes à l’étude : renforcement de la loi sur l’abus des positions dominantes, réduction des délais de paiement aux fournisseurs à 60 jours (contre 65,2 en moyenne en 2006), autorité de contrôle de la concurrence. « Ce ne sera pas la loi de la jungle, puisque l’interdiction de la revente à perte sera maintenue », a avancé Luc Chatel. Michel Barnier s’est lui engagé à « veiller » à ce que la négociabilité se traduise « par des contreparties réelles vérifiables et mesurables et qu’un bilan effectif de la loi soit tiré ».