CLIN D’ŒIL
Entarteur
Le mot n’est pas encore dans le dictionnaire. Mais l’inventeur de la chose – l’entartage – , le Belge Noël Godin alias Georges Le Gloupier, est – lui – bien connu et fait des émules. Ainsi, Jonathan Joly, un étudiant en lettres de 22 ans, a comparu devant le tribunal correctionnel de La Rochelle le 27 juillet. Motif : le 16 juin en gare de cette ville, il a lancé sur la présidente de la région Poitou-Charentes, la belle Ségolène Royal, un superbe fraisier. L’objet du délit a atterri sur l’épaule de la madone des sondages, avec dégâts collatéraux sur le costard du maire venu l’accueillir en grandes pompes, accompagné des médias audio-visuels locaux. Estimant « qu’il faut que les révolutionnaires en peau de lapin finissent d’agresser les autres », Madame Royal a porté plainte. Devant le président du tribunal, le jeune provo-anar, qui a révélé avoir pourtant voté pour l’entartée aux régionales 2004, a déclaré : « que son objectif était en tant que citoyen et électeur, de créer un débat, d’avoir une emprise sur une politique spectaculaire qui passe uniquement à travers les médias et l’applaudimètre, et où le débat d’idées passe à la trappe » (sic). Cependant, Jonathan a humblement reconnu « que l’entartage ne faisait pas vraiment avancer le débat ». Magnanime, Ségolène lui avait proposé en échanges d’excuses publiques et d’un engagement à ne plus recommencer, un job d’été au conseil régional « pour qu’il se rende compte du travail des élus ». Ayant déjà un petit boulot pour l’été, l’étudiant a décliné poliment l’offre tout en présentant platement ses excuses à l’élue. Il a été condamné à une peine symbolique de 150 E avec sursis et sans inscription au casier judiciaire. Et devinez, qui l’a chaudement félicité ? Bien entendu : le maître de l’entartage, Noël Godin en personne.