CLIN D’ŒIL
Drapeau
Même ceux que les championnats du monde de natation à Melbourne ne passionnent guère ont ressenti une certaine fierté devant la moisson de médailles remportée par Laure Manaudou. N’ont-ils pas ressenti un petit pincement au cœur à chaque montée du drapeau tricolore au mât du stade nautique australien ? Quant à la coupe du monde de football, elle a entraîné – on le sait – pour le leader mondial de la fabrication de drapeaux, qui est situé en France près de Lille (cocorico !) des ventes phénoménales de notre oriflamme.
Consacré par un décret du 15 Février 1794 “formé de trois couleurs disposées en trois bandes égales, posées verticalement de manière que le bleu soit attaché à la gauche du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs”, c’est un fait : le drapeau est un symbole très fort de notre identité nationale. Si la signification des trois couleurs est sujette à controverse avec crêpage de chignon entre experts en vexillologie (mot savant pour désigner l’étude des pavillons) en général on opte pour le blanc de la royauté enserré par les deux couleurs de la ville de Paris.De la Révolution à, plus récemment, mai 1968, gauche et droite ont toujours voulu s’approprier l’emblème national, avec deux épisodes fameux entre tous : celui de 1848 avec Lamartine devant l’Hôtel de ville s’opposant à sa substitution par le drapeau rouge, et celui du comte de Chambord qui, en 1875 devant la chambre des députés, voulu imposer le drapeau blanc royal. Sans oublier l’apparition épisodique du drapeau noir des anarchistes. à la veille d’échéances électorales d’importance, on ne peut donc vraiment être surpris de l’irruption dans la campagne du symbole que représente le drapeau national. Ainsi la candidate socialiste souhaite que chaque citoyen ait chez lui un étendard tricolore afin de l’exposer aux fenêtres le 14 Juillet. Ses challengers – c’est de bonne guerre – l’ont immédiatement persiflé (ringardise, chauvinisme, etc.) en faisant souvent de la surenchère pour hisser encore plus haut les trois couleurs (un drapeau n’a jamais fait un patriote, suggestion dérisoire, etc.). Tous n’ayant – eux aussi – qu’un rêve en tête : voir le palais de l’élysée pavoisé en leur honneur le jour de leur arrivée, avec la traditionnelle remontée triomphale des Champs dans la voiture présidentielle, fanion tricolore au vent !