Céréales
Des marchés toujours très volatils
Selon le CIC, bien que les prévisions de stocks mondiaux aient augmenté, les marchés céréaliers resteront tendus pour la campagne 2007/2008
MARCHÉ. Dans son dernier rapport au 25 octobre, le Conseil international des céréales (CIC) confirme que les marchés mondiaux des céréales sont restés très volatils en octobre, les prix perdant dans l’ensemble un peu de terrain. Les cours à terme à échéance proche se sont d’abord repliés par rapport aux sommets du mois dernier lorsque les incertitudes concernant le résultat de la moisson de blé et de maïs 2007 se sont estompées. Ils ont par la suite affiché un regain de vigueur du fait de la fermeté générale du prix des marchandises, de l’affaiblissement du dollar, des très fortes ventes américaines à l’exportation et de la rumeur d’une nouvelle taxe sur le point d’être introduite par un exportateur clé, avant d’afficher de nouveaux replis marqués sous l’effet de ventes massives par les fonds. Les fortes hausses des taux de fret maritime ont, elles, été plus cohérentes, affichant presque tous les jours de nouveaux records.
Fortes ventes de blé américain en octobre
Dans le secteur du blé, des signes de ventes importantes, particulièrement par les Etats-Unis, ont été une fréquente source de fermeté du marché, tout comme les rumeurs, dissipées depuis, selon laquelle la nouvelle taxe à l’exportation de la Russie risquait d’être plus forte que les 10 % annoncés. Toutefois, l’essentiel de l’incertitude à propos des prochaines moissons de l’hémisphère sud s’est dissipée. Et bon nombre des opérateurs sur les marchés à terme américains ont liquidé leurs positions à échéance proche, accumulées au fil de plusieurs mois, ce qui a resserré les primes substantielles affichées par rapport aux échéances de la récolte 2008. Les marchés du maïs ont été largement dominés par une gigantesque moisson américaine, même si les estimations officielles n’étaient pas sensiblement rehaussées, et par des signes suggérant un ralentissement de la demande américaine pour les usages industriels et l’alimentation animale en réponse aux prix élevés de cette année, ce qui a redressé les prévisions de stocks de clôture.
Toutefois, la demande à l’exportation est restée élevée, les opérateurs étant aussi conscients des projections préliminaires faisant état d’un vif repli des semis l’an prochain, qui pourrait entraver toute reconstitution notable des stocks. Un essoufflement sensible des prix du blé dans l’UE par rapport à leur sommet de septembre s’est aussi fait sentir sur les marchés de l’orge, qui ont vu les cotations à l’exportation perdre jusqu’à 40 $/t au cours du mois écoulé.
Céréales 2007 : des marchés sous tension
Bien que les prévisions de stocks de fin de campagne aient augmenté, notamment dans le cas du maïs, on s’attend toujours à ce que les marchés céréaliers restent très tendus en 2007/2008. La production mondiale de céréales estimée est inchangée par rapport au mois dernier à un record de 1.655 millions de tonnes, alors que la consommation est abaissée de 6 Mt, tandis que les prix élevés érodent l’utilisation pour l’alimentation animale et la fabrication de biocarburants. Les stocks de clôture sont désormais projetés à 255 Mt, 11 millions de plus qu’en septembre, y compris 97 Mt chez les cinq principaux exportateurs, niveau proche de la fin de 2006/2007.
Les prévisions d’échanges mondiaux de céréales sont révisées à la hausse de 2 Mt pour atteindre un record de 224 Mt, en raison de la fermeté des importations de maïs et de sorgho, mais de meilleures récoltes chez certains importateurs vont brider les échanges de blé.
Estimations rabaissées en blé
La production est estimée à 602 Mt, 1 million de plus que le mois dernier, avec des hausses en Russie et au Kazakhstan faisant plus que compenser des réductions dans l’Union européenne et aux États-Unis. En Australie, les pluies récentes sont arrivées trop tard pour la majeure partie des récoltes. Les prix très élevés commencent à avoir un effet sur la consommation. Les nouvelles prévisions s’élèvent à 610 Mt, 2 millions de moins qu’en septembre, niveau quasiment inchangé par rapport à 2006/2007. L’utilisation dans l’alimentation animale sera moindre aux Etats-Unis et dans l’UE mais les projections d’utilisation dans l’alimentation humaine affichent toujours un record de 444 Mt. Les stocks de fin de campagne dans les cinq principaux pays exportateurs sont toujours estimés à 25 Mt, bien que ceux des Etats-Unis ne soient placés qu’à 8,4 millions.
Les prévisions d’échanges mondiaux sont aussi inchangées à 105 Mt. Si bon nombre d’importateurs vont minimiser leurs achats, certains grâce à des prélèvements sur leurs stocks, la demande reste généralement robuste, malgré les prix plus élevés, pour traduire l’importance du blé dans les régimes alimentaires. Les ventes américaines se poursuivent à une vive cadence mais elles devraient ralentir à mesure que les disponibilités s’étiolent. Une meilleure compétitivité sera propice aux exportations de l’UE qui ont eu un départ difficile. Les expéditions de la Russie ont fait un bond en avant afin de devancer l’introduction prévue d’une taxe de 10 % à l’exportation.
Semis 2008 en hausse de 3 % en blé
Les semis de blé d’hiver pour 2008 se déroulent dans des conditions favorables dans la majeure partie de l’hémisphère nord, avec des hausses notables attendues en Amérique du Nord, dans l’UE et la CEI. La superficie mondiale de blé devrait croître de 3 % (6 millions d’hectares) à 220 millions d’hectares.
Maïs, récolte record aux États-Unis
Les prévisions de production sont inchangées à 766 millions de tonnes, quelque 70 millions de plus qu’en 2007. La moisson avance bien aux Etats-Unis : la récolte est estimée à un record de 338 millions de tonnes. En Argentine, de bonnes pluies ont facilité les semis et le temps humide a amélioré les perspectives pour l’Afrique du Sud. Une réduction de 5 millions des prévisions de consommation, à 760 Mt est essentiellement imputable aux Etats-Unis, où les prix élevés incitent les utilisateurs d’aliments pour animaux à remplacer le maïs par d’autres produits et où la production d’éthanol n’augmente pas aussi vite qu’on ne s’y attendait. Les stocks mondiaux de maïs sont estimés à 112 Mt, soit 9 millions de plus que le mois dernier.
Des stocks de report maïs importants
La quasitotalité du changement intervient aux Etats-Unis, où les stocks de report devraient désormais atteindre 50 Mt, 17 millions de plus qu’à la fin de 2006/2007 et un niveau qui n’a été dépassé que deux fois au cours des vingt dernières années. Une demande affairée à l’affouragement devrait stimuler les échanges de maïs à un record de 93 Mt, 6 millions de plus que la dernière campagne. Parmi les changements par rapport aux prévisions d’importations du mois dernier figurent des hausses pour l’UE, dont les disponibilités fourragères sont précaires, le Brésil et le Canada. Les exportations américaines avancent à vive allure et elles sont désormais placées à 60 Mt (campagne de commercialisation démarrant le 1 er septembre).