Confinement
Covid 19 et céréales : impacts très contrastés suivant les filières
Il est encore tôt pour dresser un bilan de la pandémie et du confinement en découlant pur l'industrie agroalimentaire hexagonale, mais il est certain que l'ensemble des filières céréalières ont d'une manière ou d'une autre été touchées par cet épisode historique inédit. Et les conséquences sont bien différentes suivant les secteurs observés. Etat des lieux.
Il est encore tôt pour dresser un bilan de la pandémie et du confinement en découlant pur l'industrie agroalimentaire hexagonale, mais il est certain que l'ensemble des filières céréalières ont d'une manière ou d'une autre été touchées par cet épisode historique inédit. Et les conséquences sont bien différentes suivant les secteurs observés. Etat des lieux.
L'industrie des pâtes tourne à plein régime depuis le début du confinement
De tous les secteurs de la filière céréalière, c’est peut-être certainement celui des pâtes et semoules qui s’en tire le mieux. Et pour cause, depuis les premières annonces du président Emmanuel Macron, les pastiers profitent de la très forte demande en GMS générée par les craintes de pénurie (certes infondées mais bien réelles), le manque à gagner du débouché de la restauration hors foyers semblant largement compensé.
A l’occasion de la réunion mensuelle du Conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer (Fam) du 15 avril, le volume de blé dur utilisé par les industriels pour la fabrication de pâtes pour la campagne commerciale 2019/2020 a été corrigé à la hausse de 7,6 %, passant de 490 000 t en mars à 530 000 t. L’organisme français confirme l’impact du confinement sur cette hausse de la consommation industrielle. Avec « une hausse soudaine des ventes en GMS de pâtes » selon Fam, « la semoulerie a été fortement mobilisée depuis le début de la crise sanitaire, entraînant une mise en œuvre des semouleries revue en hausse (hausse de la demande et reconstitution des stocks) ». Selon le président d’Intercéréales Jean-François Loiseau, invité lors de la conférence de presse de FranceAgriMer, « la demande de pâtes en GMS a doublé dès le début du confinement ».
Baisse de la consommation des meuniers de 200 000 t
Si certains chiffres ont pu circuler concernant la meunerie française, notamment celui d’une baisse d’activité de 30 % environ passé le pic de demande en boulangerie artisanale (après une semaine de confinement), Jean-François Loiseau a donné quelques précisions en fonction du débouché des farines à l’occasion de la conférence de FranceAgriMer le 15 avril :
- Boulangerie artisanale : -40 à -50 %
- Boulangerie industrielle -70 à -80 %
- Farine pour préparations boulangères surgelées -20 à -30 %
- Farine sachet +100 % mais ce débouché ne représente traditionnellement que 5 % de l’activité globale de la meunerie française.
Lors de leur conférence mensuelle, les représentants de FranceAgriMer ont fait part de la révision à la baisse de la consommation de la meunerie française de 200 000 t sur la campagne commerciale 2019/2020 (incluant une baisse de 150 000 t pour le segment panification et de 50 000 t pour celui de la biscuiterie, biscotterie et pâtisserie). L’utilisation annuelle de blé tendre par les meuniers hexagonaux tomberait ainsi à 3,73 Mt contre 3,93 Mt attendue en mars.
Brasserie /malterie fortement touchée par la fermeture des bars et annulations de rassemblements populaires
Avec le secteur de l’éthanolerie, celui de la Brasserie et dans son sillage celui de la Malterie sont les grands perdants de cette crise. Le confinement associé à la fermeture des bars/restaurants et à l’annulation de grands évènements populaires (festivals, évènements sportifs…) ont fait fondre la demande de bière aux quatre coins de la planète. « Une catastrophe » pour cette industrie, a estimé Jean-François Loiseau, relevant également un « impact à venir sur les prix à la production » qui devraient en toute logique affiché un net retrait.
Dans son bilan céréalier, FarnceAgriMer a d’ailleurs corrigé à la baisse la consommation d’orge de brasserie par la Malterie française de 7 % passant de 300 000 t sur 2019/2020 en mars à 255 000 t ce mois-ci. L'organisme fait part d'une «perte de débouché de 35%» globalement pour la brasserie française, «les microbrasserie enregistrant jusqu'à 80% d'effondrement de leur ventes».
Le pétrole entraîne le bioéthanol dans sa chute
L’arrêt momentané des déplacements pour une grande partie de la population mondiale, sans vision à long terme claire, a logiquement entraîné la chute des cours du pétrole, et avec lui ceux des énergies de substitution comme le bioéthanol. Fabriqué à base de blé et de maïs en France, les consommations pour 2019/2020 pour la production d’alcool ont également été corrigées à la baisse par le conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer. Les besoins en blé et en maïs ont ainsi été respectivement révisés à 1,480 Mt (1,630 Mt en mars) et 485 000 t (540 000 t).
Pour rappel, « Une enquête du CPDP (Comité professionnel du pétrole), dont les résultats tombent aujourd’hui 7 avril, révèle que la consommation d’essence hexagonale est en recul de plus de 75 %, et s’approcherait même des 80 %, entre la mi-mars, période précédant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, et début avril ! », s’alarmait Sylvain Demoures, secrétaire générale du SNPAA (Syndicat national des producteurs d’alcools agricoles) il y a une semaine.