Grandes cultures économes
Comment réduire les intrants tout en restant économiquement performant
Un cahier des charges, expérimenté par le Rad-Civam, est proposé comme base pour une MAE système dans le cadre de la Pac 2013.
« Par son approche systémique, le cahier des charges pour des cultures économes en intrants propose une alternative d’agriculture durable autre que l’agriculture biologique », a expliqué Éric Giry, chef de service de la stratégie agroalimentaire et du développement durable du ministère de l’Agriculture, lors du séminaire de restitution du programme “Grandes cultures économes” qui s’est déroulé le 13 février à Paris. L’idée directrice du projet est de refonder les systèmes de culture afin de les rendre moins sensibles aux bio-agresseurs et, de ce fait, moins consommateurs d’intrants. « Les résultats montrent que les grandes cultures, souvent épinglées pour leur impact sur l’environnement, peuvent, moyennant une évolution des pratiques, répondre d’ores et déjà aux objectifs de progrès fixés par les politiques publiques à l’horizon 2020 en matière d’environnement, sans affecter la viabilité économique des exploitations », indique le Rad-Civam, le Réseau agriculture durable, membre des Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural. Leur but est de faire valider ce cahier des charges en tant que MAE système, source de subventions en rémunération des services environnementaux rendus.
L’objectif, rendre économe en trois ans un système de culture intensif
Parmi les intervenants au colloque, un céréalier de la Beauce, Sébastien Lallier, a présenté son expérience dans le cadre du programme de recherche et développement, auquel ont participé 56 agriculteurs du Grand Ouest (cf. encadré). Accompagné par un animateur, il a transformé en trois ans le système de culture intensif de son exploitation en système de culture économe, sans perte de revenu. « Preuve qu’il est possible de concilier moindre impact environnemental et rentabilité économique en grandes cultures », insiste le Rad-Civam.
De nouveaux leviers agronomiques pour réduire pesticides, engrais et énergie
La diversification des espèces cultivées s’accompagne d’un allongement de la rotation et permet de rompre le cycle des ravageurs, et donc de rendre les systèmes moins dépendants aux maladies et de faciliter la réduction d’usage des pesticides. De plus, en diversifiant, les agriculteurs intègrent des cultures qui sont, par nature, économes en produits phytosanitaires (luzerne, féverole, maïs, tournesol...). Parmi les systèmes de culture les plus performants, certains sont en non-labour ou alternent, mais aucun ne laboure systématiquement devant chaque culture. Tous, en revanche, ont déspécialisé leur flore adventice en introduisant des cultures de printemps, et la moitié d’entre eux comportent des cultures fourragères pluriannuelles. Ces différentes stratégies peuvent faciliter la réduction de l’usage des herbicides.
La production de légumineuses (pois, luzerne, trêfle violet,...) permet d’introduire de l’azote atmosphérique dans le système, et donc de faciliter la réduction de la fertilisation azotée. Outre le sol et le climat, les pertes d’azote par lessivage dépendent des pratiques agricoles (surfertilisation, sol nu en automne, succession des cultures en fonction des relargages et capacités d’absorption...). Aussi, la vigilance s’impose lorsque la culture suivante piège peu les nitrates, elle est plus secondaire si elle stocke davantage d’azote (colza, moutardes...).