Développement durable
Bionerval produit de l’énergie et des engrais à partir de biodéchets
Le site d’Étampes (Essonne) est le dernier né des quatre méthaniseurs de la filiale de Saria Group dans l’Hexagone, le premier en Île-de-France.
« BIONERVAL ÉTAMPES collecte des biodéchets et les valorise par méthanisation en énergies renouvelables et en fertilisants », a résumé Philippe Spannagel, le directeur du pôle Méthanisation de Saria Group, à l’occasion de l’inauguration de l’outil industriel le vendredi 9 novembre à Étampes (Essonne). Investissement de 15 M€, cofinancé à hauteur de 10 % par l’Ademe, le site traitera chaque année 40.000 t de biodéchets en vrac ou emballés, issus pour 50 % des industries agroalimentaires, pour 30 % de la grande distribution et pour 20 % des professionnels de la restauration. À partir du biogaz issu de la méthanisation de cette matière organique, il produira annuellement 11,5 GWh d’électricité vendue à ERDF et 12,5 GWh de chaleur sous forme d’eau chaude, utilisée sur place ou par les industriels voisins à terme. Quelque 30.000 t/an de digestat, résidu de la méthanisation, seront valorisées en engrais sur 6.000 ha de cultures, de 41 agriculteurs d’Essonne et départements limitrophes.
Un engrais de bonne qualité agronomique
Le digestat banalisé, considéré aux yeux de la loi comme un déchet et non un produit, ne peut être commercialisé, au grand dam de Jean-Louis Hurel, le PDG de Saria : « Le prix du traitement des déchets pourrait être moindre si nous possédions une autre source de revenu. » Il est distribué aux exploitants agricoles dans un rayon de 20 km, selon un plan d’épandage prévu pour valoriser annuellement 38.000 m3 de digestat. Hors saison, ce dernier est stocké dans deux cuves de 8.000 m3. « Issu de déchets de la filière alimentaire, c’est un amendement de qualité, exempt de polluants (métaux lourds, résidus médicamenteux ou autres) dont l’absorption par la plante est plus importante que d’autres engrais minéraux », précise le dirigeant de Saria. De composition constante, en raison d’un brassage permettant une bonne homogénéisation, le digestat contient 0,5 % d’azote, 0,2 % de phosphore et 0,1 % de potassium. Des analyses sont effectuées avant et pendant les périodes d’épandage, afin de l’optimiser. Un bilan agronomique est adressé aux agriculteurs concernés. Le tout, conformément au plan d’épandage pluriannuel, défini par arrêté préfectoral.
Les biodéchets pour facteur limitant
Aux portes de la région parisienne et de son bassin de consommation, et en lisière de la Beauce et de ses cultures agricoles, le site d’Étampes est l’endroit idéal tant en termes de gisement de biodéchets que de plan d’épandage du digestat. « Nous tablons sur la progression de la législation (relative à l’obligation, depuis le 1er janvier 2012, de valorisation des biodéchets par les gros producteurs, NDLR) et de l’application d’amendes décidées dans ce cadre, pour alimenter l’usine d’Étampes », indique Jean-Louis Hurel.
Avec un démarrage de la collecte sélective en mai, et l’injection du premier kWh sur le réseau ERDF en juin, « le méthaniseur industriel est aujourd’hui en charge à 50 % et devrait saturer fin 2012 son premier moteur de cogénération, d’une capacité de 1MWh thermique et 1MWh électrique », détaille Raphaël Wietzke, directeur de l’unité d’Étampes. La livraison d’un second moteur en mai-juin 2013 devrait lui permettre d’atteindre sa pleine capacité... à condition que la collecte de biodéchets, notamment issus de la restauration hors foyer, suive.