Biogemma
RÉSIGNÉE. Avec 12 essais détruits sur 18 implantés en France cette année, la société Biogemma décide de mettre un terme aux essais en plein champ de plantes génétiquement modifiées sur le territoire national. Pour la direction de l’entreprise européenne de recherche en biotechnologie végétale, cette décision est la conséquence du manque de courage des dirigeants français sur le dossier OGM et de la poursuite des actions des faucheurs volontaires.
Biogemma « tire les conséquences » de plusieurs années d’arrachages d’OGM
Alors que cet été a de nouveau connu une importante vague de fauchages de parcelles consacrées aux essais transgéniques, et même une extension aux cultures commerciales, Michel Debrand, directeur général de la société Biogemma, a déclaré au cours d’une interview « tirer les conséquences » de ce climat hostile aux OGM en France. Il annonce ainsi la fin des recherches sur les plantes transgéniques, ou du moins celle des essais en plein champ, dans l’Hexagone.
Depuis sa création en 1997, Biogemma « n’a cessé de réduire le nombre d’essais en plein champ », regrette Michel Debrand. « Cette année, on atteint le fond avec seulement 18 essais dont 12 détruits à ce jour, c’est catastrophique », déplore-t-il. Il y a sept ans, une centaine d’essais en plein champ étaient mis en place par la société. Et en 2006, un essai sur les deux nouveaux est déjà complètement détruit, suite aux actions des faucheurs volontaires.
Biogemma abandonne donc son territoire d’origine et entend se tourner davantage vers l’étranger, comme l’explique Michel Debrand : « On a passé un partenariat avec la société indienne Avesthagen, et on regarde aussi du côté des États-Unis. »
« Manque de courage des Politiques »
Au delà du problème des fauchages intempestifs, la responsabilité des Politiques n’est pas oubliée. Concernant le projet de loi sur les OGM qui, d’après Le Canard Enchaîné du 30 août, serait de nouveau ajourné à l’Assemblée nationale, Alain Toppan, directeur de recherche de Biogemma, dénonce « le manque de courage des Politiques » sur le dossier des OGM, tout en reconnaissant que « dans le fond, ça ne change pas grand chose » si ce n’est « donner des arguments aux anti-OGM, et pénaliser la France vis-à-vis de Bruxelles pour non transcription de la directive 2001-18 »… et donc le contribuable français. « De toute façon, ce n’est pas un texte de loi qui fera cesser les arrachages », conclut le chercheur.
Pour Michel Debrand, il ne faut pas s’attendre à disposer d’un cadre légal complet avant les élections présidentielles du printemps 2007. Le responsable de Biogemma fustige aussi l’absence de véritables mesures contre les responsables des fauchages de parcelles OGM sur le territoire national, « les pouvoirs publics ne font rien du tout. Cette année, on se contente de prendre des photos alors qu’au début du mouvement des destructions, les champs étaient mieux protégés », regrette-t-il.