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Marchés
Biodiesel, l’UE protège une partie de sa filière

Le secteur du biodiesel européen vient de remporter une victoire, lundi 27 mai, sur sa demande de loi anti-dumping envers les exportations de biodiesel argentin (à base de soja : SME) et indonésien (à base de palme : PME) vers l’Union européenne. Il y a dix mois, l’EBB (European Biodiesel Board) portait plainte auprès de la Commission européenne contre le dumping de biodiesel en Argentine et en Indonésie, leur reprochant de parfois afficher un prix de vente inférieur à la matière première dont le biodiesel était issu. Bruxelles a publié au Journal officiel de l’Union européenne du 27 mai, un droit anti-dumping sur les importations de ces deux produits. Les droits de douanes, applicables dans tous les États-membres pour une période de six mois, varient selon les producteurs. Pour le biodiesel argentin, ils s’échelonnent de 65,24 à 104,92 €/t, et ceux sur le biodiesel indonésien de 24,99 à 83,84 €/t. Au-delà des six mois, il reviendra à chaque État-membre de les rendre ou non obligatoires pour cinq ans. Entre 2009 et 2012, les parts de marché des biodiesels argentin et indonésien dans l’Union européenne sont respectivement passées de 7,6 à 10,8 % (1,4 Mt en 2011) et 1,4 à 8,5 %. « Une telle réglementation va soutenir le prix du biodiesel en Europe favorisant la production de biodiesel à base de colza et d’huile alimentaire usagée (HAU) », estime Victor Allemandou, courtier chez Greenea, spécialisé dans les déchets, les matières premières et les biocarburants. À noter que depuis avril, les volumes de SME et PME exportés vers l’Europe se sont significativement réduits, d’après Greenea. Les producteurs européens préférent importer directement de l’huile de soja ou de palme pour faire du FAME 0°C. Les exportations de SME ont même été stoppées net en mai. Par ailleurs, Victor Allemandou souligne que les marges d’estérification sont actuellement positives pour des contrats spot, ce qui s’est rarement produit ces six derniers mois pour la production de FAME 0°C européen.

Un déclassement des HAU lourd de conséquences
« Le marché des HAU et du biodiesel fabriqué à partir de déchets est toujours dans l’attente de décisions d’un réel soutien de la filière. D’un côté, les biocarburants de deuxième génération, qui valorisent des déchets domestiques comme les HAU, connaissent le soutien des politiques mais de l’autre les lobbyistes à Bruxelles et au niveau national font leur possible pour contrer ce nouveau biocarburant », explique Victor Allemandou. Après la mise en place d’une limite sur le taux d’incorporation des biocarburants fabriqués à partir d’huiles de friture et de graisses animales, une nouvelle directive européenne est à l’étude, qui déclasserait toutes les HAU importées en catégorie 1. « Une catégorie qui jusque-là n’existait que pour les graisses animales », précise-t-il. Or l’enregistrement en catégorie 1 est très compliqué et demande de nombreuses autorisations. De plus, l’UE importe 30 % de sa consommation d’huile de friture pour la production de biodiesel, soit environ 320.000 t. Un déclassement des HAU risque de pénaliser le marché européen du biodiesel à partir de déchets, selon Greenea. « Les usines de biocarburants déchets incorporant ces HAU catégorie 1 vont également voir leur production de glycérine déclassée, ce qui va entraîner une perte de plus de 74 % de sa valeur », anticipe le courtier, de 200 € à 75 €/t départ usine. « Une bonne partie des importations seraient alors stoppées pendant un petit moment, le temps de mettre en place les nouvelles mesures sanitaires. Or une usine de biodiesel qui fonctionne à moins de 60 % de sa capacité n’est généralement plus rentable. » Néanmoins, il faut rester prudent quant à l’application de cette mesure car, pour l’instant, les réunions à Bruxelles n’ont pas donné de résultats concrets.

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