Exportations
Bientôt du blé russe en Algérie ?
L’ouverture des frontières algériennes au blé russe ne serait qu’une question de temps. FranceAgriMer ne l’envisage pas avant la prochaine campagne.
L’ouverture des frontières algériennes au blé russe ne serait qu’une question de temps. FranceAgriMer ne l’envisage pas avant la prochaine campagne.
« L’Algérie est extrêmement intéressée par l’importation de blé russe et envisagera cette possibilité après avoir analysé les informations reçues lors de l’inspection », indique un communiqué de presse du Service fédéral russe chargé du contrôle vétérinaire et sanitaire, suite à la visite, dimanche 30 septembre, du directeur général de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), Mohamed Belabdi. Et d’ajouter : « La décision de la partie algérienne sera également basée sur les résultats de l’inspection du lot de blé d’essai qui sera envoyé à l’Algérie dans un proche avenir ». De quoi inquiéter les exportateurs français. Ces derniers ont chargé 4,285 Mt de blé tendre en 2017/2018 sur les ports algériens, qui en ont réceptionné 8,2 Mt au total, ce qui fait de ce pays du Maghreb le premier client de la France pour cette céréale.
Le taux de punaise dans le blé russe en question
« La probabilité qu'un accord voit le jour entre l’Algérie et la Russie, relatif à l’importation de blé tendre russe par l’OAIC, n’est pas nulle, au vu de l’étape franchie par les deux pays », déclare Andrée Defois, présidente de Tallage/Stratégie Grains. « C’est une possibilité à vraiment considérer sérieusement », ajoute-t-elle, avant de modérer son propos : « Les fonctionnaires de l’OAIC, qui ne voudraient pas se mettre en situation de danger, pourraient se montrer très prudents car ils ne voudront sans doute prendre aucun risque qualitatif concernant l'approvisionnement régulier des moulins algériens. » Pour Rémi Haquin, président du conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer, « il n’est pas question d’un changement du cahier des charges algérien, mais plutôt d’une volonté de la Russie d’avoir une qualité correspondant aux standards de l’Algérie en termes de taux de punaise ». Et Ludovic Pâris, délégué de FranceAgriMer pour la filière céréalière, d’ajouter : « La baisse, ces dernières années, des coûts logistiques des exportateurs russes leur permet d’envisager une segmentation de leur marchandise afin de répondre à ces exigences ».
Pour Gabriel Omnès, analyste à Tallage/Stratégie Grains, « l’ouverture des frontières algériennes au blé tendre russe n’est qu’une question de temps ». Rappelons que l’Algérie a déjà importé du blé fourrager russe en 2017. Et, « au vu de la dégradation de la situation économique de l’Algérie, en raison du bas niveau de prix du pétrole [depuis janvier 2015], et des prix compétitifs de l’origine russe par rapport aux marchandises françaises, on ne peut complètement exclure que cette décision puisse être prise dans les mois à venir ». Un avis partagé par Rémi Haquin : « La présence de la Russie en Algérie est à considérer dans le cadre d’une approche à plus long terme que cette campagne ». Mais, en tout état de cause, « si la Russie accède au marché algérien, cela fera des volumes en moins pour la France sur cette destination, qui devront être réorientés vers d’autres débouchés : c’est le jeu des chaises musicales », ajoute-t-il. Un espoir pour les exportateurs français réside en la tenue, au premier trimestre 2019, d’un déplacement en Algérie de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, afin de défendre l’origine française face à son concurrent russe.
Reste qu’aujourd’hui, si les Russes font officiellement valoir une avancée du dossier, « les Algériens ne communiquent pas sur le sujet », remarque Roland Guiragossian, responsable du bureau d’Alger de France Export Céréales. Quant aux rumeurs d’une deuxième rencontre entre les deux pays, elles ne sont, à l’heure où nous bouclons, pas confirmées…