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Aviculture: profondes mutations dans le secteur de la volaille

Depuis 1996, la production de la France a baissé, les exportations se sont érodées et les importations ont commencé à se développer.

SELON UNE ETUDE du Service central des enquêtes et études statistiques du ministère de l’Agriculture, la production de volaille de la France en 1996 alimentait totalement le marché intérieur et plus du tiers des produits étaient exportés. Depuis, ce secteur a connu de profondes perturbations. Face à une consommation intérieure demeurée stable, la production a baissé, les exportations se sont profondément érodées et les importations ont commencé à se développer.

Une consommation stable

Après avoir connu une forte croissance entre les années soixante-dix et le milieu des années quatre-vingt-dix, la consommation de viande de volaille s’est relativement stabilisée depuis 1996. En 2004, elle se situe 3% au-dessus de son niveau de 1996, soit une progression moyenne annuelle de 0,4%.

Pour la période de 1996 à 2004, le poulet a représenté en moyenne la moitié de la consommation de viande de volaille, la part de la dinde est supérieure au quart et le canard, en progression ces dernières années, représente 13% de l’ensemble. La consommation de volaille a connu une hausse exceptionnelle en 2001 (+5%) en raison des conséquences de la crise liée à l’ESB de la fin de l’année 2000 et de l’épizootie de fièvre aphteuse du début de l’année 2001 au Royaume-Uni. Ces crises sanitaires ont entraîné la réduction de l’offre des viandes de boucherie, en particulier bovines et ovines et l’augmentation de leur prix. En 2002, la situation s’est stabilisée pour la viande bovine et la consommation de volaille a retrouvé son niveau de 2000.

La production se recentre sur le marché intérieur

Entre 1996 et 1999, le marché intérieur n’absorbait que 64% de la production de volaille, depuis ce pourcentage a progressivement augmenté : il atteint 74% en 2004. Pour le premier trimestre 2005, il se situe à 78%.

Ce recentrage est particulièrement important pour le poulet dont seulement 61% de la production était destinée au marché intérieur en 1998, contre 76% en 2004 et 78% au cours du premier trimestre de 2005. L’écart est de moindre ampleur pour la dinde dont la production destinée au marché intérieur passe de 56% à 61% entre 1996 et 2004. Cependant le mouvement semble s’accélérer au cours du premier trimestre de 2005, la part du marché intérieur atteignant 70%. La production de volaille a atteint un maximum en 1998, depuis elle tend à diminuer. Entre 1998 et 2004, elle a perdu 16%, soit près de 3% par an. Ce mouvement a été plus dommageable au poulet (-20%) qu’à la dinde (-14%). Par contre, au cours de cette période, la production de canard a progressé de 6,5%.

Des exportations de viande en baisse depuis 1999

La croissance des exportations de viande de volaille a pris fin en 1998 ; depuis, les tonnages exportés, exprimés en tonne équivalent carcasse (téc), diminuent d’année en année. Les exportations de 2004 sont en retrait de 24% par rapport au maximum de 1998. La dégradation est particulièrement nette en ce qui concerne le poulet qui représentait 60% des exportations en 1998, et seulement 55% en 2004. Cette même année, les exportations de poulet s’avèrent inférieures de 31% à leur niveau de 1998, ce qui représente une baisse moyenne de 4% par an. Les exportations de viande de dinde ont continué à augmenter jusqu’en 2000, depuis elles diminuent de 23%, ce qui représente une moyenne de 6% par an. Les résultats provisoires du premier trimestre de 2005 montrent une amplification de ce mouvement avec un repli de 25% par rapport à la même période de 2004.

La dégradation du commerce extérieur de la France correspond à la montée en puissance des productions du Brésil et de la Thaïlande. Elle est également liée aux modalités des accords du Gatt qui ont instauré, pour l’Europe, des quotas annuels dégressifs d’exporta-tions avec restitutions. Suite à cette mesure, des unités de production de poulets destinés au Moyen-Orient ont été délocalisées vers le Brésil, où les coûts de productions sont inférieurs à ceux de la France. Les statistiques du commerce extérieur de poulets congelés montrent que les tonnages exportés vers les pays tiers ont chuté de 41% entre 1998 et 2004, soit près de 130 milliers de téc, ce qui représente à peu près 53% de la baisse de production globale de poulet.

Les viandes de volaille en provenance du Brésil et de Thaïlande concurrencent certainement les exportations de la France vers les pays de l’Union européenne. Ainsi les exportations de poulet cru vers les pays de l’UE à 25 ont baissé de 31% entre 1998 et 2004, soit 50 milliers de téc. Sur ces destinations, les exportations de dinde crue ont baissé de 26% entre 2000 et 2004, soit près de 60 milliers de téc. La baisse est aussi très nette sur le secteur en expansion des viandes préparées. Entre 1998 et 2004, les apports au marché européen ont diminué de 36% pour les préparations de poulet et de 30% pour celles de dinde.

Les importations de viande gagnent progressivement du terrain

Le solde du commerce extérieur de volailles (vif et viande, exprimées en téc) a progressé jusqu’en 1998. A cette date, il représentait 35% de la production intérieure. En 2004, il ne représente plus que 26% de cette production, elle-même en baisse. Ce solde a diminué de 37% depuis 1998, soit une baisse moyenne annuelle de 6%. Les échanges de viande se sont particulièrement dégradés pour le poulet qui représentait 58% du solde positif des échanges de viande de volaille en 1996 et qui n’y contribue plus que pour 41% en 2004. Les contributions à ce solde de la dinde et du canard ont augmenté. Elles sont passées de 38% à 50% pour la dinde et de 4% à 8% pour le canard. Les échanges d’animaux vivants ne représentent qu’une très faible part du commerce extérieur et ils ont été plus stables que ceux des viandes aux cours des dernières années. Les importations de viande croissent, elles sont passées de 127 à 239 milliers de téc entre 1996 et 2004. Cela représente une progression moyenne annuelle de l’ordre de 11%. En 1996, les importations de viande représentaient 9% de la consommation de volaille, leur part est passée à 16% en 2004. Les importations en provenance de l’UE à 25 sont largement majoritaires, mais elles perdent un peu de terrain. En 1996, cette provenance représentait 95% des importations de viande et de préparations de dinde et de poulet, leur part est ramenée à 89% en 2004.

Les viandes originaires du Brésil et de Thaïlande ont fait leur entrée sur le marché français. En 2004, les importations de viandes crues thaïlandaises ont été particulièrement basses en raison de l’embargo lié à la grippe aviaire en Asie ; elles ont également diminué en viandes préparées. Par contre, les importations brésiliennes sur le marché français sont en forte croissance. Elles étaient quasiment inexistantes en 1998. En 2004, elles représentent 6% des poulets crus et 17% des prépara-tions de poulets. Sur le marché de la dinde, elles représentent 41% des importations de préparations. Toutes origines confondues, les importations de poulet préparé ont augmenté de 102% entre 1998 et 2004, la hausse étant encore plus forte pour la dinde (+380%). En outre, il n’est pas exclu que certains produits, originaires des pays tiers, puissent transiter par des pays partenaire de l’UE.

En 1996, la production française de volaille assurait l’approvisionnement du marché intérieur et contribuait à l’approvisionnement du marché international. Moins de dix ans plus tard, la place de cette production sur le marché international s’est fragilisée et les importations pénètrent le marché intérieur.

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