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Conjoncture / productions animales
Aucun net rebondissement en perspective sur le marché du porc

La filière porcine reste financièrement très fragile, tandis qu’aucune amélioration des trésoreries ne semble probable ces prochains mois.

Comme chaque année, la grande distribution profite de la rentrée pour mettre en avant la viande de porc à des tarifs défiant toute concurrence. Les côtes ont ainsi été proposées à moins de 3,00 €/kg, alors qu’elles s’écoulent en moyenne à 6,00 €/kg en fond de rayon. Le porc reste donc bel et bien le produit d’appel par excellence pour les grandes et moyennes surfaces (GMS), dont l’objectif est de faire revenir dans les rayons des ménages en mal de pouvoir d’achat. Contrairement aux autres années, 2011 n’a toutefois pas été synonyme de prix bradés, bien que ceux-ci soient restés en dessous de la réalité économique de la filière. Eleveurs et abattage-découpe restent en plein marasme. Le manque à gagner est chronique et touche toutes les entreprises, en amenant certaines à la limite du dépôt de bilan.

Aliment cher, commerce peu soutenu
    Pour l’abattage-découpe, ces difficultés sont surtout liées à une consommation intérieure peu soutenue. Selon Kantar-Worldpanel, les achats des ménages en GMS ont reculé de 3,4 % en cumul de janvier à début août comparé à la même période de 2010. Ce ralentissement est en partie compensé par nos exportations. Selon le Marché du porc breton (MPB), c’est toute l’Union européenne qui profite d’un regain d’intérêt de ses principaux clients : +8 % vers la Russie, +17 % vers Hong-Kong, +60 % vers la Chine, +4 % vers le Japon. Mais un tel dynamisme ne concerne pas l’ensemble des découpes et le déséquilibre carcasse est de mise. Si l’épaule, la poitrine, le gras, les pieds et les oreilles sont recherchés à l’export, les pièces à forte valeur ajoutée (longe et le jambon) intéressent peu. Celles-ci restent sur le marché intracommunautaire, peu rémunérateur et toujours très concurrentiel. De quoi arriver en cette fin d’été a un paradoxe de taille : comme le souligne le MPB, « le kilo d’oreilles se valorise mieux à l’export que le kilo de jambon brut destiné aux salaisonniers européens ».
    Ce décalage de valorisation se répercute sur les prix des porcs charcutiers. Malgré des ventes soutenues à l’export, et du fait du manque à gagner subi sur les pièces nobles, l’abattage-découpe maintient sa pression sur les tarifs. Or, dans le même temps, l’amont continue de faire face à des coûts de production très élevés, qui ne cessent d’affaiblir les trésoreries. Selon le MPB, sur les huit premiers mois de l’année, l’aliment Ifip s’est installé autour de 270 euros la tonne, soit 50,9 % de plus que sur la même période de 2010 ! De quoi tirer les coûts de revient à 1,538 €/kg (+26,8 %), alors que dans le même temps, le prix moyen payé à l’éleveur a progressé de 12 % à 1,445 €/kilo.

La production ne faiblit pourtant pas
    Malgré ce contexte de perte, l’offre ne faiblit pas. Selon le MPB, le bilan à la fin août est à une hausse de près de 2,9 % des volumes abattus dans le nord de l’UE (Allemagne, Pays-Bas et Danemark). En France, l’heure est à la quasi stabilité (-0,6 %).
    La fin d’année est toutefois plus incertaine. Si une forte baisse de la production est à exclure, celle-ci pourrait néanmoins fléchir sous l’effet du repli des effectifs de truies enregistrés en début d’année au Danemark (-5 %), en Pologne (-16 %), en République tchèque (-17 %) et en Allemagne (-2,6 %). Reste qu’une partie de ces replis sera compensée par l’amélioration de la productivité.
    Le marché des porcelets est également à surveiller de près pour tenter de prévoir l’offre de ces prochains mois. Mais de ce côté non plus, l’heure n’est pas à la certitude. Alors que depuis plusieurs mois, les naisseurs comme les engraisseurs perdent de l’argent, aucun ralentissement de la production n’est à signaler. De telles pertes ne peuvent cependant pas perdurer et pourraient bien finir par entraîner un recul des effectifs de porcelets, puis de porcs charcutiers.

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