Évènement
Ambition Bio 2017 veut relancer une dynamique de filière
Avec un objectif à la fois de doubler les surfaces et d’augmenter fortement la consommation française de produits labellisés d’ici fin 2017, ce plan vise à donner une nouvelle impulsion au développement et à la structuration de la filière biologique.
« Notre ambition est de mettre en place un processus global de développement de l’agriculture biologique, a indiqué le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, lors de la présentation, vendredi 31 mai à Paris, des orientations du plan “Ambition Bio 2017” (cf. “www.agriculture.gouv.fr/ambition-bio-2017”), dont le programme complet sera établi d’ici fin juillet 2013. Cela ne servirait pas à grand chose de développer la SAU en bio si, au bout du compte, cela déstabilisait l’ensemble de la filière et surtout la capacité qu’ont les produits bio à rémunérer l’agriculture biologique. » Les principaux acteurs du secteur –Agence Bio, Fnab, Synabio, Coop de France Filières biologiques, FNSEA, APCA– ont salué les annonces du ministre. « Il s’agit de faire de cette ambition politique un réel levier pour améliorer la performance des filières biologiques françaises, à la fois en termes de production et de compétitivité », commente l’APCA. Les différents intervenants de la filière bio restent néanmoins, à l’image de Christophe Lecuyer, président de la commission Filières biologiques de Coop de France, « très vigilants quant à la mise en œuvre effective et opérationnelle du plan, et à son articulation avec le programme Agro-écologie ».
Moyens financiers accrus
Concernant « les moyens et outils affichés », Stéphane Le Foll inscrit les aides à la conversion et au maintien dans le 2e pilier de la Pac. « Ce sont 160 M€ en moyenne par an sur 2014/2020 – contre 90 M€/an actuellement – qui seront alloués », a annoncé le ministre, qui a par ailleurs « réaffirmer le maintien du crédit d’impôt pour l’agriculture biologique » et évoquer « le doublement du financement par les Agences de l’eau partout où il y a des enjeux spécifiques comme dans les zones de captage ».
Dans le but de structurer la filière, le fonds Avenir Bio, géré par l’Agence bio, « passera de 3 à 4 M€ par an ». Pour la Fnab, « cette augmentation est une première étape qu’il faut saluer en attendant que l’ensemble des capacités d’investissement stratégiques de l’État (BPI) soient mobilisées pour soutenir la filière bio amont et aval ». Ces prêts, qui seront accordés par la BPI « à certaines sociétés, dont les coopératives agricoles », comme le précise le document du ministère, « vont dans le bon sens, la filière agricole conventionnelle et bio nécessitant de nouveaux investissements structurants de stockage, transformation ou commercialisation », se réjouit Christophe Lecuyer, qui ajoute : « Il est important que l’offre soit dimensionnée et adaptée à la taille des coopératives et entreprises du secteur, qui sont plutôt de l’ordre de la PME. »
Contractualisation et transparence des prix
Le programme prône le développement de la contractualisation. Un avis partagé par Christophe Lecuyer : « Une grande part des céréales bio commercialisées sont sous contrats pluriannuels, ce qui permet de sécuriser les débouchés des producteurs et les approvisionnements de la meunerie et de la nutrition animale. La prochaine étape est de travailler à la mise en place d’un contrat équivalent pour les oléagineux. »
À l’image du gouvernement, Coop de France Filières biologiques est, par ailleurs, « favorable à davantage de transparence sur les prix. » Cependant, il est prioritaire pour les coopératives d’avancer vers une meilleure connaissance des marchés, et notamment des volumes. « Le prix n’est qu’un indicateur d’une situation de marché à un instant t mais ne donne pas la vision globale de l’équilibre offre/demande, ce qui essentiel pour que les opérateurs s’engagent de façon plus structurante, explique Christophe Lecuyer. Ceci dit, la transparence des prix ne garantit pas un équilibre des relations commerciales, et il y encore beaucoup de travail en ce sens : les effets pervers existent aussi avec des exigences avales de plus en plus intrusives dans la gestion d'entreprise. »
Ces rélexions montrent bien que le doublement des surfaces bio, principal objectif du programme gouvernemental, « nécessitera une implication croissante des acteurs, et notamment des coopératives », insiste Christophe Lecuyer. « C’est un objectif mobilisateur. Pour l’atteindre, il faut poser les conditions de succès des conversions, afin que celles-ci soient pérennes, et poursuivre la structuration des filières pour que celles-ci soient durables et performantes », conclut-il.