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Pour la première fois, pas de cocorico cette année au Salon de l’agriculture pour cause de H5N1, nom savant donné à ce méchant virus de la grippe aviaire. A dix mille kilomètres de la métropole, le département de la Réunion, en temps ordinaire image de carte postale paradisiaque, est en berne pour cause de cet imprononçable chikungunya transmis par une saloperie de moustique, qui lui aussi porte un nom à coucher dehors. Ailleurs, c’est le virus de la haine qui sévit, avec la sanguinaire guerre des mosquées entre sunnites et chiites en Irak —au nom de Dieu— avec son interminable cortège de victimes et de destructions. Et comme une suite à un séisme de grande amplitude, toujours des répliques à l’affaire des caricatures, avec de nombreux meurtres de chrétiens au Nigéria, le plus riche et le plus peuplé des pays d’Afrique. Enfin, ici, le traumatisme né de l’effroyable meurtre aux portes de la capitale, du jeune Ilan, un prénom qui veut dire arbre dans la langue du Christ : un arbre arraché à la vie. Heureusement, pour nous délivrer un peu de cette actualité totalement cauchemardesque, qui donne du grain à moudre à ces sectes apocalyptiques qui prolifèrent de par le monde, il y a ce fameux rapport annuel de la Cour des comptes que son président, Philippe Seguin, vient de remettre au Président de la République. Devant cet étalage annuel des gabegies de l’Etat, comme chaque fois, on reste confondu. Et l’on comprend mieux pourquoi notre pays est endetté jusqu’au cou avec transmission de ce passif aux générations futures ! Puisque l’actualité est aussi faite des déboires de notre malheureux porte-avions Clemenceau, avec une facture qui —elle-aussi— va coûter la peau des fesses aux contribuables, restons donc dans le seul domaine maritime. Ainsi, le rapport de la Cour des comptes épingle vertement l’administration des TAAF. Pour ceux qui l’ignoreraient, les TAAF, ce sont les Terres australes et antarctiques françaises, le pays des manchots empereurs (voir le film à succès: “La marche de l’empereur”). Pour fêter le passage à l’an 2000, la dite administration a organisé une croisière à bord d’un navire de 120 mètres de long pouvant accueillir 110 passagers. Ce dernier, explique le rapport, est un petit paquebot à usages multiples, qui peut se transformer en cargo pour le transport de 4000 tonnes de marchandises, en pétrolier, en porte-hélicoptères ou encore en navire océanographique sophistiqué. Du 24 décembre 1999 au 10 janvier 2000, au large des îles Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, pendant l’été austral, 38 passagers (pas un de plus) ont effectué ce voyage dont... seuls 4 payants. L’ardoise de cette croisière dite «du millénaire» est évaluée à 503.000 euros, auxquels il convient d’ajouter 200.000 euros pour la perte de recette due à la gratuité offerte aux 34 passagers du “Marion-Dufresne-II”... Et plusieurs pages de ce journal ne suffiraient pas à citer les perles que comporte ce volumineux rapport de la Cour des comptes. Dont on se demande bien à quoi il sert, puisqu’il n’est suivi que de simples recommandations, mais non de sanctions. Toujours est-il, qu’il donne du travail à moult fonctionnaires. Ce qui après tout n’est pas mauvais pour les statistiques de l’emploi...