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Clichy-sous-Bois, La Courneuve, Sevran, Aulnay-sous-Bois, Bondy, Epinay, Le Blanc-Mesnil, Dugny, Le Tremblay, etc. Depuis le 27 octobre, nous avons appris —et de quelle façon— à découvrir la géographie de ce petit département de Seine-Saint-Denis, plus connu sous sa seule numérotation: le 9.3. Un département de la couronne parisienne, qui compte un nombre record de chômeurs, d’allocataires du RMI, de ghettos, de quartiers de non-droit, de trafics en tous genres et... de paraboles captant de certains pays les appels à la violence en direct. Question: quelle cité dite difficile va gagner à cet étrange concours de voitures brûlées, de déprédations de magasins, entrepôts, écoles, gymnases, foyers, et naturellement, d’interpellations et de comparutions au tribunal? Et pour ne pas être en reste dans cette surenchère, certaines villes de province qui se sentaient larguées dans cette compétition ont tenu à se joindre à cette sinistre chienlit. Que diriez-vous si, pour nous évader de cette très préoccupante actualité, l’on parlait… toutous-business? Ainsi on apprend que sur 200 m2, vient de s’ouvrir en plein centre de Paris (loin du 9.3 et ses problèmes) la première crèche… pour chiens. Celle-ci est calquée sur le modèle des crèches d’enfants (dont la capitale au demeurant manque si cruellement). Un concept importé bien entendu des States, et qui a connu immédiatement un franc succès. Et ce, malgré des prix qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Qu’on en juge : 65 euros la journée complète (8 h-20 h), 9,56 euros l’heure de garde ou 150 euros le week-end, sans compter le cas échéant le recueil du clébard à son domicile (17,94 euros) ou encore —le must— la formation de «chef de meute» avec un forfait de dix heures à 478,40 euros! Comme dans ces salles de gym ou de fitness qui fleurissent dans la capitale, Canicenter —c’est son nom— propose aux propriétaires de ces clebs de luxe des forfaits à l’année. Gym, promenade, jeux, repos, nourriture ad hoc, soins et conseils prodigués par des employés-éducateurs spécialisés en «canine attitude», on peut aussi y habiller de pied en cap son cher (c’est le cas de le dire) chien-chien. En effet, toute une gamme de vêtements «dogfashion», doudounes et colliers y est proposée. Après tout, avec 200.000 chiens dans la capitale (la France possédant le record européen du nombre d’animaux de compagnie «at home»), le marché semble prometteur et le créneau créateur d’emplois. Ce qui, par les temps qui courent, n’est pas à négliger. Une actualité canine, qui ne serait pas complète sans mentionner à proximité des fêtes de fin d’année, de l’arrivée sur le marché européen des «nintendogs» à la fois pokémons et tamagotchis : des chiots de synthèse que l’on dresse à la voix ou du bout de son stylet par l’intermédiaire d’une console DS. Cette dernière étant qualifiée par les spécialistes de tout simplement géniale. Avec ces chihuahuas, teckels ou labradors d’un genre nouveau, évidemment pas besoin de crèche, mais si l’on en croit le succès remporté par ces nintendogs aux Etats-unis et au Japon, le marché s’annonce également juteux. Vous en conviendrez, nous sommes bien loin des problèmes rencontrés par certains quartiers de nos banlieues, où une crèche à cabots tiendrait —et on le comprend—, face à l’absence d’horizon et au désoeuvrement qui y règnent, de la provocation. Quant aux nintendogs, si après tout ils pouvaient calmer les ardeurs bellicistes de tous ces jeunes, pourquoi le ministre des Affaires sociales et son collègue de l’Intérieur n’en préconiseraient-ils pas —via un budget spécial— la distribution gratuite?