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Accord Protéines : en rodage, le marché du blé fourrager patine

Des engagements en retrait par rapport à la normale

L'accord Protéines, signé par Intercéréales fin 2013, impose la mention d'une teneur en protéines du blé dans tous les contrats conclus entre organismes collecteurs et utilisateurs à compter du 1er juillet. Si cette notion est déjà largement intégrée dans le débouché meunier, c'est une nouveauté pour le marché du blé fourrager. Les représentants de la nutrition animale ont d'ailleurs formulé une proposition de barème de réfaction sur la base de l'addendum technique n°2 “blé tendre de meunerie” avec « un seuil de refus assoupli, passant de 0,5 point à 1 point d'insuffisance ». Cette proposition, qui sera débattue le 5 mai au sein du groupe de travail du Syndicat de Paris, « semble une bonne orientation », commente Edward-Hugues de Saint-Denis du cabinet de courtage Plantureux & Associés. Au-delà, « les débats sur le sujet tendent à se pacifier et la machine commence à se rôder, té-moigne-t-il. Le taux de conversion sur matière sèche (Nx5,7 – référence habituelle de la meunerie) a été intégré par tous.» Mais cette évolution contractuelle n'est pas sans effet sur le marché.

Les ventes sur la NR en repli de 20 à 30 % par rapport à la même période de 2013.

Des engagements en retrait par rapport à la normale

Si plus aucun contrat NR n'est traité sans mention d'un taux de protéines, du côté des Fab de l'Ouest, « la commercialisation traine », rapportent les opérateurs. « Les acheteurs ne sont pas forcément équipés pour faire les analyses et vérifier » que la marchandise correspond aux termes du contrat. Par ailleurs, « les vendeurs ne sont pas prêts à s'engager sans être sûrs de leurs disponibilités. Ils refusent d'être sanctionnés par des réfactions a priori et discounter des qualités qu'ils n'auront peut être pas. Ils préfèrent attendre de connaître le profil de leur récolte ». Par ailleurs, le choix du montant de la réfaction sera un nouveau facteur de compétition entre les OS, note un professionnel. Ces derniers n'ont pas de visibilité sur les choix de leurs concurrents et restent prudents. Au-delà, « les OS sont entre le marteau et l'enclume, avec des agriculteurs qui n'ont pas toujours porté au critère protéique une attention forte, notamment dans les zones aux blés traditionnellement déficitaires, souligne Edward-H. de Saint-Denis. Sans compter que certains doivent composer avec les contraintes de la directive Nitrates ». Résultat : « Le retard de commercialisation de la NR auprès des fabricants d'aliments atteint 20 à 30 % par rapport à la même période de 2013 » et le marché se segmente.

Charente Alliance renforce sa mobilisation autour du critère Protéines

Bénéficiant d'un terroir et de conditions pédoclimatiques favorables, Charente Alliance est concentrée sur l'exportation de blé meunier avec des taux de protéines élevés. « Nos adhérents sont donc déjà conscients de l'importance de la teneur en protéines », indique Agnès Buisson, responsable Communication. Suite à la signature de l'accord Protéines « nous avons néanmoins décidé de renforcer notre travail, notamment par la mise en place d'une grille de paiement » avec une bonification pour des lots à plus de 11,5 %, et de réfaction en dessous. « Reflétant les exigences du marché », ce système « rappelle que ce critère est essentiel » et permet de « valoriser les efforts ». Par ailleurs, les mesures seront menées sur chaque remorque pour des allotements plus fins et une gestion en temps réel. Renforcement aussi sur « l'accompagnement technique et agronomique ». Le conseil pour les apports azotés est basé sur des parcelles d'observations « pour intervenir au meilleur moment en fonction du type de terres et des variétés ». Ces initiatives visent à « renforcer le taux protéique moyen de nos blés, notamment pour faire face à la concurrence de la mer Noire. Pour continuer à exister à l'export, c'est la condition sine qua non ». Déjà sensibilisés, via les médias notamment, « les adhérents semblent comprendre la démarche ». « Mais on ne saura qu'après la récolte si tout s'est bien passé »… Tout dépendra aussi de la météo.

Distorsions de base inter-régionales

Des grandes tendances se dégagent selon les terroirs et leurs débouchés. De manière caricaturale, « sur la péninsule bretonne les contrats ont porté, sur le mois écoulé, sur des blés entre 10 % et 10,5 % base ou mini de taux de protéines sur matière sèche, avec un écart de prix de 1 à 2 €/t », précise Edward-H. de Saint Denis. Sur la zone Pays de Loire (Mayenne/ Sarthe à Vendée), terres plus favorables à des blés protéinés, le delta est, cette fois, « de 2 à 3 €/t. La proximité du port de La Pallice, rémunérant la protéine », contraint les fabricants d'aliments à payer davantage pour obtenir des blés “fourragers” de meilleure qualité et les OS « à se caler » sur le marché export. Conséquence : « on note une distorsion de prime entre la zone bretonne et des pays de la Loire sur le marché fourrager ». Dans le Sud-Ouest, marché de qualité, les contrats avec les Fab « portent essentiellement sur des blés à 10,5 % mini ». Et les Espagnols, « confiants sur la qualité des approvisionnements », ne demandent pas de précision contractuelle sur ce critère.

Dans le grand Centre, les quelques industriels de la nutrition animale locaux se seraient engagés sur des 10,5 % mini. De la région parisienne au Nord, bassin à large gamme de blés, le marché se segmente avec « de gros écarts de base ». Les prix s'échelonnent selon les grands débouchés : meunerie, amidonnerie, Fab et portuaire. Un vendeur apportant aujourd'hui « une garantie en matière de protéine sur ces débouchés va valoriser sa tonne entre 1 € et 5 € de plus ». Les Fab belges et néerlandais ont, eux, contractualisé « sans garantie sur la teneur en protéines ou avec des taux à 89 % », pour éviter toute surcote de prime.

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