La Mutuelle Familiale demande la mise en conformité de l’évaluation des pesticides
Dans une lettre ouverte datée du 28 novembre, Sylvie Ben Jaber, présidente de la Mutuelle Familiale, demande à François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, la mise en conformité des procédures d’évaluation préalable des pesticides et un audit sur les pesticides commercialisés afin d’évaluer leur toxicité.
Dans une lettre ouverte datée du 28 novembre, Sylvie Ben Jaber, présidente de la Mutuelle Familiale, demande à François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, la mise en conformité des procédures d’évaluation préalable des pesticides et un audit sur les pesticides commercialisés afin d’évaluer leur toxicité.

Dans une lettre ouverte au ministre de la Santé, la présidente de Mutuelle Familiale, Sylvie Ben Jaber écrit : « l'épidémie de maladies chroniques menace la pérennité du système de santé et de protection ». Elle argumente : « Les données du régime général sur la période de 2003 à 2019 sont particulièrement inquiétantes, puisqu’elles indiquent respectivement pour les groupes 0-19 ans, 20-39 ans et 40-59 ans :
- Une augmentation de 47 % ; 46 % et 37 % pour les maladies cardio-vasculaires,
- Une augmentation de 71 %, 83 % et 48 % pour le diabète,
- Une augmentation de 18 %, 30 % et 12 % pour le cancer.
Pour chacune de ces maladies, le lien avec l’exposition à des substances chimiques du quotidien est de plus en plus documenté. C’est notamment le cas des pesticides qui touchent à la fois des agriculteurs et les simples citoyens et consommateurs ».
Différentes études citées
La lettre mentionne ensuite les différentes études sur lesquelles s’appuie la Mutuelle Familiale : « L’expertise de l’Inserm, mise à jour en 2021, met en exergue les effets néfastes des pesticides sur la santé des professionnels mais aussi de la population générale pour lesquels un lien de présomption fort est établi. Dans le milieu agricole, 20 à 25 % des décès sont liés aux cancers, avec le développement de certains cancers beaucoup plus important que dans le reste de la population, à l’instar du cancer de la peau ou de la prostate. Les résultats de l’étude Agrican, présentés au colloque international du consortium AGRICOH en juillet dernier, démontrent que l’utilisation des pesticides est responsable de ces cancers ».
« Un déficit grave d’évaluation des pesticides avant leur mise sur le marché »
« Force est de constater que le plan Ecophyto 2018, censé réduire de 50 % en dix ans le recours aux pesticides en France, est un échec puisque cette consommation a augmenté entre 2009 et 2018 de 25 %. Mécaniquement, l’exposition aux risques liés à l’exposition à des substances chimiques contenues dans les pesticides s’est donc accrue depuis 2018 », affirme ensuite Sylvie Ben Jaber.
Elle déplore par ailleurs un « déficit grave d’évaluation des pesticides avant leur mise sur le marché » argumentant que « la campagne Secrets Toxiques, lancée par l’alliance de 60 organisations (initiée par Nature et Progrès, Générations futures et Campagne Glyphosate France, ndlr), a révélé en 2021 de graves problèmes dans l’application de la loi sur l’homologation des pesticides... ».
« Des tests sommaires »
Elle poursuit : « En 2019, la Cour de justice européenne a établi que les « tests sommaires » concernant la toxicité des pesticides dans leur formulation commerciale sont insuffisants pour répondre aux exigences de la réglementation ».
En s’appuyant sur ces différents points, la Mutuelle Familiale enjoint le ministre de la Santé et de la Prévention à « mettre en conformité les pratiques des agences (Anses et Efsa) avec les exigences du règlement européen REACH et de diligenter un audit sur des pesticides déjà autorisés afin de déterminer si leur toxicité réelle a été effectivement sous-estimée ».