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La génétique caprine aux Pays-Bas

La commission internationale de Capgenes est allée voir en Hollande comment nos voisins néerlandais sélectionnaient leurs chèvres. Comparaisons et analyses avec Olivier Danel.

Malgré le Covid, Capgenes a exporté l’an dernier plus de 16 000 doses de semences caprines dans le monde à un prix moyen de 7,80 euros. L’organisme et entreprise de sélection a aussi accompagné la commercialisation de 2 600 reproducteurs caprins français. Pour mieux connaître son marché, des éleveurs, techniciens et vétérinaires français, italiens et suisses sont partis quelques jours étudier la génétique caprine aux Pays-Bas sous la houlette d’Evolution International.

« Sur les 400 000 chèvres néerlandaises, environ 80 000, soit 20 %, sont au contrôle laitier », explique Olivier Danel, éleveur caprin des Deux-Sèvres et président de la commission internationale de Capgenes. Selon Elda, le contrôle laitier néerlandais, 40 000 chèvres sont contrôlées toutes les six semaines à des fins génétiques et 40 000 le sont deux fois par an à des fins zootechniques. « Les éleveurs néerlandais sont largement mis à contribution puisque les Tru-test sont déposés par Elda dans les élevages. Puis, c’est à l’éleveur d’installer ses appareils et de faire lui-même la mesure de quantité de lait et la prise d’échantillon, le soir puis le matin ». L’enregistrement se fait sur papier ou à l’aide d’un boîtier de lecture de puces. À ces mesures de production laitière (lait, taux, cellules, urée) , un pointage est réalisé sur 500 chèvres et boucs. « Il s’agit d’une note corporelle basée sur les standards internationaux. Mais cela reste une note de conformation propre à l’individu, contrairement à notre IMC qui va représenter pour nos boucs ce qu’ils sont capables de transmettre en termes de morphologie à leurs filles », observe Olivier Danel.

À Rijen, à une dizaine de kilomètres de la frontière belge, le centre de production de semence Geiten KI Nederland (GKN) accueille une quarantaine de mâles. « Ils sont de races Saanen, Anglonubien, Toggenburg ou Alpin mais la plupart sont des boucs issus de croisements que les Néerlandais appellent race "chèvre laitière" ou "grosse blanche". Comme ils utilisent de la semence française, environ 15 à 20 % ont un père français. »

L’institut pour l’insémination artificielle des chèvres GKN programme des accouplements pour la sélection. Sur 500 chèvres au départ, la moitié est exclue à cause d’une génétique trop proche de la génétique présente. « Comme peu d’élevages fournissent des boucs, ils doivent être très vigilants car il peut y avoir de vrais soucis de consanguinité », confirme Olivier Danel. L’accouplement programmé n’est réalisé qu’avec une connaissance minimum de la généalogie allant jusqu’aux grands-parents et une note morphologique uniquement de la mère. Une analyse sanguine est réalisée sur environ 10 % des chèvres du troupeau pour s’assurer du statut indemne vis-à-vis des abcès caséeux, du Caev et de la paratuberculose. Entre 15 et 25 boucs sont achetés chaque année à quelques jours d’âge. Les boucs sont testés sur la production de semence. « Ils reçoivent également une note corporelle qui est une appréciation de l’orientation d’un animal à partir de caractère morphologique ».

Chaque année, environ 10 000 chèvres sont inséminées, à 90 % en frais. La semence fraîche permet une fertilité de 65 à 70 % alors qu’elle stagne à 50 % en congelée. « Les Néerlandais étaient d’ailleurs intéressés par nos résultats de fertilité et cela pourrait aboutir à de la formation d’inséminateurs ».

La sélection caprine néerlandaise vise des animaux qui produisent un maximum de lait sur leur carrière. D’ailleurs leur index laitier est basé sur 730 jours et non 250 jours comme en France. « Les éleveurs néerlandais cherchent à réduire au maximum les jours improductifs, explique Olivier Danel. Un tiers des chèvres ne seraient pas taries et les lactations longues sont très développées ». Coté morpho, les éleveurs apprécient des mamelles avec de bonnes attaches et des animaux de grande conformation.

Avis d’éleveur : Olivier Danel, éleveur caprin des Deux-Sèvres et président de la commission internationale de Capgenes

« La génétique française a de nombreux atouts à partager »

« Notre génétique française est sans doute la meilleure mondiale. Nos index sont basés sur une collecte de données très importantes dans des élevages avec des systèmes très différents. Nos index morphologiques ne sont pas qu’une note de conformation mais il se base sur l’ensemble des pointages des animaux ayant des liens de parentés. Notre offre génétique permet une forte production de lait et, surtout, de matière protéique. Enfin, le développement de la génomique nous permet de sélectionner plus rapidement et sur d’autres caractères. Cependant, nous aurions tout intérêt à collaborer davantage avec la génétique néerlandaise. Déjà pour harmoniser les collectes de données, avoir une même base et des index communs. Nous devrions aussi échanger davantage sur les pratiques. Nous pouvons leur apporter de la technique sur les pratiques de l’IA pour améliorer leur fertilité. Ils peuvent nous apporter des éléments concernant la gestion des lactations longues car ils sont confrontés depuis très longtemps à la non-valorisation voir la perte économique que représentent les chevreaux. Enfin, nous devrions collaborer davantage sur la vente de semence car ils ont des races que nous n’avons pas en France et sur laquelle il peut y avoir de la demande, l’Anglonubien notamment. »

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