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La filière levure et la filière éthanol en désaccord sur les coproduits sucriers français

La Chambre syndicale de la levure française reproche à la filière éthanol française de ne pas fournir assez de coproduits du sucre, matière première cruciale pour la fabrication de levures. Ceci, en raison de l’utilisation de cet ingrédient à des fins non alimentaires pour la production d’éthanol. « Désinformation et contre-vérités », répond la filière éthanol, pour qui le véritable sujet de ces substrats sucrés est celui des prix pratiqués et de la concurrence internationale déloyale.

© Lallemand

Diane Doré est secrétaire générale de la CSFL, la chambre syndicale française de la levure. Sur le blog du think tank d’AgriDées elle explique que « les levures sont de véritables trésors aux innombrables bienfaits ! ». Révélés par Pasteur dès 1850, ces champignons unicellulaires de la souche « saccharomyces cerevisiae » sont naturels et essentiels à la fermentation, étape primordiale de la fabrication du pain, du vin, de la bière…  Pour fabriquer des levures, les coproduits du sucre sont un ingrédient crucial.

La filière française de la levure déplore des difficultés d'approvisionnement en coproduits du sucre

Récemment, la chambre syndicale de la levure a alerté sur « les difficultés qu'elle rencontre depuis plusieurs mois en matière d'approvisionnement en coproduits sucriers » et dont serait responsable la filière éthanol française. Cette « matière première » de la levure, explique la chambre syndicale dans son communiqué, « est de plus en plus utilisée pour la production de bioéthanol en France. Cet usage non alimentaire des cultures bloque le secteur de la levure, qui doit déjà importer plus d'un tiers de ses besoins en coproduits de sucre ».

La filière levures demande donc « le soutien des pouvoirs publics pour garantir ses approvisionnements en France de coproduits du sucre à partir de betteraves françaises ». Les dernières lois de finances ont « mis un coup d'accélérateur » pour inciter à l'incorporation de certains de ces résidus dans le bioéthanol, estime Diane Doré. Alors que la part des essences mises sur le marché bénéficiant d'une exonération fiscale a doublé en France en 2020, elle redoute un nouveau doublement en 2021.

La filière betterave-sucre-éthanol réagit aux « affirmations contestables » de la CSFL

La filière betterave-sucre-éthanol n’est pas de cet avis et sa réponse ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué daté du 10 juin, elle parle de « désinformation et contre-vérités ». Le communiqué commun de la CGB (betteraviers) et du SNPAA (producteurs d’alcool) affirme qu’il est « totalement erroné de laisser entendre que le bioéthanol se développerait au détriment de notre souveraineté alimentaire ». Et d’ajouter : « Les sucriers français livrent régulièrement les volumes (de mélasse et autres substrats sucrés, NDLR) demandés par l’industrie de la levure et les autres industries de la fermentation. » Les deux organisations soutiennent que la production d’éthanol à partir des mêmes substrats reste « inchangée depuis plus de 10 ans, tout comme la production globale d’alcool agricole ». Pour la CGB et le SNPAA, si les levuriers font croire à une pénurie c’est qu’ils tentent « d’obtenir, pour les mélasses et autres substrats sucrés, des prix très bas, comparables à ceux qui se pratiqueraient en Russie ou en Chine où les standards de production et environnementaux ne sont pas les mêmes qu’en Europe ». Une hypothèse qui « conduirait à devoir payer les betteraves très en dessous des prix de revient des agriculteurs français. »

Pour la filière betterave-sucre-éthanol, « la filière française de la levure se trompe de combat », car « la véritable bataille est celle des concurrences internationales déloyales ».

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