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« La féverole extrudée améliore l'autonomie protéique de mon élevage de porcs »

Depuis un an, Pascal Josse valorise la féverole qu’il cultive sur ses terres dans la plupart de ses formules d’aliments, grâce au procédé d’extrusion proposé par Tromelin Nutrition.

Sélectionneur piétrain Axiom à Augan dans le Morbihan, Pascal Josse a noué un partenariat avec la société finistérienne Tromelin Nutrition pour valoriser sa féverole via sa fabrique d’aliments à la ferme grâce à un process d’extrusion développé par le fabricant d’aliment industriel.

Les graines récoltées sur son exploitation sont livrées chez Tromelin. Elles lui sont restituées en cours d’année selon ses besoins sous la forme d’un produit commercial appelé Evopro 29. Ce produit est constitué à 80 % de sa féverole extrudée, et de 20 % de graine de soja française extrudée.

« Contrairement à la graine crue que j’incorporais uniquement dans mes aliments charcutiers, j’utilise l’Evopro en tant que matière première dans presque tous les aliments que je fabrique : truie allaitante, porcelet 2e âge, nourrain, croissance et finition. Seul l’aliment de gestation dont les niveaux protéiques sont faibles et le 1er âge que j’achète n’en contiennent pas », explique l’éleveur.

Toute la récolte de féverole est valorisée

« Je l’incorpore à des taux compris entre 10 et 15 % selon la formule.

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Formules d’aliment utilisées à la SCEA JosseLe concentré protéique extrudé à base de féverole est incorporé entre 10 et 15% dans les aliments. © Eleveur

Je peux ainsi valoriser l’ensemble de ma récolte dans l’alimentation de mes animaux, et mes achats de tourteau de soja ont baissé de moitié », poursuit Pascal Josse.

Par rapport à des formules ne contenant que du tourteau de soja en matière première protéique, Gérard Grall, responsable de l’activité porc à Tromelin Nutrition, a calculé un surcoût d’environ 1 % selon les formules sur la campagne 2023-2024. « Ce surcoût est largement compensé par des gains techniques à tous les stades de production, affirme l’éleveur. En maternité, la consommation de mes truies a augmenté d’un kilo par jour en fin de lactation, ce qui est un avantage considérable pour des animaux piétrains qui disposent de peu de réserves corporelles. »

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Davantage d’énergie dans la féverole extrudée grâce à la cuisson de l’amidonCaractéristiques nutritionnelles de la féverole crue et extrudée © valeurs matricielles Tromelin Nutrition

Grâce à ce gain de consommation, le taux de fécondation est passé de 93 à 98 %, toutes choses égales par ailleurs. L’appétence de la graine extrudée se constate également en engraissement, avec un âge à 100 kilos qui a baissé de deux jours, passant de 135 à 133 jours grâce à une augmentation de la consommation. Les quelques désordres digestifs constatés auparavant en début d’engraissement probablement liés à l’utilisation de la graine crue, selon l’éleveur, ont disparu.

Le taux de pertes sevrage-vente, déjà très bas (3,3 %) est passé à 2,2 %. « Avec une activité de sélection, ce gain marginal a une incidence importante sur le revenu de l’exploitation », souligne l’éleveur.

Une tête d’assolement idéale

La féverole est cultivée depuis douze ans sur l’exploitation. « Je l’utilise en tête d’assolement en alternance avec le colza et avant un blé et une orge. C’est une culture très propre, qui draine bien le sol grâce à ses racines profondes, et qui procure un reliquat d’azote non négligeable pour la culture suivante ». De plus, en 2023, c’est la culture qui a dégagé la meilleure marge brute, avec un rendement de 50 quintaux à l’hectare.

Depuis la construction de sa fabrique d’aliments en 2016 et l’acquisition de surfaces cultivables, Pascal Josse s’est donné pour objectif d’atteindre l’autonomie alimentaire. « Je suis déjà autonome à 90 % en céréales. La féverole extrudée couvre la moitié de mes besoins en matières premières protéiques. L’idéal serait de trouver un process permettant de valoriser mes graines de colza », espère-t-il. Un nouveau défi pour Tromelin Nutrition ? « Pourquoi pas ? », conclut Alexandra Klouytten, responsable développement à Tromelin Nutrition.

Une matière première appétente et plus digestible

Tromelin Nutrition a investi en 2019 dans une tour d’extrusion afin de valoriser les protéagineux et oléagineux locaux.

L’extrusion consiste à forcer la graine de féverole à passer au travers d’un conduit cylindrique de petite dimension grâce à une ou plusieurs vis.

La durée du passage est très courte (de 20 à 60 secondes). Elle se fait à une température comprise entre 100 et 200 °C, et à très forte pression (50 à 150 bars). En sortie de la filière, la chute brutale de la pression provoque le gonflement du produit. Ce traitement améliore la digestibilité de l’amidon et des protéines de la féverole jusqu’à 20 %, ainsi que l’élimination des facteurs antinutritionnels.

Des essais réalisés en élevage par Tromelin Nutrition ont démontré que l’incorporation jusqu’à 15 % du mélange commercial Evopro 29 (80 % de féverole extrudée + 20 % de soja français extrudé) dans un aliment porcelet 2e âge en substitution d’une partie du tourteau de soja ne dégrade pas les performances techniques en post-sevrage (indice de consommation, croissance, mortalité). Les conclusions sont les mêmes en engraissement avec des taux d’incorporation identiques, et le remplacement total du tourteau de soja par l’Evopro 29 associé à des tourteaux secondaires (colza ou tournesol).

L’impact carbone des aliments est réduit

« L’amélioration de la digestibilité par l’extrusion combinée à une meilleure appétence nous a conduits à créer une gamme d’aliments contenant une part importante de matières premières extrudées, indique Gérard Grall, responsable de l’activité porc à Tromelin Nutrition. Aujourd’hui, ces aliments représentent 80 % de nos ventes de 2e âge et 70 % des ventes de truies allaitantes. »

L’origine locale de la féverole extrudée permet également de réduire de 20 à 25 % l’impact carbone des aliments, et de baisser de moitié le tourteau de soja importé dans les formules. « Les éleveurs sont sensibilisés et sont prêts à évoluer sur ce sujet », estime-t-il. « Cependant, les filières ne peuvent pas le valoriser, notamment dans les aliments d’engraissement, faute d’un label bas carbone porc », regrette Alexandra Klouytten

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