Aller au contenu principal

La fermeture du marché d’Arras va affaiblir l’élevage régional

La communauté urbaine d’Arras a récemment annoncé son intention de fermer son marché aux bestiaux. Pour les négociants en bestiaux de la région, cette décision va impacter toute la filière d’élevage. Entretien avec Henri Ducrocq, président régional de la Fédération française des commerçants en bestiaux des Hauts-de-France.

© A.Pennichou

La fermeture du marché de bétail vif d’Arras est annoncée comme imminente. Pouvez-vous en dire davantage ?

H. D. - J’avais eu il y a environ un an des bruits de couloir de fermeture. En juin, j’ai été convoqué avec plusieurs autres utilisateurs du marché à une réunion à laquelle participaient le vice-président de la communauté urbaine et son chargé de mission économique, lesquels nous ont fait part de leur souhait de fermer le marché. Depuis, sans avoir à ce jour (NDLR : le 8 novembre) reçu de courrier de leur part, nous avons appris par la presse que cette décision a été actée en septembre.

Par un courrier, je leur ai fait part de ma surprise quant à cette décision et sur la façon pour le moins cavalière dont nous avons été tenus informés de l’avancement de ce dossier. Nous n’avons jamais été consultés. Si nous avions été prévenus longtemps à l’avance, nous aurions pu envisager des solutions de repli.

Les installations de ce marché sont-elles toujours fonctionnelles ?

H. D. - Le marché d’Arras a été construit il y a 35 ans. C’est un outil magnifique qui avait été très bien conçu. Il permet d’accueillir jusqu’à 1 200 bêtes et demeure très fonctionnel, tant pour les animaux que pour la circulation des véhicules. Ouvert le jeudi matin, il reste un marché de marchands même si quelques engraisseurs locaux viennent s’y approvisionner. Il est situé dans une zone industrielle et les surfaces occupées (près de 4 ha) ont bien entendu une certaine valeur. C’est une première explication à la décision prise par la communauté urbaine.

Le recul des apports (1) est-il une autre explication ?

H. D. - 2020 a été une année particulière du fait des confinements avec plusieurs semaines de fermeture alors que d’autres marchés sont restés ouverts. Mais depuis un an, il y a davantage d’apports avec en particulier une nette progression pour les animaux destinés à l’engraissement.

Pour les animaux de boucherie, il y a quelques laitières mais ce sont en grosse majorité des animaux de race à viande. Bon nombre d’entre eux proviennent de la Somme, du Nord, du Pas-de-Calais et un peu des Ardennes, de l’Oise et de Normandie. Il y a une certaine diversité dans les races, âges et catégories qui oblige à faire pas mal de petits lots. C’est pour cela que l’on a besoin d’un marché de gré à gré. Il serait par exemple totalement inenvisageable d’opter pour un cadran. Cela prendrait beaucoup trop de temps. Si demain certaines catégories de bovins ne peuvent plus être revendues sur ce marché de gré à gré, elles perdront forcément de la valeur et seront moins bien valorisées en ferme. Nous sommes une bonne quarantaine de négociants à être présents tous les jeudis matin. Pour ma part, environ 20 % de mon activité passe sur ce marché.

Comment envisagez-vous la suite ?

H. D. - Notre urgence est l’obtention d’un délai supplémentaire pour continuer à utiliser le site actuel. Nous souhaitons un report quant à cette décision de fermeture en fin d’année de façon à trouver une solution de repli, laquelle ne peut évidemment pas être trouvée en quelques semaines. Certains collègues sont passablement agacés par la façon dont le dossier est traité par la communauté urbaine d’Arras et sont prêts à bloquer cette agglomération.

Il est inenvisageable de nous replier sur les seuls autres marchés régionaux. Rethel dans les Ardennes est à pratiquement 200 kilomètres. Le Cateau-Cambrésis dans le Nord est peu pratique avec des installations un peu obsolètes. Forges-les-Eaux en Seine-Maritime est lui aussi bien éloigné. Un nouveau site doit se réfléchir par rapport au réseau autoroutier. Faire 70 kilomètres sur des routes départementales pour amener des animaux sur un marché est compliqué. 120 kilomètres sur autoroute ne posent guère de difficultés. On réfléchit à différentes solutions. On a évidemment alerté les responsables politiques locaux. À nous d’étudier un nouveau projet avec eux.

(1) Passés de 17 634 têtes en 2013 à 14 830 en 2019 puis 10 409 en 2020.

Les plus lus

« Avec ce siège d'écornage, la tête du veau est bien maintenue. Les mouvements avant-arrière sont limités par une ficelle qui passe derrière la tête. Celle-ci se ...
Astuce d’éleveur : une contention rapide pour parer ses vaches et écorner les veaux à son rythme

Olivier et Jean-Paul Pageot, situés à Aisy-sous-Thil en Côte-d’Or, regorgent d’idées pour gagner en efficacité et en confort…

Dans les élevages mixtes allaitant-équin, la troupe type est de 6,5 juments et le ratio atteint 1 poulinière pour 19 vaches.
Vaches allaitantes et chevaux de trait, la symbiose originale du Massif central

Les élevages de chevaux de trait du Massif central sont pour moitié associés aux bovins allaitants. Si la passion des éleveurs…

élève femme formation bovins viande
Formation CS conduite d’un élevage bovin viande : « Ici, on n’a pas de profs, on a des pros »

Découvrir, comprendre, pratiquer, pour se spécialiser dans l’élevage bovin viande : tels sont les objectifs du certificat…

Eleveur bovin dans une prairie avec ses vaches. Grâce aux chèvres, chardons et rumex sont maîtrisés au Gaec de Brantadé, illustrant la complémentarité entre bovins et ...
Atelier complémentaire : « Caprins et bovins s’accordent pour exploiter pleinement la ressource en herbe »

Sébastien et Vanessa Vétil, en Ille-et-Vilaine, tirent le plein parti de leurs prairies avec leurs troupeaux de vaches…

Concours national parthenais 2024 en Mayenne
Génétique : la race parthenaise investit la Mayenne pour son concours national

À l'occasion de la traditionnelle fête de la Madeleine, qui s’est tenue du 19 au 22 juillet 2024, la race parthenaise…

Benoit et Jean-Louis Théron, éleveurs bovins de limousines dans le Cantal, ont fait d'une pierre deux coup en clôturant le PTD avec les châtaigniers.
Atelier complémentaire : « Nous améliorons l’autonomie alimentaire grâce à l’introduction de châtaigniers et du maraîchage »

Le Gaec élevage Théron, dans le Cantal, gagne en temps de pâturage depuis l’installation sur l’exploitation de châtaigniers et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande