Zones de non traitement
Tempête médiatique autour de la distance à respecter entre parcelles traitées et habitations
5 m, 10 m, 150 m ? Quelle distance faut-il instaurer entre une parcelle agricole traitée et les habitations ? Quelle largeur doit avoir cette zone de non traitement ? La largeur d’un chemin pour le gouvernement et les professionnels. Celle d’une large bande de terrain pour les maires frondeurs et les écologistes. Un projet de décret est en consultation. Une chose est sûre : pour faire le buzz sur les réseaux sociaux, trois lettres suffisent. #ZNT
5 m, 10 m, 150 m ? Quelle distance faut-il instaurer entre une parcelle agricole traitée et les habitations ? Quelle largeur doit avoir cette zone de non traitement ? La largeur d’un chemin pour le gouvernement et les professionnels. Celle d’une large bande de terrain pour les maires frondeurs et les écologistes. Un projet de décret est en consultation. Une chose est sûre : pour faire le buzz sur les réseaux sociaux, trois lettres suffisent. #ZNT
L’initiative du maire de Langouët en Ile-et-Vilaine a amorcé le mouvement. Désormais, 46 communes « ont pris des arrêtés pour encadrer, voire interdire complètement l’usage des pesticides de synthèse chimique et du glyphosate sur leur territoire ». Telles sont les conclusions d’une enquête réalisée par France Inter. « Des maires de droite ou de gauche, dans toutes les régions », analyse la chaîne de radio.
La journaliste Géraldine Woessner, qui suit ce sujet de près et réagit largement sur Twitter, signe un article dans Le Point, revient sur le ralliement du maire d’Epron dans le Calvados au groupe des élus anti-pesticides. Elle donne aussi l’avis d’Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA qui rappelle qu’il s’agit d’une « fronde d’une toute petite minorité de maires » qui « s’offrent un buzz médiatique sur le dos des agriculteurs. »
5 à 10 m pour le gouvernement, 150 m pour les maires frondeurs
La zone de 150 m non traitée près des habitations rassemble peut-être des élus de couleur différente mais elle divise aussi.
Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, assurait sur Europe 1 le 4 septembre qu’une zone de 150 mètres serait une « folie ». Et de tirer la sonnette d’alarme sur l’artificialisation des terres que cela engendrerait. Si les traitements sont interdits, ces zones deviendraient des zones de non culture.
Avis confirmé sur France Inter par un producteur invité au Téléphone sonne sur France Inter le 9 septembre. Avec des bandes de 150 m, « j’arrête ma production », assure cet agriculteur qui cultive pourtant en bio. « J’applique du cuivre et du soufre », explique ce professionnel. Oui, même en bio, il peut être nécessaire de sortir le pulvérisateur !
Didier Guillaume se dit donc favorable à une « zone d’exclusion » de 5 à 10 m et c’est ce qu’a proposé le gouvernement par décret soumis à consultation le 9 septembre. 5 m, pour les champs et cultures basses, 10 m pour les cultures hautes. Des distances qui se basent sur les recommandations de l’Anses. La consultation doit durer trois semaines semaines sur les sites du ministère de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique.
Ce décret s’appliquerait dans les départements n’ayant pas mis en place de charte fixant les règles de protection à l’égard des riverains en matière d’usage de produits phytosanitaires. Une charte prévue par la loi EGAlim avec une mise en application à partir du 1er janvier 2020.
Pour Yannick Jadot, cette proposition d'une distance de 3 à 10 m est « totalement dingue ». Au micro d’Europe 1, le député écologiste européen d’EELV n’a pas mâché ses mots et ses propos sont repris dans le Figaro, qui comme la plupart des médias, s’intéressait de près à la question ce lundi 9 septembre. L’article rapporte aussi la réponse du ministre aux écologistes, apportée le 7 septembre sur RTL. Au micro de la chaîne de radio, Didier Guillaume a rappelé que « nous sommes le premier pays en Europe à mettre en place des zones de non traitement devant les habitations. » Et d’enfoncer le clou : « S’il fallait amputer les champs français de 150 m partout, entre 20 et 30 % de la surface agricole cultivée serait amputée. »
Sur Twitter, Ségolène Royal, ancienne ministre de l’Environnement, prend part au débat et prend l’annonce du gouvernement pour une « plaisanterie ». Pour elle, on est loin du compte puisque « la distance indiquée aux préfets était de 50 à 150 m ». Faux, répond la journaliste Géraldine Woessner. On est décidément en pleine polémique.
Sur les réseaux sociaux, Twitter en particulier, les réactions et commentaires vont bon train. #ZNT
Lire aussi Les pesticides près des habitations de moins en moins tolérés près des habitations
Les arrêtés anti-pesticides près des habitations ne sont pas réglementaires
dans L'Agriculteur normand : Qui nourrira les habitants d'Epron (14) et de la France demain ?
dans la Haute-Loire paysanne : Consultation sur la distance entre champs traités aux pesticides et habitations
et dans l'Action agricole picarde : ZNT - Un sujet d'urbanisme, pas un problème agricole !
Voir également en replay l'émission C dans l'air du 10 septembre sur France 5 : Riverains/Agriculteurs - La guerre des pesticides