Maël Alric à Saint-Izaire en Aveyron
« Jeune éleveur de brebis laitières, je cours toujours vers mes rêves… »
Installé éleveur de brebis laitières depuis 2017 au sein du Gaec du Salze, Maël Alric, 30 ans, n’oublie pas son objectif de qualification pour les championnats du monde de duathlon.
Petit-fils et fils d’agriculteurs, je ne me voyais pas m’installer, ou du moins, pas à 27 ans. Passionné de sport, et poussé par une envie de médailles, j’ai suivi un cursus scolaire alliant sport de haut niveau et études scientifiques me destinant à devenir kinésithérapeute. Après plusieurs blessures, j’ai dû revoir mes projets de vie. Au moment de l’installation de la fromagerie à la ferme, en 2011, je suis venu prêter main-forte à mes parents sur la ferme tout en gardant un emploi de surveillant au lycée d’Albi, puis de La Cazotte, à Saint-Affrique. En 2015, je me suis décidé à m’installer avec mes parents avec l’envie d’améliorer les conditions de travail en fromagerie et en bergerie, avec notamment l’installation d’un séchage en grange. N’ayant pas de formation agricole, j’ai passé mon BPREA au CFPPA de La Cazotte, ce qui m’a permis de découvrir d’autres pratiques et d’approfondir mes connaissances en dehors de la ferme familiale, notamment d’autres méthodes de travail du sol et le soin aux brebis grâce aux huiles essentielles.
« Mon rêve est de porter le maillot de l’équipe de France en continuant à m’occuper de mes brebis »
Notre ferme compte aujourd’hui 60 hectares, convertis en agriculture biologique en 2013 et 210 brebis laitières, certifiées AB en 2015. Nous livrons une partie de notre lait pour Roquefort Papillon et le reste est transformé à la ferme. Nous produisons principalement des tommes et des yaourts, mais également de la recuite et des fromages frais. En m’installant dans le Gaec familial, je ne voulais pas renoncer à mes rêves de compétitions et de médailles. Avec l’aide de mes parents, j’arrive à me libérer du temps pour assister aux stages et aux préparations pour les championnats, mais également pour m’entraîner quotidiennement au duathlon qui alterne course à pied, cyclisme puis de nouveau course à pied.
Cela demande beaucoup d’organisation et mes journées sont plutôt intenses. En général, je me lève pour la traite à six heures, puis je passe la matinée à la fromagerie ou dans la bergerie. L’après-midi, s’il n’y a pas de travail aux champs ou dans la bergerie et que le temps le permet, je pars faire un circuit à vélo. Lorsque je le peux, je pratique la natation afin de soulager mon corps qui est aussi mon outil de travail. Occasionnellement, je peux me lever à 4h30 pour m’entraîner avant de traire. Dans tous les cas, mes entraînements sont organisés de manière à déséquilibrer le moins possible le travail à la ferme.
Par rapport à un autre sportif, ma contrainte principale est le manque de récupération. Je suis conscient que mon parcours de sportif de haut niveau combiné à mon activité d’éleveur n’aurait pas été possible sans le soutien de mes parents. Jusqu’à présent, je n’ai aucun regret : j’ai la chance de travailler sur la ferme avec mes parents, je fais le métier que j’ai appris à aimer, et je garde l’espoir de pouvoir un jour porter le maillot de l’équipe de France.
Les 50 ans de la Cazotte
Le lycée agricole La Cazotte, à Saint-Affrique dans l’Aveyron, fête ses 50 ans en 2020. Aujourd’hui, les 600 élèves du lycée agricole, du CFPPA ou du CFA s’y forment à l’élevage ovin, l’élevage équin ainsi que les sports équestres, l’élevage en agrobiologie et l’horticulture. La Cazotte dispose pour cela d’une exploitation de 220 hectares, tournée vers la production de lait de brebis. Elle compte ainsi une troupe de 600 brebis de race Lacaune traites d’octobre à juillet pour une production moyenne de 300 litres par brebis. Ce troupeau laitier permet également la production d’environ 400 agneaux chaque année. Ces agneaux sont engraissés sous l’appellation CCP Prince agneaux. La ferme de La Cazotte est aussi un site expérimental majeur de la filière ovine laitière, que ce soit sur l’alimentation, la traite, la reproduction, l’élevage de précision, la santé, ou l’adaptation au changement climatique. À l’occasion des célébrations de ses 50 ans, elle a d’ailleurs renouvelé ses partenariats avec France brebis laitière, le Comité national brebis laitières et l’Institut de l’élevage. Après une table ronde et des conférences début octobre sur l’élevage ovin laitier, l’anniversaire se poursuivra en décembre sur le thème du bio, puis du cheval en avril 2021, avant les retrouvailles d’anciens élèves en juin prochain. Si la situation sanitaire le permet…