« Je pèse mes bovins en mouvement avec un plateau peseur »
Les nouvelles technologies sont pour Jean-Michel Poirier, qui élève 150 mères limousines avec son père, un moyen de gagner en temps et en efficacité. Il a acquis en 2019 une balance permettant une pesée de ses bovins sans les immobiliser.
Les nouvelles technologies sont pour Jean-Michel Poirier, qui élève 150 mères limousines avec son père, un moyen de gagner en temps et en efficacité. Il a acquis en 2019 une balance permettant une pesée de ses bovins sans les immobiliser.
« Je n’ai pas pu m’installer avec mon père. J’ai donc repris une exploitation sur Soudan, en Loire-Atlantique à 15 kilomètres de la ferme paternelle, située à Martigné-Ferchaud, en Ille-et-Vilaine. On travaille tout de même ensemble et notre objectif commun est de ne pas employer de salariés. Je m’intéresse par conséquent aux différentes technologies qui offrent gain de temps et rentabilité », explique Jean-Michel Poirier, à la tête d’un troupeau de 50 mères limousines conduites en agriculture biologique.
Aussi, lorsque l’éleveur a découvert, lors d’une visite au Space, le système de pesées en mouvement de la société Cima SRL, il a tout de suite adhéré au principe. « Je voulais trouver un outil de pesées simple d’utilisation me permettant à la fois de contrôler les performances des animaux et d’avoir un suivi pour leur vente. » Il s’est doté de ce système en 2019. Une première en France. À l’époque, ce plateau peseur développé pour la pesée sans contention des porcs, était encore en phase de test en bovins.
Un suivi précis des veaux
Au départ, l’éleveur équipé d’une bascule traditionnelle, doublait toutes les pesées par souci de vérification. Aucune différence de poids n’ayant été mis en évidence, il a vite opté pour le plateau peseur sans arrêt, autrement dit sans immobilisation des animaux lors de la pesée. Ils passent ainsi dessus les uns après les autres, sans être bloqués. Une fois descendus du plateau, le poids fixe est enregistré dans l’indicateur avec la date et l’heure. « Ils ne sont donc pas stressés. Auparavant, je ne contrôlais pas le poids de tout le cheptel. Aujourd’hui, tous les animaux qui rentrent dans le parc de contention passent sur le plateau », observe l’éleveur.
Les veaux sont tous pesés à la naissance avec un peson. À dix jours de vie, ils reçoivent un vaccin contre la grippe, l’occasion pour l’éleveur de les faire transiter par le plateau. Des problèmes de coccidiose obligent Jean-Michel Poirier à les traiter autour d'un mois, un mois et demi. Aussi, pour adapter le traitement au plus juste par rapport au poids, les veaux foulent à nouveau le plateau. « Sur un troupeau de cent vaches, le fait de vermifuger au plus près en fonction du poids m’économise un flacon à 800 euros. »
Depuis un an, une pesée est réalisée à 210 jours afin de vérifier la qualité de la production laitière des mères. Enfin, pour calculer le GMQ naissance-sevrage, les veaux sont pesés à sept mois. Plusieurs programmes de pesées existent selon le gabarit des animaux (veau, vache, taureau) ce qui permet de faire passer des mères avec leur veau mais d’enregistrer au choix, le poids des uns ou des autres.
Une bascule autonome et déplaçable
« Le plateau en aluminium fait 3 mètres de long sur 70 centimètres de large. Il est léger (50 kg). L’indicateur de pesées (boîtier) est sur batterie (8 h d’autonomie). Le plateau est donc totalement autonome et déplaçable. La tare se fait automatiquement », note Pierre Vitte, de la société Cima SRL.
Il est tout à fait possible pour l’éleveur de déplacer son plateau sur son second site. Cela lui donne la possibilité de suivre l’engraissement des femelles avec précision et de planifier ses sorties. « En agriculture biologique, la prévision de la sortie des animaux deux mois à l’avance offre une plus-value de 40 centimes, c’est pourquoi les femelles à l’engrais sont pesées tous les mois. Sur le troupeau en conventionnel, une vache qui ne prend plus de GMQ part rapidement à l’abattoir. Avec un GMQ, il est facile d’anticiper les sorties, les rations et d’ajuster au mieux les besoins avec le bilan fourrager. Je suis ainsi très réactif si une ration ne fonctionne pas. »
Un port USB permet d’extraire les données enregistrées dans le boîtier à l’aide d’une clé USB. « Je fournis les poids à mon conseiller qui s’occupe ensuite de l’analyse des chiffres. On pèse toujours seul. Jusqu’à présent, j’annonçais à voix haute le numéro des bêtes lors de leur passage sur le plateau et enregistrais les informations sur mon téléphone portable puis je reprenais la liste à nouveau. Dorénavant, le troupeau va être équipé de boucles RFID et le plateau peseur d’une antenne RFID. De ce fait, pendant le passage de l’animal sur le plateau, son poids sera enregistré automatiquement avec son numéro », note Jean-Michel Poirier. Une antenne wifi permet par ailleurs le transfert des données de pesées sur une application web.
Abaisser l’âge au premier vêlage
« Avec le suivi plus régulier du poids des génisses, je compte également abaisser l’âge de leur premier vêlage, aujourd’hui à trois ans en moyenne. » Dès que les génisses atteignent 450 kg vif, elles sont mises à la reproduction. Ensuite un contrôle régulier de leur prise d’état est effectué (tous les mois). Les animaux dont l’état est moindre sont alors séparés et complémentés. L’éleveur souhaite passer à deux périodes de vêlages pour parvenir à une moyenne de trente mois à la première mise bas. « Pour chaque numéro de bête est associé un poids. »
Notons qu’en ce qui concerne les bœufs, leur écornage n’étant plus autorisé en bio, leur pesée en cage serait un problème d’où l’intérêt du plateau peseur.
Chiffres clés
Élevage bio à Soudan en Loire-Atlantique
50 mères limousines avec engraissement des mâles en bœufs
115 ha dont 40 de céréales et le reste en herbe
1 UTH
Élevage conventionnel en Ille-et-Vilaine
100 mères limousines
80 ha d’herbe
4 poulaillers Janzé
1 UTH
Côté éco
Entre 3 900 et 4 000 € le plateau peseur sans arrêt, sans les options