Intensification du commerce mondial de viande de porc en 2019
En 2019, les dynamiques du commerce mondial du porc ont été ébranlées par la flambée des importations chinoises.
En 2019, les dynamiques du commerce mondial du porc ont été ébranlées par la flambée des importations chinoises.
En 2019, le marché chinois s’est retrouvé dans une situation totalement inédite. Touchés par le virus de la fièvre porcine africaine, les équilibres d’offre et de demande ont été bouleversés. La Chine est confrontée à un déficit majeur de l’offre, mais elle doit tout de même répondre à l’immense appétit des consommateurs, friands de porc, tout en évitant la flambée des cours nationaux. Pour résoudre cette équation, le recours aux importations est massif. Ces dernières se sont élevées à 3,5 millions de tonnes en 2019, soit 1,4 million de tonnes supplémentaires de viandes et coproduits du porc (+66 % entre 2019 et 2018). Au regard de l’intense demande de la Chine sur le marché mondial, le cours du porc à la production a progressé et la valeur des importations a flambé. Les achats chinois en viandes et coproduits ont ainsi atteint 7 milliards d’euros en 2019, soit plus de 4 milliards d’euros supplémentaires en un an (+142,5 %). Le déficit en viande est tel que le pays s’est mis à importer directement des carcasses de porc et diverses pièces de découpe. Les importations de viandes ont doublé en un an et celles des abats ont progressé de 18 %.
L’appétit chinois a largement profité aux Européens
Parmi les grands bassins d’exportation mondiaux, les Européens ont le plus bénéficié de l’explosion de la demande chinoise. Les ventes européennes de viandes et coproduits du porc sur le marché de l’export (hors intra-UE) ont totalisé près de 4,3 millions de tonnes en 2019. Elles progressent ainsi de +21 % en un an. En raflant plus de la moitié de ces volumes, la Chine prouve son importance sur l’échiquier du commerce mondial de porc. La demande chinoise a créé un réel appel d’air en Europe, avec une hausse de 76 % des achats en provenance de l’Union européenne. Les exportations européennes ont ainsi pu atteindre la valeur record de 9,8 milliards d’euros en 2019.
Face à cette intensification des flux, la concurrence entre les pays européens a été intense. L’Espagne, et les Pays-Bas ont fait preuve d’un fort dynamisme sur le marché de l’export. L’Espagne s’est rapidement positionnée à la première place des exportateurs européens, devant l’Allemagne. Ces deux pays ont vendu plus de 1,1 million de tonnes de produits porcins à travers le monde. Le Pays-Bas conserve la quatrième place des exportateurs européens sur les marchés tiers, mais réduit l’écart avec le Danemark. La France a elle aussi bénéficié de l’intensification du commerce mondial. Le pays a pu atteindre la cinquième place des exportateurs européens, devançant la Pologne, mais toujours derrière l’Espagne, l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas.
Le bassin américain pénalisé au nord, en développement au sud
Malgré une année très positive sur le marché de l’export, les États-Unis et le Canada ont été pénalisés par les tensions diplomatiques entretenues avec la Chine. Les exportations américaines n’ont pas atteint les volumes espérés par les abatteurs-découpeurs. Durant une large partie de l’année 2019, les produits d’origine américaine ont été successivement soumis à d’importantes tarifications douanières pour accéder au marché chinois. Ce n’est qu’au dernier trimestre de l’année que les exportations vers la Chine ont pu repartir à un rythme conséquent. En définitive, les volumes envoyés par les États-Unis à travers le monde ont atteint 3,1 millions de tonnes, en hausse de 11,4 % en un an.
Côté Canadien, le marché chinois s’est subitement refermé entre les mois de juillet et d’octobre inclus. Les exportateurs canadiens ont été pénalisés par cet embargo de trois mois, mais aussi indirectement par la situation américaine, le marché canadien étant extrêmement lié au marché américain. Face à une croissance de l’offre américaine et aux difficultés rencontrées par les États-Unis sur le marché de l’export, la demande de ces derniers en produits canadiens s’est fortement restreinte. Le secteur porcin canadien se retrouve alors pénalisé sur deux de ses principaux débouchés.
À l’inverse des marchés nord-américains, le Brésil a profité de l’aubaine chinoise. Les exportations brésiliennes vers la Chine se sont renchéries de 251,6 % en un an. Au total, le Brésil a exporté plus de 837 000 tonnes de viandes en 2019.
Une année 2020 prometteuse
Malgré un début d’année fortement perturbé par l’épidémie de Covid-19, le commerce mondial de porc restera intense en 2020. L’ensemble du bassin asiatique subit les ravages de la fièvre porcine africaine sur la production de porc et devra recourir aux importations pour répondre aux besoins de la population. Par ailleurs, la concurrence entre exportateurs devrait s’amplifier. Le continent américain dispose d’importants volumes stockés de produits porcins et la croissance se poursuit, dans le but d’approvisionner la Chine. En Europe, la menace de la fièvre porcine africaine reste présente pour les producteurs et les exportateurs.
Les achats chinois en viandes et coproduits ont atteint 7 milliards d’euros en 2019
Évolution des importations chinoise (hors vif)
Forte progression en 2019
Principaux exportateurs mondiaux en 2019
Les exportations américaines et espagnoles en forte hausse
La balance commerciale française s’améliore
En France, l’intensification de la demande chinoise a permis d’améliorer la balance commerciale en volume et en valeur.
En 2019, les ventes françaises sur le marché de l’export ont atteint près de 759 000 tonnes et 1,54 milliard d’euros, soit des progressions annuelles de 8,1 % en volume et 23,8 % en valeur. De ces volumes totaux, près de 41 % ont été acheminés sur les marchés extra-européens. Les exportations vers la Chine ont progressé de 57,4 % en un an, tandis qu’à destination de l’Italie, un marché où la valorisation des pièces est moindre, elles ont reculé de -5 % entre 2019 et 2019.
En parallèle, avec une offre nationale élevée en 2019, les importations françaises ont reculé de 2,6 % en un an. Cette baisse est issue d’un recul des achats de pièces en provenance d’Espagne (-3,6 %, soit 7 900 tonnes de moins). La balance commerciale française progresse alors par rapport à l’an dernier. Le solde en volume reste excédentaire à 189 600 tonnes, et le solde en valeur s’améliore en passant d’un déficit de 455 millions d’euros en 2018 à 268 millions en 2019.