Guy Boisberranger, auteur du livre « Les secrets de Léo » : « Si cela s’était présenté, j’aurais pu devenir éleveur »
Guy Boisberranger vient de signer le thriller paysan « Les secrets de Léo » publié aux éditions du Lundi qui met en scène Lou et Raphaël, un tout jeune couple qui décide de reprendre une ferme près de Rouen. Leur passé va vite s’immiscer dans leur nouvelle vie et menacer ce qu’ils ont peiné à construire. L’auteur nous explique son attachement au monde agricole et à la ruralité.
Guy Boisberranger vient de signer le thriller paysan « Les secrets de Léo » publié aux éditions du Lundi qui met en scène Lou et Raphaël, un tout jeune couple qui décide de reprendre une ferme près de Rouen. Leur passé va vite s’immiscer dans leur nouvelle vie et menacer ce qu’ils ont peiné à construire. L’auteur nous explique son attachement au monde agricole et à la ruralité.
Pourquoi avoir choisi le milieu paysan comme cadre à ce thriller ?
Je voulais raconter l’histoire d’une femme combative face à l’adversité. Rien ne devait être facile pour elle, déjà traumatisée par une aventure malheureuse de jeunesse, parisienne à la dérive, juste appelée à se ressaisir par l’hommage rendu à sa grand-mère pour son héroïsme dans la résistance.
À quel défi plus stimulant pouvais-je la confronter que de l’embarquer dans le monde agricole
À quel défi plus stimulant, mais aussi plus difficile, pouvais-je la confronter, que de l’embarquer, par amour interposé, dans le monde agricole d’aujourd’hui ?
Il s’avère que j’avais aussi une dette envers les agriculteurs. Enfant de la ville, j’ai nourri mon imaginaire de ma rencontre avec ces hommes, ces femmes, ces enfants de la campagne. Rencontres toutes ordinaires, à l’occasion de passages estivaux dans des fermes voisines de la maison de ma grand-mère, mais suffisantes pour m’avoir marqué à jamais. J’ai encore en moi ces images de la fierté de l’homme pour sa nature et ses bêtes, de l’accueil souriant de la femme, de la timidité première des enfants. Je me souviens d’avoir participé à la récolte des foins, perché en haut de la charrette, d’avoir partagé les goûters, faits d’un bol de cidre et de grandes tartines de pain campagnard. Enfin, j’ai appris d’eux que la beauté et la richesse de la nature, sont le fait des humains, de leur travail et de leur passion.
Quel est votre lien avec le monde agricole et quels cours sur l’agriculture avez-vous suivis dans votre cursus ?
Il y a bien peu de points communs entre le métier d’agriculteur et celui d’écrivain. Il y a beaucoup de différence, aussi, entre les modes de vie en ville et à la campagne. Mais, pour paraphraser Jean de la Fontaine, rats des villes et rats des champs, nous avons les mêmes ascendants.
Ma connaissance de l’agriculture jusqu’au lancé de ce chantier d’écriture, était plus que succincte. Les cours reçus à Sciences-Po relevaient de la macroéconomie et concernaient surtout la politique agricole commune de l’Europe.
J’ai consacré beaucoup de temps, ces trois dernières années, à me documenter sur le monde agricole
J’ai consacré beaucoup de temps, ces trois dernières années, à me documenter sur le monde agricole. Il existe d’excellents ouvrages où j’ai puisé des connaissances basiques aussi bien sur les techniques que sur la problématique sociétale. J’ai dit autre part combien j’étais reconnaissant aux agriculteurs pour m’avoir accueilli dans leurs exploitations. Je voudrais aussi souligner la qualité de leurs communications sur You Tube et sur les réseaux sociaux tels Twitter. Non seulement y présentent-ils leurs activités agricoles en détail, mais aussi acceptent-ils de répondre aux questions qu’on leur pose.
Quel regard portez-vous sur les nouveaux venus en agriculture non issus du monde paysan comme votre héroïne Lou ? Et sur le retour à leurs racines de certains autres, comme votre héros Raphaël ?
Lou n’a pas fait le choix de s’installer à la campagne et en ce sens, elle est représentative de la grande majorité de la population urbaine. Les difficultés qu’affrontent les agriculteurs, les conditions matérielles difficiles, les faibles revenus, la charge de travail, sans parler des pensions de retraite rikiki, suffisent à modérer l’enthousiasme des partants pour l’aventure. Si on y ajoute ce dont les médias nous rendent compte, les divisions, les conflits, les sabotages, on comprend qu’à moins d’être passionné pour une cause ou une autre, on hésite à prendre ce métier. Reste que Lou, une fois ferrée par amour pour Raphaël, et après un temps d’adaptation, va complètement se considérer comme paysanne, avec joie et fierté.
Le cas de Raphaël est autre. Il a goûté, jeune, à la campagne, chez ses grands-parents paysans, après s’être dégoûté de lui-même, petit malfrat des banlieues. Je crois comprendre cet attachement à produire de la vie, végétale ou animale, à servir les besoins les plus primaires des hommes, à gérer la nature.
J'ai été accueilli dans un Gaec normand
Vous avez choisi de situer l’histoire en Normandie, près de Rouen, pourquoi ?
C’est le fait, principalement du hasard. J’ai été accueilli dans un Gaec normand et donc plus à même d’y planter mon décor. Peut-être, inconsciemment, ai-je voulu me rapprocher du « pays » de ma grand-mère…
Auriez-vous aimé devenir agriculteur et quel domaine auriez-vous choisi ?
Oui, si cela s’était présenté, j’aurais probablement aimé ce métier et choisi l’élevage. Je dis « probablement » parce que l’ambiance actuelle n’est pas particulièrement incitative. Mais, enfant, cela n’a pas fait partie de la panoplie des métiers que mes parents ont valorisés. Et quand j’ai enfin pu décider par moi-même de mon orientation j’étais déjà complètement immergé dans la vie urbaine.