Boulangerie
Guerre en Ukraine - Les boulangeries Ange achètent leur farine au coup par coup
Face à l’envolée des cours du blé, le réseau de boulangeries franchisées Ange se couvre en farine au mois le mois. Si les prix au consommateur n’ont pour l’heure pas augmenté, l’entreprise n’exclut pas de répercuter ces surcoûts de production sur ses tarifs en boutique, à terme.
Face à l’envolée des cours du blé, le réseau de boulangeries franchisées Ange se couvre en farine au mois le mois. Si les prix au consommateur n’ont pour l’heure pas augmenté, l’entreprise n’exclut pas de répercuter ces surcoûts de production sur ses tarifs en boutique, à terme.
« En 2022, nous achetons notre farine au coup par coup car, vu les hauts niveaux des cours du blé à l’automne 2021, nous avions décidé de ne pas nous couvrir sur l’ensemble de l’année 2022, comme à notre habitude », confie Marie Larcher, responsable Achats d’Ange, à l'occasion du Franchise Expo Paris qui s'est déroulé du 20 au 23 mars à la Porte de Versailles. L’entreprise espérait peut-être que les prix du blé allaient se tasser. Hélas, la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février, avec les conséquences que l’on sait sur les prix des matières premières agricoles et de l’énergie qui atteignent des sommets.
Une situation de marché exceptionnelle
« Début 2014, nous avons connu un premier épisode de ce type, à l’occasion de l’annexion de la Crimée par la Russie. Les prix du blé avaient grimpé un mois durant (aux environs de 300 €/t) pour redégringoler le mois suivant, ce qui n’avait pas eu d’impact sur notre activité, étant donné que nous nous étions couverts en farine à la fin de l’année précédente », rappelle Marie Larcher. Et d’expliquer : « En temps normal, nous contractualisons notre farine auprès de nos cinq meuniers, d’un an sur l’autre, à un rythme trimestriel. Si fin 2020 nous nous sommes couverts en farine sur les quatre trimestres de l’année 2021, l’automne dernier, le prix de la farine étant déjà très élevé, nous ne nous sommes pas couverts sur l’année 2022 ».
Ainsi, chaque mois, Ange négocie avec ses meuniers, répartis de manière homogène sur l’ensemble du territoire français, les prix des volumes de farine nécessaires à son activité mensuelle. Ce prix tient compte du cours du contrat blé sur le marché à terme Euronext mais également des coûts de production de la farine (énergies et autres consommables, frais de stockage et de logistique…), sans oublier les primes CRC et Agri-Ethique.
Un approvisionnement local en blé CRC et Agri-Ethique
« De fait, 100 % des farines utilisées pour la fabrication de ses pains et baguettes proviennent de blé tendre issu de la filière CRC (culture raisonnée contrôlée) et 50 % d’entre elles sont labellisées Agri-Ethique », affirme Mélanie Kervoen, directrice Marketing et Communication d’Ange.
Chacune des 203 boulangeries franchisées, installées en France, consomme 170 t de farine annuellement. Ces dernières s’approvisionnent localement en farine auprès de l’un des cinq meuniers partenaires de l’enseigne, qui se situent dans un rayon de 250 km des boulangeries qu’il livre. Ange possède également 4 boulangeries à Québec au Canada, qui sont alimentées par de la farine issue de blé canadien.
« L’objectif en 2022 est d’ouvrir 40 nouvelles boulangeries en France et une dizaine au Canada, dans la perspective d’atteindre 400 boutiques ouvertes en 2025 », déclare la porte-parole d’Ange. Le chiffre d’affaires d’Ange est passé de 200 M€ en 2020 à 242 M€ en en 2021.
Quid de l’évolution des prix aux consommateurs ?
« La volonté des fondateurs d’Ange était, dés le départ, de proposer aux consommateurs du bon pain et de bons produits, écoresponsables, à des tarifs raisonnables », rappelle Mélanie Kervoen. Comment, dans ce cas, répercuter les surcoûts liés à la flambée des cours du blé et de l’énergie sur les prix des produits en boutique ?
« Si la crise russo-ukrainienne nous impacte de plein fouet, pour l’instant, nous contenons tout ce que nous pouvons », s’exprime Marie Larcher. Autrement-dit, le réseau de boulangeries franchisées n’a pas, jusqu’à maintenant, répercuté la hausse des cours des matières premières (farine, beurre, œufs…) et des coûts de production (énergie, emballage…) sur les prix au consommateur.
Cependant, la hausse des prix du blé, qui dure depuis six mois pour atteindre aujourd’hui des pics, ne semble pas vouloir se résorber à court terme. « Nos meuniers nous disent que le cours de la céréale passe des caps, des seuils psychologiques, jamais atteints, et pensent que le marché ne reviendra à la normal qu’en 2024 ! », s’inquiète Marie Larcher.
Dans ces conditions, l’entreprise ne pourra pas rogner ses marges indéfiniment. « Si tout le monde augmente ses tarifs, nous devrons suivre le marché », affirme Marie Larcher. Et Mélanie Kervoen de tempérer : « Tout en restant abordable et compétitif, ce qui va être compliqué ».