Santé des sols : « seules 27 % des terres arables sont en bonne santé en France », selon le baromètre de Genesis
Le premier « baromètre » de la santé des sols de la start-up Genesis affirme qu’un quart des terres arables françaises est en bonne santé, et seulement 10 % des terres viticoles. Publiée le 27 mars, l’analyse met en évidence des disparités au sein d’un même type de production, comme les vignobles et les grandes cultures.
Le premier « baromètre » de la santé des sols de la start-up Genesis affirme qu’un quart des terres arables françaises est en bonne santé, et seulement 10 % des terres viticoles. Publiée le 27 mars, l’analyse met en évidence des disparités au sein d’un même type de production, comme les vignobles et les grandes cultures.

Quel est l’état des terres agricoles en France ? Dans un « baromètre » de la santé des sols publié le 27 mars, la start-up Genenis affirme que seulement 27 % des terres arables françaises sont en bonne santé, et seulement 10 % des terres viticoles. Dans le détail, l’analyse montre que 45 % des terres arables sont dans un état « moyen », 26 % dans un état « dégradé » et 3 % dans un état « critique ». La situation est pire pour les vignobles, où 33 % des terres viticoles sont dans un état « moyen », 41 % dans un état « dégradé », et 16 % dans un état « critique ».
Genesis souligne en revanche que 66 % des forêts et 68 % des prairies sont en en « bonne santé ». Plus globalement, l’analyse met en évidence que 48 % des sols français (terres arables, vignes, forêts et prairies) sont en « bon » ou « très bon » état de santé, et donc « résilients face aux pressions climatiques et anthropiques ». Ce qui représente 17 millions d’hectares en bonne santé, sur les 35 millions d’hectares de terres cultivées et de forêts. Une carte résume les résultats obtenus, où les sols sont notés de 0 à 2 (critique), de 2 à 4 (dégradé), de 4 à 6 (moyen), de 6 à 8 (bon), et de 8 à 10 (optimal).
12 000 analyses de sols à l’origine du « baromètre » de la santé des sols
Pour arriver à ces notes, Genesis a utilisé des données d’analyse d’échantillons de terre. Les trente premiers centimètres ont été prélevés, et des indicateurs physico-chimiques ont été mesurés pour chaque échantillon selon des méthodes standardisées publiées dans la revue Science of The Total Environment. Genesis cite notamment comme indicateurs le carbone organique, les contaminants métalliques et la biologie du sol. Ces mesures ont ensuite été pondérées en fonction du type de sol et du climat de chaque échantillon, grâce à des modèles qui prédisent l’optimum et le minimum attendu dans un « cluster pédoclimatique ». Ces modèles reposent sur un total de 12 000 analyses de sols, issues des activités de Genesis, d'une base de données européenne et du réseau de mesures de la qualité des sols français (RMQS). Ce référentiel de données est produit par le Groupement d’intérêt scientifique sol (Gis sol), et est coordonné par l’Inrae.
Pour chaque mesure selon l’indicateur choisi, Genesis a donc pu associer une note de 0 (sol très dégradé) à 10 (sol au fonctionnement optimal). Les notes de chaque indicateur ont ensuite été agrégées pour aboutir à un « score de santé » de l’échantillon de sol. Ce score a pour but d’estimer le « potentiel “naturel” du sol à fournir les différentes fonctions écologiques », indique Genesis.
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Genesis relève des disparités entre deux parcelles d’un même type de production
Des disparités entre régions, en lien avec l’usage des sols, sont observées dans le « baromètre » de la santé des sols. Genesis donne l’exemple de la Bourgogne, forte région viticole qui affiche des « scores alarmants » de santé des sols. À l’inverse, le Grand Est « se distingue par des scores de santé des sols globalement bons », note la start-up, potentiellement dû à son importante couverture forestière.
Genesis relève aussi des variations de la santé des sols agricoles au sein d’un même système de production. Notamment pour les grandes cultures, où la start-up compare les pratiques agricoles d’une parcelle à l’état « critique » et une autre à l’état « optimal ». Et pointe quelles pratiques conduisent à un mauvais état de santé du sol agricole : labour profond, fertilisation minérale, aucun couvert végétal et rotations des cultures pauvres. De même, pour les vignobles, Genesis relève l’exemple d’une parcelle viticole avec du labour et une couverture végétale partielle à l’origine de son état « critique ».
Si ces résultats de santé des sols français sont « inquiétants », alerte Genesis, la start-up soutient qu’« il est possible d’identifier des pratiques meilleures » via l’étude des parcelles concernées.
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