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Ravageurs : maîtriser le risque taupin sur tournesol

Ravageur important du maïs, le taupin est une préoccupation grandissante en tournesol. Outre une bonne vigueur de la plante au démarrage, une intervention insecticide à base de microgranulés est possible dans les parcelles à risque. Le choix de la molécule devra se faire en prenant en compte un autre ravageur : la noctuelle.

<em class="placeholder">champ de tournesol avant floraison</em>
Un essai suivi par Terres Inovia en 2024 montre un gain de vigueur au 19 juin avec Trika Lambda 1 (4 rangs au centre, encadrés par deux témoins de 4 rangs).
© Terres Inovia

En 2023, selon la dernière enquête Terres Inovia, 15 % des surfaces de tournesol en France ont été touchées par le taupin, contre 10 % quelques années auparavant. Le Sud-Ouest, la Bretagne et le Poitou-Charentes sont plus particulièrement concernés. « Le taupin aime les zones humides et les sols riches en matière organique, analyse Laurent Ruck de Terres Inovia. Il est donc plus présent là où il y a des prairies et des couverts. » Selon Élodie Tourton de Terres Inovia Centre & Ouest, « les problèmes de taupin semblent augmenter depuis deux-trois ans en Poitou-Charentes ». D’après l’institut technique, une parcelle présente un risque moyen à élevé d’héberger des populations de taupins si « au cours des cinq dernières années précédant le semis du tournesol, la parcelle a subi des dégâts avérés de larves de taupins » ou si « au cours des deux dernières années précédant le semis du tournesol, la parcelle a reçu une prairie, une culture fourragère (y compris en dérobé), une légumineuse ou une jachère non cultivée ».

Favoriser une levée rapide pour rendre le tournesol moins vulnérable

Les dégâts de taupin sont dus aux larves qui circulent dans le sol au printemps et peuvent attaquer les graines en germination, les racines ou l’hypocotyle, entraînant des pertes à la levée. « Le tournesol est moins sensible que le maïs au taupin et sa période de sensibilité est plus courte, note Laurent Ruck. S’il pousse vite, comme l’hypocotyle se lignifie assez rapidement, il n’est plus sensible aux attaques des larves. Le peuplement étant faible en tournesol, des pertes de rendement peuvent toutefois être observées en cas de fortes pertes de pieds. » Dans certaines situations, un ressemis partiel est nécessaire.

Un des leviers face au taupin, mais aussi face aux dégâts d’oiseaux ou de limaces, est de parvenir à une levée rapide du tournesol. Pour ce faire, le semis en sol réchauffé et humide est essentiel pour réduire la durée de sensibilité au taupin. Le travail du sol lors de la destruction d’une culture favorable au taupin (prairie, culture fourragère) est déterminant pour réduire les populations. Il doit être réalisé en conditions séchantes, en fin de printemps début d’été, pour détruire le plus possible d’œufs et de larves. Il n’existe ni traitement de semences, ni de solution de rattrapage, les larves dans le sol n’étant pas atteignables par pulvérisation. « En cas de risque taupin, la seule possibilité est l’apport au semis d’insecticides microgranulés », informe Laurent Ruck. Les larves de taupin restent, selon les espèces, de deux à quatre ans dans le sol, d’où l’importance d’identifier les parcelles à risque.

Trois molécules disponibles en tournesol contre les taupins

Plusieurs insecticides microgranulés à base de lambda-cyhalothrine à différentes concentrations sont utilisables (Ercole, Karaté 0,4 GR, Trika Lambda 1, Trika Expert +, Trika Super, Dekiel, Trika Perfect, Extra P). « La réglementation impose désormais d’incorporer les microgranulés à base de lambda-cyhalothrine à 4 cm de profondeur minimum et donc sans diffuseur » note Laurent Ruck. Pour Trika Lambda 1, Trika Expert +, Trika Super, Dekiel, Trika Perfect et Extra P, la lambda-cyhalothrine est associée à un engrais starter et un biostimulant. Il est possible aussi d’utiliser des microgranulés à base de téfluthrine (Force 1.5 G, Viking), à incorporer à 3 cm et donc également sans diffuseur. Troisième option : les microgranulés à base de cyperméthrine (Belem 0,8 MG/Daxol) peuvent être incorporés dans la raie de semis grâce à un diffuseur.

Un essai de Terres Inovia en 2024 en Poitou-Charentes a montré l’effet sur la vigueur des plantes de microgranulés associant un biostimulant et un engrais starter à l’insecticide (Trika Expert). « Un léger gain a été mesuré à la récolte comparé à la référence Belem 0,8 MG, indique Laurent Ruck. Un autre essai également en 2024 n’a, en revanche, pas montré de différence de végétation. Ces microgranulés étant plus coûteux, il faut au préalable confirmer ce gain de vigueur et de rendement avec de nouveaux essais qui sont prévus dès ce printemps 2025. »

Raisonner le choix de l’insecticide en intégrant le risque noctuelle

Le choix de l’insecticide dépend aussi du risque lié à un autre ravageur, la noctuelle terricole ou ver gris, plus spécialement à l’espèce Agrotis ipsilon (noctuelle baignée). Dans les cultures jeunes, les larves de noctuelle dévorent les racines et le collet de la plante, entraînant son flétrissement. Elles peuvent également attaquer les parties aériennes. Les larves sont actives la nuit et enfouies au pied des plantes en journée. De jour, il faut donc gratter le sol au pied des plantes qui flétrissent pour vérifier leur présence.

En cas de risque taupin et s’il y a déjà eu des noctuelles sur la parcelle, il est conseillé d’utiliser des microgranulés de cyperméthrine. Ils peuvent être appliqués avec un diffuseur et protègent la culture à la fois du taupin et des larves de noctuelles qui vivent plus en surface. S’il y a un risque taupin et pas de risque de noctuelle identifié, les trois matières actives (lambda-cyhalothrine, cyperméthrine, téfluthrine)  sont utilisables. À l’inverse, s’il n’y a pas de risque taupin, mais que des noctuelles sont identifiées sur la parcelle, un rattrapage est possible en végétation dès l’observation des premiers dégâts (Sherpa 100 EW, Aphicar 100 EW, Cyperfor 100 EW ou Scipio 100 EW en pulvérisation à 500 l/ha de bouillie). Il faut traiter de nuit lorsque la noctuelle est active.

Les caractéristiques du taupin

<em class="placeholder">Taupins sur tournesol, (54) avril 2013. (&gt;95% de perte à la levée) dans un système sans labour</em>
Les larves de taupin peuvent attaquer les graines en germination, les racines ou l’hypocotyle. © Terres Inovia
Deux genres de taupin dominent en France : agriotes et athous. Les adultes sont des coléoptères brunâtres de 6 à 12 mm. Les larves filiformes ont un corps dur et cylindrique, de couleur ocre à cuivre, d’aspect luisant, avec trois paires de pattes discrètes. Au printemps, les adultes déposent dans le sol leurs œufs, qui sont à l’origine d’infestations larvaires les années suivantes. La phase larvaire dure de deux à quatre ans et le stade adulte un an. Les pontes sont annuelles et échelonnées, avec un pic en fin de printemps et début d’été. Selon la température et l’humidité, les larves se déplacent dans le sol entre 0 et 60 cm de profondeur. Elles préfèrent des températures entre 10 et 26 °C et des sols humides sans excès. Elles sont polyphages et supportent bien des périodes de jeûne.
Rédaction Réussir

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