Adventices émergentes : « Je parviens à maîtriser l’ambroisie trifide grâce aux cultures d’hiver et des programmes herbicides adaptés »
Agriculteur à Charlas (Haute-Garonne), Claude Maylin doit composer avec l'ambroisie trifide, une plante invasive apparue il y a une quinzaine d'années qui complique le désherbage sur les cultures d'été.

« J’ai découvert une cinquantaine de pieds d’ambroisie trifide dans mon tournesol il y a quinze ans. À l’époque, j’en ai informé le conseiller de ma coopérative. L’année suivante, cette parcelle de 3 hectares semée en blé s’est retrouvée envahie par cette plante. Dans le maïs qui a suivi le blé, l’ambroisie a été relativement maîtrisée, mais la plante produit des levées échelonnées. Il y a toujours des pieds qui passent au travers des désherbages. Or, l’ambroisie trifide prend la taille d’un arbuste quand elle se développe.
J’ai rapidement pris des mesures pour essayer de maîtriser au mieux l’adventice. Dans la rotation culturale, j’introduis davantage de céréales à paille, car c’est sur ces cultures d’hiver que l’on maîtrise le mieux l’adventice. Une parcelle de soja mitoyenne d’un champ envahi d’ambroisie trifide a contaminé toute ma bordure. Au lieu de maïs que je devais cultiver ensuite, j’ai opté pour du blé pour détruire efficacement ces plants. L’ambroisie trifide produit beaucoup de repousses dans les chaumes après moissons. Je réalise des faux semis, suivis de traitements au glyphosate pour détruire les plants levés. Cette technique fonctionne bien contre une autre adventice invasive, le bidens, que je trouve sur les secteurs plus humides.
J’ai arrêté le labour qui a peu d’effet : les graines d’ambroisie trifide se conservent plusieurs années dans le sol. En tournesol, j’utilise des variétés Express Sun tolérantes à un herbicide, même si cela me coûte 10 % en plus en semences par rapport à des variétés classiques. Sur ces variétés, l’herbicide Express SX appliqué en deux passages à deux à trois semaines d’intervalle permet de bien contrôler l’adventice. J’arrache les plantes quand je les trouve en bordure de route et de parcelles. D’autres agriculteurs arrivent à bien contenir cette ambroisie en cultivant une prairie ou une luzerne quelques années de suite.
Je suis référent dans ma commune pour faire connaître cette invasive et sensibiliser à la nécessité de sa destruction pour éviter davantage la propagation de cette ambroisie dans la région. Des réunions sont parfois organisées avec des agriculteurs dans des communes du secteur pour apporter des conseils dans la lutte contre cette espèce. Cette adventice se détruit malgré tout, à condition de bien s’en occuper et de bien la surveiller. Malheureusement, des agriculteurs n’arrivent pas à la maîtriser. Certains ont été obligés de broyer leurs parcelles de maïs à cause de l’infestation : le désherbage avait été réalisé trop tardivement. »