Maladie : quel impact du mycosphaerella sur colza après les gros dégâts de 2024 ?
Rare jusqu’à l’an dernier, le mycosphaerella a été très présent sur colza en 2024 à la faveur de conditions particulièrement humides et douces. La maladie peut-elle réapparaître en 2025 ?

Parmi les maladies foliaires pouvant toucher le colza, le mycosphaerella s’est fait remarquer en 2024 par sa forte présence, situation qui n’avait pas été connue sur la culture depuis plusieurs années. Habituellement, les premiers symptômes de ce pathogène s’observent à la reprise de végétation du colza, c’est-à-dire début mars. Mais en 2024, ils étaient visibles dès février. Sur feuilles, les taches causées par ce champignon sont rondes, cernées d’un halo jaune, avec des anneaux concentriques et des points noirs au centre (pycnides). Elles peuvent mesurer jusqu’à 2,5 cm de diamètre et confluer pour causer le jaunissement et le dessèchement de la feuille.
Le champignon provoque également des taches sur tiges, de forme allongée et de couleur grise avec le centre clair. Il touche également les siliques avec des taches grises ponctuées de points noirs disposés en cercles. Le rendement est le plus affecté quand le pathogène se développe sur les siliques. L’espèce Mycosphaerella brassicicola est précisément responsable de cette maladie.

Comment combattre le mycosphaerella sur colza ?
Agronomie : En ne faisant pas revenir trop souvent le colza ni d’autres brassicacées (choux, moutardes en culture…), l’allongement de la rotation culturale réduit le risque de mycosphaerella. Le broyage et l’enfouissement des résidus de cultures de colza qui constituent un réservoir d’inoculum permettront de limiter le risque de contamination au champ dans le futur et sur les parcelles voisines. Le sujet de la tolérance variétale fait l’objet de projets d’étude actuellement.
Chimie : Un traitement fongicide au stade G1 (chute des premiers pétales) contre le sclérotinia fonctionne également contre le mycosphaerella, à condition d’utiliser un produit à base d’un triazole. Le prothioconazole (Joao, Propulse…) est le plus efficace selon Terres Inovia et les associations avec le metconazole ou le tébuconazole restent intéressantes. Ce traitement doit freiner l’expansion de la maladie sur les siliques. Dans les régions les plus à risque (façade maritime), un traitement spécifique peut se justifier 10 à 15 jours après celui du stade G1, avec toujours un produit à base de triazole à dose modulée. Ce traitement sera pertinent si des conditions humides et des températures autour de 20 °C se maintiennent à cette période.

Six points clés sur le mycosphaerella
Ne pas confondre avec le phoma dont les taches sont plus claires (gris cendré) et les ponctuations noires plus grosses, ni avec la pseudocercosporellose dont les taches peuvent présenter des ponctuations brunes à blanc-beige délimitées par un liseré brun.
Le pathogène se conserve sur le sol et les débris végétaux sous forme d’organes (pseudothèces) produisant des spores dispersées par l’air et les éclaboussures de pluie.
L’humidité ainsi que la douceur hivernale et printanière sont favorables à cette maladie, ce qui fut le cas en 2024. La présence d’eau à la surface des feuilles et des températures de 16 à 20 °C permettent les contaminations et le développement de l’infection.
Le rendement peut être réduit jusqu’à 15 %. En 2024, les pertes de production ont dépassé les 5 q/ha dans diverses situations.
Le mycosphaerella peut se conserver sur les semences. Il faut veiller à utiliser des semences saines.
Le champignon s’attaque également aux choux, provoquant la maladie des taches noires.
