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Production du blé
Pallier l´insuffisance de la lutte chimique contre la fusariose des épis

L´efficacité de la lutte chimique contre la fusariose est pour l´instant insuffisante. Les techniques culturales et le choix variétal sont des options à privilégier.


L´aspect qualité est une préoccupation majeure dans la production de blé tendre. De ce fait, le risque fusariose doit être pris en considération. Divers types de Fusarium sont à l´origine de la fusariose des épis. Ils produisent des mycotoxines dont la vomitoxine (déoxynivalénol ou DON) qui, contrairement à d´autres, se développent au champ et non au stockage. Même s´il n´existe pas encore de norme limitant la teneur en vomitoxine, il faut prendre conscience de sa dangerosité. Pierre Feillet, directeur de recherche à l´Inra(1), précise que « la vomitoxine peut provoquer des immunodépressions et de graves troubles gastro-intestinaux. »
L´efficacité de la lutte chimique est insuffisante. François Dumoulin, de la Chambre d´agriculture de l´Oise, l´évalue à 50 %. Pour Claude Maumené, spécialiste fongicides chez Arvalis, « l´efficacité de la lutte chimique est au maximum de 70 % mais plus proche de 50 % ». En plus de cette efficacité limitée, la lutte chimique ne doit s´effectuer qu´à un stade très précis qui laisse peu de marge de manoeuvre. Pour François Dumoulin, il faut impérativement traiter « au stade floraison, début d´apparition des étamines ».

Le traitement ne doit être envisagé que dans des conditions météorologiques optimales en absence de vent. Les résultats expérimentaux d´Arvalis démontrent que l´efficacité du traitement va de pair avec une augmentation des volumes de bouillie à l´hectare. Les techniciens de la Chambre d´agriculture de l´Oise estiment quant à eux que 150 litres par hectare est un bon compromis entre l´efficacité agronomique et les contraintes opérationnelles.
Le choix des produits est limité aux spécialités commerciales à base de substances actives de la famille des triazoles et plus spécialement aux fongicides à base de metconazole, tébuconazole et bromuconazole. « Les produits doivent être utilisés à pleine dose », soulignent les deux spécialistes.
©Sopra


Un choix de produits limité aux triazoles
La complexité de la lutte chimique a amené Arvalis, la Chambre d´agriculture de l´Oise et Syngenta à proposer des grilles d´évaluation du risque fusariose. Les trois grilles sont assez similaires et prennent en compte trois critères de risques : le précédent, les techniques culturales et la sensibilité variétale. La Chambre d´agriculture de l´Oise a été la première à proposer une grille. François Dumoulin explique : « Cette grille a surtout été conçue dans un but pédagogique pour faire prendre conscience aux agriculteurs de l´Oise de l´impact du précédent maïs dans le risque fusariose ». La grille Arvalis reprend les mêmes entrées mais les notes attribuées n´ont pas la même amplitude. Le précédent cultural le plus risqué est le maïs grain devant le maïs ensilage. A l´inverse, le blé n´est pas un précédent à risque. Les raisons sont mal connues.

Un broyage des résidus réduit les risques
Selon les spécialistes d´Arvalis deux hypothèses semblent actuellement les plus plausibles pour justifier le fait que le maïs soit un précédent à risque contrairement aux autres graminées. La première explication concerne la quantité nettement supérieure de débris végétaux présents sur une parcelle suite à une culture de maïs. Un broyage minutieux des résidus de récolte permettrait donc de limiter la menace fusariose. La deuxième hypothèse est liée à des facteurs de biomasse, à savoir que le maïs est une plante plus volumineuse que les autres graminées donc colonisée par un plus grand nombre de parasites.
Enfin, la date de récolte explique le différentiel entre maïs grain et maïs ensilage. Le maïs grain est récolté plus tardivement ; il laisse donc plus d´opportunité aux parasites responsables de la fusariose des épis de se conserver et de continuer à se développer sur les tissus morts des plantes.
Risque fusariose : attention au précédent maïs grain.

Le triage des grains limite la contamination
Par ailleurs, les études menées par la Chambre d´agriculture de l´Oise ont démontré que le triage des grains fusariés pouvait limiter notablement le niveau de contamination en mycotoxines. « En éliminant 1 % des grains d´un lot donné (les grains les plus fusariés), nous avons divisé le niveau de contamination en mycotoxines de ce même lot par deux ! Cette étude témoigne qu´un nombre très limité de grains concentre la quasi-totalité de la vomitoxine. Le triage des grains est donc en l´état actuel des choses le meilleur moyen de lutter contre les mycotoxines », remarque le conseiller de la Chambre d´agriculture de l´Oise.
Même s´il est nécessaire de prendre en compte le risque fusariose au moment de la prise de décision des pratiques culturales et rotationnelles, Claude Maumené tient à préciser que « le niveau de contamination des blés français par la fusariose des épis n´est pas comparable à celui constaté aux États-Unis et au Canada ». Il faut remettre les choses dans leur contexte.

(1) Voir livre « Le bon vivant : une alimentation sans peur et sans reproche », aux Editions Inra.

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