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Décarbonation : quels leviers pour réduire les émissions en céréales et oléoprotéagineux ?

La stratégie bas carbone des filières grandes cultures vise une réduction de 20 % des émissions de leur amont agricole à l’horizon 2030. Pour cela, une dizaine de leviers à combiner à l’échelle des exploitations ont été identifiés. Reste la question de leur coût et de leur financement.

Les deux interprofessions des grandes cultures, Intercéréales et Terres Univia, ont présenté en conférence de presse le 26 novembre, leur « feuille de route carbone », comme requis par la loi Énergie climat de 2019. La stratégie des filières grandes cultures, présentée par Christophe Büren, élu référent carbone chez Intercéréales, vise à répondre à trois grands objectifs : « décarboner l’ensemble des étapes de la production à la transformation, stocker du carbone dans les sols et produire plus de biomasse qui permettra aux autres secteurs économiques d’accélérer leur décarbonation ».

Benjamin Lammert, président de Terres Univia, rappelle que les grandes cultures sont, au vu de leur importance « des leviers majeurs pour décarboner le secteur agricole ». Mais, cela ne marchera que « si l’amont et l’aval travaillent de concert », ajoute Olivier Dauger, vice-président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) et chargé du dossier carbone à la FNSEA. La feuille de route pose deux objectifs chiffrés pour 2030 : une réduction de 20 % des émissions par rapport à 2015 pour l’amont agricole et de 24 % par rapport à 2021 pour les industries de première et deuxième transformation.

85 % des émissions directes d’une exploitation sont liées au protoxyde d’azote (N2O)

L’état des lieux des émissions a montré que l’amont (production) représente 70 % des émissions totales des filières grandes cultures. Dans le détail, 63 % sont des émissions directes liées au fonctionnement de l’exploitation, dont 85 % liées au protoxyde d’azote (N2O) via la fertilisation, et 15 % au CO2 via la combustion de l’énergie (matériel, séchoirs à la ferme, transport…) et 37 % sont des émissions indirectes imputables à la fabrication des intrants agricoles (engrais et énergie).

Par conséquent, les deux priorités sont de réduire les émissions d’azote et de CO2 tout au long du cycle de culture, « mais le prérequis sera de préserver notre souveraineté alimentaire, énergétique et protéique, et la production de biomasse », prévient Christophe Büren.

Jouer sur l’assolement et la fertilisation pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre

Le progrès variétal est le premier levier qui doit permettre d’améliorer l’efficience de l’azote ou la faculté de la plante à le valoriser. Le second levier concerne le choix d’assolements et de rotations qui nécessiteront moins d’engrais azotés : introduire des légumineuses, implanter des couverts végétaux, réaliser des associations de cultures, pour produire de la biomasse ou pour les enfouir afin d’augmenter le stock de carbone du sol. La présence de haies sur l'exploitation permet aussi de créer de la biomasse supplémentaire.

Le troisième levier concerne la fertilisation azotée elle-même, par un pilotage fin des apports, un enfouissement de l’engrais, l’utilisation d’inhibiteurs pour réduire la volatilisation, ou encore la substitution des formes d’azote. Enfin, le dernier levier concerne les émissions de CO2 et donc l’énergie. Cela passe par une conduite du matériel plus sobre (écoconduite), par un renouvellement du parc matériel pour réduire les consommations d’énergie, par l’utilisation de bioénergie.

Une stratégie bas carbone qui nécessite un partage de risque entre l’amont et l’aval

Les leviers existent mais il va falloir inciter les agriculteurs à les mobiliser. Il faudra s’adapter à chaque système d’exploitation et à chaque terroir, car les solutions universelles n’existent pas en agriculture. Cela passera par des combinaisons de leviers. « Chaque agriculteur va choisir sa solution en fonction de sa situation. La baisse de 20 % des émissions directes ne pourra être appliquée de façon systématique sur chaque exploitation », estime Christophe Büren.

La décarbonation de l’amont a un coût et implique une prise de risque qui doit être partagée entre les agriculteurs, les transformateurs, l’État et les consommateurs. Christophe Büren, également président du groupe Vivescia, cite son programme Transitions qui repose sur « une coalition d’acheteurs qui s’engagent sur 3 ans à acheter tous les grains bas carbone de l’exploitation ». Benjamin Lammert évoque OleoZE, la démarche de Saipol, qui a mis en place un complément de revenu pour l’agriculteur produisant des oléagineux bas carbone. ​​​​​ « Il est nécessaire de tester ce genre d’initiative pour montrer que cela peut fonctionner, indique Christophe Büren. La solution viendra en grande partie des industriels qui ont déjà des obligations de résultat en termes de décarbonation ».

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