Maïs grain : une récolte dans la douleur, mais de bons rendements
Avec des rendements bons à très bons dans certaines régions, le maïs grain est la culture qui donne satisfaction en cette campagne 2024, malgré des récoltes difficiles et des humidités élevées.
La récolte de maïs grain a été retardée et compliquée par les conditions humides de cet automne. Au 15 novembre, Franck Laborde, président de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) indiquait un état d’avancement des récoltes très hétérogène selon les régions. « Il y a de très gros retards dans l’Ouest et le Sud-Ouest avec seulement un peu plus de 50 % des surfaces récoltées alors qu’en Rhône-Alpes les récoltes sont quasiment finies ». Quelques jours plus tard, Céré’Obs indiquait que 82 % des surfaces françaises de maïs grain étaient récoltées au 18 novembre. À même date, 97 % des surfaces étaient récoltées en 2023 et 96 % sur la moyenne des cinq années précédentes.
De fait, les taux d’humidité sont très supérieurs à la moyenne quinquennale, de 4 à 5 points de plus. Les collecteurs ont mené des opérations de remise sur les coûts de séchage, pour inciter les producteurs à ramasser plus tôt et à préserver la qualité de la récolte. « Cela a été bénéfique pour les marges des agriculteurs qui ont pu récolter mais, dans beaucoup de situations, les mauvaises conditions météo n’ont pas permis d’intervenir », précise Franck Laborde. Depuis la deuxième quinzaine de novembre, ces réfactions se sont arrêtées et les tarifs de séchage atteignent 30, voire 35 euros la tonne (€/t).
Des rendements hétérogènes du Sud-Ouest au Centre-Ouest
Les rendements sont un peu supérieurs à la moyenne quinquennale dans le Sud-Ouest, indique Franck Laborde, tout en précisant qu’ils sont très variables. Franck Camet-Lassalle, responsable Grands Comptes chez Euralis, parle d’une « collecte pénible et longue » avec des rendements plus faibles qu’espérés. « Nous étions sur des 103-104 quintaux par hectare (q/ha) à la mi-octobre, finalement, nous serons à 97-98 q/ha, le rendement d’une année moyenne ». En cause, les excès de pluie de la fin de cycle qui ont impacté les PMG (poids de mille grains). Les plus grosses déconvenues sont sur les maïs irrigués à haut potentiel en raison du manque de chaleur. Même son de cloche chez Maïsadour avec des rendements annoncés entre 95 et 100 q/ha dans la moyenne habituelle et une humidité à 29 %, précise Grégory Moulis, directeur du pôle végétal. Il parle d’une qualité « impactée » par les mauvaises conditions, « mais en travaillant le grain, on devrait atteindre la qualité attendue par les acheteurs ».
Le Centre-Ouest est la région où l’hétérogénéité est la plus importante en fonction du type de sols, indique Franck Laborde. Comme partout cette année, les meilleurs résultats ont été obtenus dans les sols filtrants.
Dans le Grand Est, le maïs est la culture la plus rentable de la campagne
Le maïs est la culture d’automne qui donne « le plus de satisfaction cette année, relève Frédéric Wiart, responsable collecte chez Vivescia, malgré une récolte qui a été longue, chaotique et particulièrement humide, à l’exception des dernières coupes qui ont pu bénéficier d’un temps plus clément ». En dehors des parcelles semées tardivement ou localisées dans des types de terre particulièrement sensibles aux excès d’eau qui n’ont pu dépasser 80 à 85 q/ha, les rendements sont élevés à très élevés, de 100 à 130 q/ha. La moyenne se situe autour de 105 q/ha.
Dans la Meuse, sur la zone de collecte du groupe coopératif EMC2, les rendements se situent à 100 q/ha. « Ce qui est très bon pour la région, avance David Meder, directeur terrain. Il s’agit de la culture la plus profitable cette année après de très mauvaises moissons et la crise de la FCO. C’est une petite note positive pour nos exploitations de polyculture-élevage. » L’humidité est à 30-32 %. Les agriculteurs ont patienté pour atteindre l’optimum d’humidité et réduire les frais de séchage. Dans ce département, le maïs est d’abord produit pour l’ensilage. « Normalement, la coopérative collecte 10 000 à 15 000 tonnes de maïs grain. Cette année, nous allons récolter 2 à 2,5 fois ce volume », précise le responsable. En cause, des reports de surface en tournesol qui n’ont pu être semés et les bonnes récoltes de fourrage qui ont incité les producteurs à récolter leurs dernières parcelles en maïs grain.
En Rhône-Alpes, de très bons résultats
« Avec 260 000 tonnes récoltées au 20 novembre, nous serons dans nos objectifs, voire plus », indique Robert Comte, directeur du groupement Oxyane qui collecte dans l’ancienne région Rhône-Alpes. « Les rendements à 100-105 q/ha en moyenne, sont au-dessus de notre moyenne historique (95-97 q/ha). Les parcelles en sec performent à plus de 100 q/ha (contre 75-80 q/ha habituellement). Les parcelles en irrigué présentent, elles, des écarts moins prononcés par rapport à d’habitude (+ 3 à 5 %) ». L’humidité est à 25 %, ce qui est une année normale côté organisme stockeur. En termes de qualité, il n’y a pas de problème avéré pour l’instant.
Des bons résultats en maïs dans des zones où il est habituellement peu présent
Les difficultés de semis des cultures d’hiver ont réorienté une partie des assolements vers le maïs. Ainsi, le président de l’AGPM précise que dans « le grand bassin parisien élargi », zone céréalière où le maïs grain n’est traditionnellement pas présent, les rendements sont très bons en pluvial, supérieurs à 100 q/ha. Par contre, les coûts de séchage sont élevés, car les humidités sont supérieures à 30 %, voire 35 % dans les situations extrêmes. De façon générale, le maïs pluvial se montre très performant par rapport à la moyenne quinquennale, alors qu’en irrigué, on est à la moyenne.
Les chiffres d’Agreste
Au 1er novembre, Agreste tablait sur une récolte 2024 à 14,6 millions de tonnes, supérieure de 10 % à la moyenne quinquennale. Les surfaces de maïs grain (y compris semences) sont estimées à 1,61 million d’hectares, soit une hausse de 6,4 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Hors semences, le rendement moyen en maïs grain est estimé à 93,4 q/ha en 2024, (+ 2,7 % par rapport à 2019-2023). En non-irrigué, le rendement est estimé à 86,3 q/ha (+ 6,7 % par rapport à 2019-2023) et en irrigué, à 110,4 q/ha (+ 0,4 % par rapport à 2019-2023).