Aller au contenu principal

Edito : Moisson de doutes, les grandes cultures face à l'incertitude des rendements et des marchés

Cette année, à l'heure où les moissonneuses-batteuses récoltent le résultat d'un an de travail, les incertitudes sont particulièrement grandes pour les producteurs de grandes cultures. L'inconnue porte à la fois sur les rendements, avec des cultures malmenées par la météo, et sur l'impact dans les mois à venir de la crise du Covid-19, loin d'avoir dit son dernier mot.

Parcelle de blé à la moisson (Eure-et-Loir)
Plus encore que d'habitude, prévoir les rendements des céréales est difficile cette année, compte tenu des nombreux aléas climatiques. Et les prix sont eux aussi sous l'influence de facteurs encore très incertains.
© G. Omnès

L’heure de la moisson a sonné. En quelques jours, c’est le travail de toute une saison qui va se matérialiser dans les bennes, avec son lot traditionnel de bonnes surprises et de déceptions. Cette année, l’état d’esprit est tiraillé entre délivrance et appréhension. L’entrée en action des moissonneuses va en effet mettre un terme à une succession de séquences difficiles. Tout au long de leur croissance, les cultures ont été confrontées à une large gamme d’accidents climatiques, de l’excès d’eau au semis à l’échaudage de fin de cycle, en passant par la sécheresse au printemps. Sans parler des pucerons…

L’inquiétude prévaut pour le blé tendre. On peut déjà annoncer sans crainte de se tromper « une grande hétérogénéité selon les situations », antienne éculée qui ne fait que rappeler que la France est une mosaïque de terroirs, de conditions climatiques et de systèmes culturaux. Comme chaque année, il y aura des gagnants et des perdants. La question est de savoir à quel point la note climatique sera salée pour les plus malchanceux.

L’incertitude sur les rendements se double d’immenses inconnues concernant les marchés. La déflagration du Covid-19 va produire un effet de souffle sur toute l’économie mondiale, dont on peine à mesurer l’ampleur. Certes, les Hommes continueront à manger et il faudra donc les nourrir. Mais quelles seront les conséquences sur la consommation de viande ou des aliments qui ne se classent pas parmi les produits de nécessité ? Quid des capacités de financement des pays importateurs, notamment ceux dont l’économie est arrimée au tourisme ou au prix du pétrole ?

Les mois à venir vont s’apparenter à un crash test pour le monde agricole, et le concept désormais fameux de résilience va prendre tout son sens. À l’heure où s’élaborent les contours de la future PAC, il serait temps d’intégrer pleinement cet enjeu dans les politiques européennes. Ou les incantations sur la souveraineté alimentaire du fameux « monde d’après » seront balayées, tels les nuages de poussière qui s’élèvent actuellement de la plaine.

Mais pour l'heure, place à l'action, et bonne moisson à tous !

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne.</em>
Mauvaises récoltes 2024 : « On rogne sur notre rémunération et sur l’entretien du matériel, faute de trésorerie suffisante »
Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne. Il témoigne de ses difficultés depuis un an liées…
<em class="placeholder">Agriculture. Semis de blé. tracteur et outil de travail du sol à l&#039;avant. agriculteur dans la cabine. implantation des céréales. lit de semences. semoir Lemken. ...</em>
Semis tardif de céréales : cinq points clés pour en tirer le meilleur parti

Avec une météo annoncée sans pluie de façon durable, un semis tardif de blés et d'orges dans de bonnes conditions de ressuyage…

[VIDÉO] Dégâts de grand gibier : une clôture bien installée pour protéger le maïs des sangliers

Agriculteur à Saint Fuscien dans la Somme, Valère Ricard a pu recourir aux services de la fédération des chasseurs de son…

<em class="placeholder">Anthony Loger, agriculteur à Saint-Pierre-de-Maillé dans la Vienne.</em>
Semis de blé tendre 2024 : « Nous avons besoin de trois semaines sans pluie pour pouvoir entrer dans nos parcelles »

Anthony Loger est agriculteur à Saint-Pierre-de-Maillé dans la Vienne. Aujourd'hui, ses parcelles très argileuses sont trop…

<em class="placeholder">Bord de champ inondé après un excès de pluie en bordure d&#039;un champ de céréales. Avril 2024 dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir</em>
Difficultés de trésorerie : quelles sont les mesures existantes pour faire face ?

Les mauvaises récoltes pèsent sur les trésoreries. Des mesures ont été annoncées par l’État alors que la MSA, les banques et…

Pierre Devaire, agriculteur en Charente, dans une parcelle.p
Récoltes 2024 : « une campagne traumatisante » pour les céréaliers du Poitou-Charentes

L’heure est au bilan chez les producteurs de céréales, au terme d’une campagne 2024 qui fut difficile du début à la fin. Les…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures