[Maladie] céréales : se prémunir contre le charbon nu de l’orge et du blé
Quasi-inexistant en culture conventionnelle, le charbon nu touche plus souvent les céréales biologiques si des précautions n’ont pas été prises dans l’utilisation des semences.
Quasi-inexistant en culture conventionnelle, le charbon nu touche plus souvent les céréales biologiques si des précautions n’ont pas été prises dans l’utilisation des semences.
Comment reconnaître le charbon nu
Des amas de spores sur les épis en lieu et place des grains : le charbon nu se manifeste par des symptômes spectaculaires sur blé et orge. Les symptômes ne sont visibles qu’à l’épiaison de ces céréales avec des masses pulvérulentes et noires (comme du charbon) au niveau des épis. Ces symptômes disparaissent au bout de quelques semaines. Mais pour les épis atteints, seul subsiste le rachis, se dressant à la verticale, contrairement aux autres épis sains en forme de crosse (particulièrement sur orges). Tous les épis de la même plante sont touchés.
Les semences contaminées par du charbon ne se distinguent pas des semences saines. Elles produisent des plantes avec un taux de levée réduit et une moindre résistance au froid en automne-hiver. Leur croissance et le système radiculaire peuvent être affectés. On observe ensuite un retard du tallage aboutissant à des plantes plus petites. Ces maladies sont provoquées par les champignons Ustilago nuda pour l’orge et Ustilago tritici pour le blé.
Des moyens de lutte contre le pathogène
Semences : La maladie se transmettant par la graine, l’utilisation de semences indemnes de charbon nu ne sera garantie qu’avec des semences certifiées. En cas d’utilisation de semences de ferme, celles-ci doivent provenir d’un champ dont moins d’1 % des épis étaient infectés par le charbon.
Des procédés utilisant le traitement à forte température sont testés contre les maladies de la semence. Des essais en Suisse ont montré ainsi que le traitement à l’eau chaude à 45 °C pendant 2 heures engendrait une diminution significative du charbon nu tout en préservant la viabilité et le taux de germination de la semence.
Agronomie : La maladie ne se transmet pas par le sol. Les mesures agronomiques n’ont aucun effet sur le charbon nu.
Traitement de semences : Les traitements de semences sont l’unique moyen de lutte efficace contre le charbon nu en agriculture conventionnelle, surtout avec des produits contenant au moins un triazole, associé ou non au fludioxonil. Plusieurs spécialités de protection des semences montrent une forte efficacité : Celest Orge Net (tébuconazole + cyprodinil + fludioxonil), Redigo Pro (prothioconazole + tébuconazole), Negev (tébuconazole + fludioxonil), Rancona 15 ME (ipconazole), Premis 25 FS (triticonazole), Raxil Star (tébuconazole + fluopyram + prothioconazole), Rubin Plus (triticonazole + fludioxonil + fluxapyroxade), Vibrance Gold (difénoconazole + sédaxane + fludioxonil)…
Cinq points clés sur le charbon nu
Des pertes de récolte de moins de 2 % : le plus fréquemment l’infection des épis n’entraîne pas davantage de dégâts, sauf dans des cas extrêmes où l’impact sur le rendement peut être supérieur à 20 %.
Des phénotypes d’Ustilago nuda résistent aux fongicides SDHI (carboxine, sedaxane, fluopyram). Sur une collecte en 2016 d’épis charbonnés dans 20 sites et 13 départements, 43 % des épis abritaient des champignons résistants aux SDHI.
Un temps humide pendant la floraison augmente les risques de contamination, surtout si la période de floraison est longue et la température élevée.
Le vent peut propager jusqu’à 150 mètres les spores, qui infectent l’ovaire des grains en formation. Un mycélium s’installe ensuite dans la graine. La maladie ne s’exprimera qu’à la génération suivante après le semis de semences contaminées.
Le charbon nu touche aussi l’avoine avec le pathogène Ustilago avenae, ainsi que le seigle et le triticale en plus du blé et de l’orge.