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Lin textile : les variétés de lin d’hiver plus aptes à faire face à la sécheresse

Les sécheresses printanières incitent les semenciers à trouver de nouvelles solutions variétales pour les liniculteurs. L’adaptation passe notamment par le développement des surfaces de lin d’hiver.

« Notre priorité est de proposer des variétés de lin textile adaptées aux évolutions climatiques », présente Charles-Henri Biard, responsable développement de Linéa Semences (1). Depuis quelques années, même dans les zones traditionnelles d’excellence pour le lin (la Normandie et la bordure maritime des Hauts-de-France), l’eau manque souvent dès avril. La sécheresse pénalise fortement les variétés de lin de printemps qui représentent 70 % des surfaces de lin textile cultivées en France.

Alors, pour que la France reste le premier pays producteur de fibres longues de lin, avec 61 % de la production mondiale, l’adaptation variétale s’impose. Sauf que le changement climatique progresse plus vite que le progrès génétique. « Il faut presque dix ans pour sortir une variété. À cela, il faut rajouter le temps de multiplication des semences très long en lin », ajoute le responsable.

Le lin de printemps fortement pénalisé par la sécheresse printanière

En attendant ces nouvelles variétés, les surfaces de lin d’hiver se développent. Semé du 25 septembre (zone la plus continentale) au 25 octobre (zone littorale), il supporte mieux les stress hydriques printaniers que le lin de printemps et peut atteindre 10 tones par hectare (t/ha) de paille. A contrario, semé fin mars début avril, le lin de printemps fleurit et arrête sa croissance dès 550 à 600 degrés de température en base 4° (sa croissance commence à 4 °C). En 2021, sa hauteur n’a pas dépassé les 70 centimètres. En 2023, la sécheresse printanière a encore impacté les rendements de paille du lin de printemps. Ils sont estimés entre 4 et 5 t/ha contre 7 t/ha attendus normalement, note Charles-Henri Biard.

La première variété de lin d’hiver inscrite en 2001 au catalogue européen est restée longtemps minoritaire. Terre de lin, autre sélectionneur de lin en France avec Linéa, réservait le lin d’hiver pour le Calvados ou le sud de l’Eure. Sur les 100 000 à 150 000 hectares de lin textile cultivés en France, le lin d’hiver ne dépassait pas les 1 000 ou 2 000 hectares, jusqu’en 2015. Mais avec les printemps secs depuis 2018, les surfaces ont explosé pour représenter près de 25 000 hectares aujourd’hui. Dans certains teillages, comme Lin 2000 à Grandvilliers dans l’Oise, le lin d'hiver représente 25 % de la sole en lin pour la campagne 2023.

Un pourcentage de lin teillé qui s’améliore en lin d’hiver

Il apporte une solution pour sécuriser les rendements, à condition… qu’il ne gèle pas. Les lins d’hiver sont en fait des lins de printemps avec un cycle de végétation différent et une certaine tolérance au froid. Mais ils ne sont pas vernalisants, comme les céréales d’hiver. « Le premier travail de sélection variétale a été de créer des variétés qui résistent au gel hivernal, les variétés de printemps ne supportant pas des températures inférieures à -6 °C. Actuellement, les variétés d’hiver disponibles permettent de supporter des températures de -11 à -12 °C. L’objectif est qu’ils atteignent 7 à 8 centimètres (10 cm maximum), avant les premières gelées », précise Benoît Normand, ingénieur régional Arvalis Hauts-de-France.

Par ailleurs, le travail de sélection pour réduire le delta de qualité (pourcentage de lin teillé) entre lin de printemps et lin d'hiver progresse rapidement. « Toundra, l’une des plus anciennes variétés, obtient 17 % de lin teillé en moyenne, contre 20 % pour Olga et Ambre, inscrites en 2016 et 2018, et 21 % pour Onyx, inscrite en 2023 », constate Isabelle Chaillet, ingénieur Arvalis. Il faudra encore quelques années pour parvenir au même niveau que les lins de printemps (24 à 25 %).

(1) GIE constitué par quatre coopératives agricoles de teillage Agylin (76), la Calira (80), la coopérative du Neubourg (27) et la SCA Lin 2000 (60)

Quelles pistes de sélection en lin de printemps ?

Pour les lins de printemps, les sélectionneurs cherchent notamment à sécuriser le rendement en fibres longues. Cela passe par une amélioration du pourcentage de lin teillé. Les nouvelles variétés visent aussi une meilleure résilience au stress hydrique de mai. Elles valorisent mieux chaque millimètre d’eau disponible, grâce à des racines plus efficaces ou un chevelu racinaire plus important. La précocité des variétés évolue aussi. Aujourd’hui, certains agriculteurs peuvent cultiver des variétés tardives, alors qu’il y a 15 ans, les demi-tardives semblaient mieux adaptées. Par contre, en année « normale », moins chaude et plus arrosée, elles seront pénalisées.

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