Les assolements en lien direct avec la législation
Les agriculteurs français montrent une grande réactivité
à adapter leur assolement en fonction des changements politiques qui ont eu lieu ces dernières années.
De 1975 à 1992, les prix garantis ont engendré une augmentation globale des surfaces de COP, notamment d'oléoprotéagineux. Un coup d'arrêt a eu lieu après la PAC de 1992, avec le gel des terres et la forte baisse des prix garantis, même si cette dernière a été compensée par des aides directes. C'est à partir de 1994 que l'on voit les surfaces augmenter de nouveau du fait de l'autorisation d'implanter de la jachère énergétique, puis d'une réduction du taux de jachère obligatoire. Jusqu'en 1995, les échanges de produits agricoles étaient exemptés du respect des disciplines commerciales imposées par le Gatt.
Connexion aux prix mondiaux
L'accord de Marrakech met fin à ce statut d'exception. La réforme de 1999, dans le cadre de l'Agenda 2000, va intégrer à la PAC les règles de l'OMC et engendrer une connexion des prix agricoles français aux prix mondiaux, d'où une réduction de la compétitivité des productions françaises. Ceci est plus marqué sur les oléoprotéagineux que sur les céréales, protégés par leur prix d'intervention et par les mécanismes de stockage public. Si on voit les surfaces de colza reculer de 1999 à 2002, les directives communautaires sur les énergies renouvelables donnent un nouvel élan à cette culture à partir de 2003. L'effet de la suppression définitive de la jachère obligatoire est nettement visible en 2007.
Étude réalisée par Céline Sicard, service analyse de marchés d'InVivo.
Repère n° 1 : plans protéines
Pois et féveroles sont les cultures les plus sensibles à l'évolution des soutiens spécifiques couplés. Le premier plan protéines des années 80 a été un véritable succès, portant les surfaces à plus de 700 000 hectares en 1994. Avec la réforme de 1992, le lent déclin des surfaces a commencé, accentué par les accords de Luxembourg (baisse des aides) en 2005. Le plan de relance protéagineux de 2008 n'a eu qu'un effet positif de courte durée.
Repère n°2 : assolement
Le choix d'assolement d'un agriculteur relève d'une alchimie complexe. Certains choix se réfèrent à des aspects techniques (climat, rotation des cultures, état sanitaire) ; d'autres se rapportent à des aspects économiques (prix, débouchés) et peuvent être mis en balance avec les aspects techniques. Les facteurs de long terme (règlementation...) peuvent être remis en cause par les facteurs de moyen terme (prix), eux-mêmes pouvant être modifiés par les aspects de court terme (conditions météo).
Repère n° 3 : et demain ?
Nul doute que la prochaine PAC va avoir des effets sur la répartition des cultures. On attend notamment des variations sur le blé dur et les protéagineux selon le maintien ou non des aides couplées. Les surfaces d'intérêt écologique pourraient aussi avoir un impact.