Tournesol : de mauvaises récoltes compensées par de bons prix de vente
Dans de nombreuses régions, la récolte du tournesol a été mise à mal entre parcelles non récoltées, faibles rendements, humidité des graines générant des frais de séchage. Heureusement, les cours sont à un niveau élevé.
En tournesol, une part non négligeable des parcelles n’a pas été récoltée à cause des pluies incessantes en septembre et octobre dans certaines régions. « Le Centre et l’ex Poitou-Charentes sont les régions les plus touchées avec entre 10 et 15 % de surface non récoltée, rapporte Matthieu Abella, Terres Inovia. Dans l’Est, cette proportion est de l’ordre de 10 % et dans le Sud-Ouest, de moins de 5 %. » Le Midi toulousain et l’ouest Audois sont les zones qui s’en sortent le mieux en termes de rendement qui se situe en moyenne à 22 ou 23 q/ha. Ailleurs, les rendements seront plutôt de l’ordre de 20 q/ha, voire moins comme en Dordogne, Poitou-Charentes, Centre, Nord-Est.
Outre les mauvaises conditions climatiques, les récoltes tardives (et humides) s’expliquent également par des semis qui n’ont pas pu être réalisés avant fin mai et début juin dans de fortes proportions, retardant la maturation des capitules. Et les températures estivales n’ont pas rétabli la situation.
Les récoltes réalisées l’ont été dans des conditions humides et à des dates tardives avec de la maladie de fin de cycle sur capitule comme le botrytis et une dégradation de qualité. « Les premiers échos des triturateurs font état d'une baisse de qualité, assez légère sur la teneur en huile et plus importante sur le taux de protéines, pour le débouché en tourteau », indique Matthieu Abella.
Un séchage très délicat chez le tournesol
Terres Inovia avait encouragé, dans la mesure du possible, les agriculteurs à ne pas attendre trop longtemps pour récolter, même avec des graines à 15 % d’humidité. « Il y a eu beaucoup de séchage, ce qui a engagé des frais pour les organismes stockeurs (OS), reportés sur les producteurs. Jusqu’à 14 % d’humidité, il est possible de sécher les graines avec une simple ventilation, mais au-delà, il faut un séchage dynamique avec des équipements spécifiques, explique le spécialiste de Terres Inovia. Il y a eu pas mal d’incendies de silo cette année : la graine de tournesol est particulièrement délicate à sécher par rapport à d’autres espèces. »
Pour Matthieu Abella, il ne faut pas s’arrêter sur cette année morose pour les prochains semis en 2025. « Les prix sont porteurs en cette fin d’année. Le tournesol n’est pas la culture qui s’en sort le moins bien en termes de marge et, dans certains secteurs, ce sera même l’espèce qui dégagera la meilleure marge, par rapport aux céréales notamment. »