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Légumineuses en interculture : une économie d’azote pouvant dépasser les 100 unités

Les couverts d’interculture avec une forte proportion de légumineuses peuvent fournir à la culture suivante de grandes quantités d’azote, permettant des économies d’engrais significatives… à condition de bien conduire son couvert.

L'azote disponible pour la culture suivante peut être estimé avec la méthode Merci via la mesure de biomasse de chaque espèce du couvert.
L'azote disponible pour la culture suivante peut être estimé avec la méthode Merci via la mesure de biomasse de chaque espèce du couvert.
© F. Rémy

Une fourniture de 30 à 40 kg/ha d’azote à la culture suivante. C’est, selon Arvalis, l’apport moyen de cultures intermédiaires comprenant des légumineuses comparées à un couvert sans légumineuses ou à un sol nu. L’effet fertilisant le plus important est obtenu avec des couverts uniquement constitués de légumineuses. Il peut alors monter jusqu’à 135 kg/ha d’azote, pour une moyenne à 52 kg/ha, d’après les essais suivis par Arvalis.

Cette solution n’est pas envisageable partout : dans certaines régions, le recours à des légumineuses pures en culture intermédiaire est interdit ou soumis à conditions. Ces règles sont précisées par les programmes d’actions régionaux de la directive Nitrates. Néanmoins, implanter des couverts avec des légumineuses en mélange permet également d’obtenir d’excellents résultats, les économies d’azote dépassant les 100 unités dans certains essais.

Les légumineuses fixent l’azote de l’air via des nodosités sur les racines et peuvent emmagasiner cet azote en quantité importante dans leurs parties aériennes. Les doses d’azote restituées à la culture suivante peuvent toutefois varier fortement. Qu’est-ce qui les conditionne ? Premier facteur : la vitesse de minéralisation est très dépendante du rapport C/N (teneur en carbone sur celle en azote). Ce dernier varie selon la durée de croissance des espèces et le niveau de lignification des tissus végétaux, qui augmente avec le temps.

Une restitution d’azote élevée avec des légumineuses détruites au printemps

« Des résidus de couverts végétaux dont le C/N est faible (proche de 12,5) peuvent restituer une part élevée d’environ 45 % de leur azote l’année de leur incorporation au sol, précise Grégory Véricel, d’Arvalis. C’est le cas pour les légumineuses en association ou pas, quand elles sont détruites suffisamment tôt. » Un couvert composé d’autres espèces peut fournir de l’azote, mais généralement en moindre quantité. Et il faut dans ce cas détruire le couvert plus tôt qu’avec des légumineuses au C/N moins élevé.

La date de destruction a son importance car la vitesse de minéralisation varie selon la température du sol. Celle-ci sera plus lente pour des couverts détruits et enfouis mi-novembre que pour ceux incorporés au début du printemps. « Pour les mélanges comportant une forte proportion de légumineuses dont le C/N reste faible même pour des croissances longues, une destruction tardive au printemps peut s’avérer intéressante, remarque Grégory Véricel. Leur biomasse augmente significativement à la faveur des températures douces en sortie d’hiver, ce qui maximise la quantité d’azote qui est disponible dans les résidus. »

Na pas semer trop tôt la féverole en interculture

La féverole est une légumineuse souvent utilisée en interculture, facile à implanter et à détruire, et capable de produire une biomasse élevée même avec un semis tardif. Mais elle est sensible à l’hydromorphie et aux maladies foliaires, qui peuvent entraîner une destruction naturelle très précoce, surtout si elle est semée tôt.

« Des agriculteurs ont choisi la stratégie de semer cette féverole en octobre, en association avec d’autres espèces, en installant auparavant un autre couvert d’interculture semé durant l’été, présente Sébastien Minette de la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. À base de crucifères, le premier couvert piège l’azote à l’automne. Le second couvert composé de féveroles, détruit en février ou mars, fournira de l’azote à la culture suivante. On optimise ainsi les services rendus en combinant ces deux couverts. »

Pour Florent Ruyer, conseiller à la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, cette stratégie du double couvert répond bien à la nécessité dans son secteur de couvrir les sols dès l’été. « À titre d’exemple, en 2019 chez Stéphane Gatti, agriculteur à Laplume, le mélange de tournesol et de sorgho semé en juillet après récolte du blé avait produit 4 t/ha de matière sèche (MS) en octobre. Le couvert de féverole semé ensuite a donné jusqu’à 8 t/ha MS en restituant plus de 100 unités d’azote. Le couvert était détruit deux à trois semaines avant le semis d’un sorgho ou tournesol en mai. » Chez cet agriculteur passé en bio depuis, la technique a permis une bonne remontée de matière organique dans des sols qui en avaient besoin. L’utilité d’un couvert d’interculture ne se limite pas à son apport d’azote, loin de là.

Attention à la compétition hydrique du couvert

 

 
La date de destruction du couvert devra prendre en compte le risque de compétition hydrique avec la culture suivante.
La date de destruction du couvert devra prendre en compte le risque de compétition hydrique avec la culture suivante. © F. Rémy
Le mode de destruction du couvert et les impératifs de semis de la culture suivante se doivent d’être pris en compte, notamment pour éviter de pénaliser l’alimentation hydrique de cette culture. « Avant un maïs, plus on détruira tard un couvert à base de légumineuses, plus on aura d’azote mais plus on aura un effet négatif sur l’alimentation hydrique, confirme Clémence Aliaga, ingénieure Arvalis sud Aquitaine. Une destruction tardive après février permet d’obtenir de 60 à 120 unités d’azote restituable. C’est une stratégie que l’on peut retenir dans les situations à forte pluviométrie, comme dans le Béarn, mais à éviter dans les secteurs davantage soumis à des risques de sécheresse au printemps. »

 

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