Aller au contenu principal

Jaunisse de la betterave : gérer les plantes réservoirs à virus

Les derniers résultats émanant du Plan national de recherche et innovations (PNRI) sur la jaunisse de la betterave mettent en exergue le rôle majeur de certains végétaux comme réservoirs à virus et pucerons, notamment la phacélie. Le point sur les bonnes pratiques pour limiter les risques.

I M G _ 3 0 9 5 /phacélie en fleurs, floraison, couvert végétal, interculture, culture intermédiaire, pollen, pollinisation , jachère apicole , fleur
Couvert végétal mellifère, la phacélie est une plante hôte de pucerons vecteurs de jaunisse et aussi un réservoir à virus.
© C. Gloria

La phacélie est dans le viseur de la filière betterave. Plante de couvert d’interculture, elle fait partie des quelques végétaux hébergeant en quantité le puceron Myzus persicae, principal vecteur des virus de la jaunisse sur la betterave. « Elle est en outre un réservoir de deux des quatre virus pouvant causer la jaunisse », précisait Jean-Christophe Simon, chercheur de l’Inrae de Rennes, lors de la journée de restitution du PNRI sur la jaunisse le 4 juillet 2024 à Paris. Des organismes tels que des coopératives déconseillent le recours à la phacélie comme culture intermédiaire dans les secteurs à betterave. Des planteurs ne veulent plus entendre parler de cette plante dans des mélanges de couverts végétaux ou de bandes fleuries. Mais la phacélie présente de multiples intérêts, notamment d’être une plante mellifère favorable à la nutrition des abeilles. « Il peut suffire de gérer cette plante avec une destruction bien réalisée au printemps, éliminant de fait son rôle de réservoir à virus et pucerons », conseille l’ITB.

D’autres cultures intermédiaires ont été mises en avant pour leur impact dans la transmission de jaunisse. Les crucifères (moutarde, colza) sont également des réservoirs majeurs à Myzus persicae. Ces pucerons y abondent et s’y multiplient. Mais les crucifères ne contiennent pas de virus de jaunisse de la betterave. Myzus persicae a été trouvé occasionnellement ou régulièrement (pas en abondance) sur d’autres espèces de cultures intermédiaires ou d’adventices : vingt espèces hôtes sur la trentaine étudiée. Cela confirme la grande diversité de végétaux sur lesquels ce puceron peut passer l’hiver, voire se multiplier avant de passer sur les betteraves au printemps. À noter que les pucerons ne choisissent pas où ils vont mais que les individus ailés sont transportés par le vent et tombent au hasard dans les parcelles.

Par ailleurs, deux autres espèces de pucerons (Aphis fabae et Myzus ascalonicus) transmettent des virus de la jaunisse et trouvent refuges sur plusieurs espèces hôtes de végétaux, mais dans une moindre abondance que Myzus persicae.

Des mesures de prophylaxie en cours de mise en œuvre

La betterave sous ses formes cultivées et sauvages (Beta maritima) est aussi cataloguée comme réservoir à virus et pucerons. Ce n’est pas anodin quand des repousses de betteraves poussent sur les cordons de déterrage en hiver et au printemps. « 11 % de cordons déterrage contenaient des betteraves avec du virus de la jaunisse en 2024, précise Vincent Laudinat, directeur de l’ITB. Cette situation nécessite des mesures prophylactiques pour détruire systématiquement ces repousses, ce qui aurait aussi un intérêt pour le contrôle des contaminations de cercosporiose. De telles mesures sont obligatoires dans certains pays, comme aux Pays Bas, avant les semis de betterave et existent déjà en France sur pomme de terre contre le mildiou. »

Les betteraves porte-graines sont également des réservoirs à virus et pucerons. Dans le Sud-ouest où est produite une bonne proportion de semences de betteraves, il n’y a pas de culture de betterave racine. Tel n’est pas le cas en région Centre-Val de Loire où 550 hectares sont consacrés à la multiplication de semences de betteraves, sur des porte-graines semées en août pour être récoltées en août de l’année suivante. Il n’y a donc jamais d’interruption de cycle de cette culture et des virus qui vont avec, qui se retrouvent immanquablement dans les parcelles de betterave sucrière. « Le réservoir viral est très important dans cette zone et la jaunisse est présente tous les ans avec des betteraves touchées à plus de 50 %, observent Fernand Roques, de la Fnams et Fabienne Maupas, de l’ITB. Nous avons lancé un plan d’action fin 2023 pour bien analyser la situation, mettre en œuvre des mesures de protection renforcée et optimiser le choix d’emplacement des parcelles pour protéger les deux cultures de betteraves qui cohabitent sur ce territoire. » Directeur scientifique agriculture chez Inrae, Christian Huyghe s’interroge sur le maillage des parcelles qui accueillent les deux cultures, sur les distances d’isolement, voire sur la disparition progressive d’une des deux activités.

Les plus lus

<em class="placeholder">Corentin Chateignier dans un des ses quatre bâtiments de volailles Label rouge sur son exploitation en Eure-et-Loir</em>
« J’ai lancé un atelier volailles en Eure-et-Loir pour diversifier mon exploitation de grandes cultures »

Corentin Chateignier, installé avec son père Alain sur une exploitation de grandes cultures dans la Beauce, a lancé un atelier…

<em class="placeholder">Olivier Cosnard, agriculteur à Ombrée d’Anjou (49), devant une machine.</em>
« Je renouvelle mon parc matériel avec du neuf ou de l'occasion en fonction de mes besoins sur mon exploitation de grandes cultures dans le Maine-et-Loire »

Agriculteur en bio à Ombrée-d’Anjou, dans le Maine-et-Loire, Olivier Cosnard a fait le choix d’un parc matériel…

<em class="placeholder">Bastien Porte et son frère Vincent Darribeau, associés de l&#039;EARL Crabot.</em>
« Notre marge brute moyenne en maïs semence est de 2 800 €/ha sur notre exploitation des Landes »

Bastien Porte est, avec son frère et sa mère, multiplicateur de semences à Aire-sur-l’Adour dans les Landes. Ce travail est…

Vidéo : comment entretenir un fossé dans les règles ?

Un fossé doit être entretenu pour permettre le bon écoulement de l’eau et réduire les risques d’inondations des parcelles…

<em class="placeholder">Valérie Leguereau, agricultrice à Villemardy (41), devant un équipement agricole</em>
« Nous avons ajouté du pois protéagineux à notre assolement dans le Loir-et-Cher grâce à un prix garanti et une assurance sur la production »
Agricultrice à Villemardy, dans le Loir-et-Cher, Valérie Leguereau cultive du pois protéagineux depuis 2024, pour ses atouts…
<em class="placeholder">Vigneron controlant sa tresorerie en especes et effectuant un paiement par cheque. </em>
Revenu agricole : comment évoluent les résultats des agriculteurs depuis douze ans ?

Variabilité interannuelle, écarts de revenus entre spécialisations agricoles, mais aussi entre exploitations dans une même…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures