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Des avantages à limiter la taille des parcelles

Dans l´aménagement d´un parcellaire, les parcelles peuvent être modifiées dans leur surface, leur largeur et leur disposition. Quel en est l´intérêt ?


« Cela ne sert à rien d´avoir des parcelles de plusieurs dizaines d´hectares. La surface optimale d´une parcelle est celle sur laquelle on peut accomplir une journée de travail. Elle se situera entre huit et douze hectares », indique Philippe Viaux, ingénieur chez Arvalis. L´aménagement d´un parcellaire est à considérer au cas par cas. A chaque exploitation, une réponse appropriée. Une irrigation par aspersion porte, par exemple, sur bien plus de dix hectares à la fois.
La limitation volontaire de la taille des parcelles prend tout son intérêt quand elle s´accompagne d´un aménagement approprié des bordures et de l´assolement cultural. « Le maillage parcellaire peut limiter les progressions de parasites ou de ravageurs. En même temps, elle favorise la colonisation de la totalité des surfaces par les organismes auxiliaires utiles à l´agriculture. » Soutenue par plusieurs spécialistes, cette idée générale est peu étayée par des études concrètes.

Des parcelles longues et étroites montrent plus d´un intérêt
Une étude allemande (1) montre qu´une population d´insectes parasites de ravageurs est plus sensible à la modification de la diversité du paysage agricole que les ravageurs eux-mêmes (en l´occurrence les méligèthes du colza dans cette étude). Les bords de parcelles aménagées avec des haies aux essences diverses et des bandes enherbées peuvent servir de refuges à des ravageurs mais également à des auxiliaires dans une plus forte proportion.
Si elles sont trop larges, les parcelles ne sont pas visitées en totalité par les auxiliaires. « Grands prédateurs des limaces, les carabes (coléoptères) ne peuvent coloniser les parcelles au delà d´une centaine de mètres de la bordure. Or nous constatons des attaques de limaces, en particulier au milieu des champs où les prédateurs ne sont pas présents », signale Jean-Louis Bernard, Syngenta Agro, groupe agrochimique à l´initiative de plusieurs études sur l´impact des bords de champs sur la lutte contre les ennemis des cultures.

Jean-Louis Bernard insiste « sur le choix de parcelles longues et étroites qui est préférable à des parcelles carrées pour une même surface. Dans les premières, on consacre moins de temps à chaque bout de parcelle à tourner l´appareil. » Le maillage dans l´espace des parcelles et des cultures permet d´éviter les développements explosifs de certaines maladies ou ravageurs. La variété des cultures et les bordures sont des obstacles à leur propagation. Il y a des règles à respecter pour le voisinage des cultures. « Il faut éviter une orge d´hiver à côté d´une orge de printemps en raison des risques de transmission de l´oïdium », cite comme exemple Philippe Viaux. Ou un pois à côté d´un blé de pois car les cécydomyies présentes dans le blé sont susceptibles de passer dans le pois. « Il y a également un effet refuge à prendre en compte entre des cultures qui se moissonnent tôt et celles qui se récoltent tard (tournesol, maïs) pour laisser un couvert végétal pour le petit gibier », ajoute Philippe Viaux.
Les parcelles longues et étroites propices à la colonisation par les auxiliaires.

Selon que l´on est soumis à des problèmes d´érosion ou de méfaits dus au vent, l´orientation des parcelles perpendiculairement à la pente et/ou au vent dominant diminuera les effets néfastes de ces phénomènes. Le travail du sol sera à éviter dans le sens de la pente.
L´image de l´agriculture a tout à gagner d´un aménagement du parcellaire. « Autant le raisonnement sur les traitements phytosanitaires n´est pas visible sur le terrain, autant un aménagement parcellaire se voit. Derrière, il est plus facile de faire passer le message sur le raisonnement de l´itinéraire cultural en montrant des réalisations comme des haies, des jachères d´où partent des perdreaux », souligne Yves Desoutter, agriculteur engagé dans une démarche « Écoculture » dans la Marne. Les parcelles sont le support pour la communication de terrain des agriculteurs. Alors, autant soigner leur aspect visuel.

L´aménagement du parcellaire revêt une grande importance dans le cas de coexistence des cultures. Certaines productions se doivent d´être isolées : colza érucique, maïs waxy, semences, cultures bio. Et que dire des OGM ? Le projet de mise en culture de ce type de plantes a soulevé le problème de l´isolement par rapport à des cultures classiques ou bio. L´Inra teste un modèle informatique qui simule le niveau de contamination entre parcelles selon le contexte agricole. « A titre d´exemple, pour ne pas dépasser le seuil de 1 % de contamination des graines, une distance minimale de 100 mètres doit être respectée entre deux parcelles de maïs transgénique et non-transgénique de tailles similaires. Pour une même surface en OGM, il vaut mieux constituer un îlot de production plutôt que diviser cette surface en plusieurs parcelles dispersées. » Le modèle prend en compte la forme et la taille des parcelles mais pas le type d´aménagement des bordures. Quid de l´effet d´une haie, d´un chemin, d´une bande enherbée de plusieurs mètres de large sur le transport de pollen ?

(1) Carsten Thies : « Effects of landscape context on herbivory and parasitism at different spatial scales », Université de Göttingen.

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