Meunerie
Débouché stable du blé français
Meunerie
Confrontée au recul des exportations de farines, la meunerie restructure ses capacités techniques et communique pour défendre la place du pain.
Dans le bilan blé tendre français, le poste meunerie se distingue par sa stabilité. Bon an, mal an, ce secteur écrase environ 5,7 millions de tonnes de blé, transformées en 4,4 millions de tonnes de farines. Derrière la stabilité des chiffres, se cache une adaptation régulière de cette profession à la réalité du marché. En surcapacité chronique depuis cinquante ans, la meunerie française « a déjà mis en place quatre plans de restructurations successifs pour réduire les capacités techniques d´écrasement. Le dernier s´est achevé en 2002 et comportait un volet marché intérieur et un volet farine d´exportation, indique Pierre-André Masteau secrétaire général de l´ANMF(1). Ce dernier plan, financé par la profession et ayant bénéficié pour la première fois d´une aide des Pouvoirs publics, a conduit au démantèlement de 32 sites, soit 185 700 tonnes de capacité technique ».
Les évolutions de la dernière décennie se sont traduites par une présence accrue des coopératives agricoles au capital des entreprises du secteur, soit par des prises de participations soit par des rachats. Mais la dispersion et le nombre de boulangeries artisanales associées au système des contingents et droits de mouture expliquent, qu´en dépit des regroupements, la meunerie française soit encore peu concentrée et qu´elle ait conservé sa proximité au sein des régions françaises.
Un secteur qui régule sa concentration
Depuis 2002, on compte 554 unités de production en activité. A côté de quelques grands groupes, le secteur compte encore beaucoup d´entreprises familiales. Selon les données régionales Onic pour l´année 2003, l´Ile-de-France concentre 16 % des volumes écrasés avec seulement 18 moulins. Les moulins de la région parisienne produisent en moyenne 50 827 tonnes de farine contre 9273 pour l´ensemble du territoire. La seconde région est celle de Nantes suivie par celle de Dijon puis de Nancy. Ces quatre régions représentent plus de 40 % des farines produites.
Sur le marché de la panification, la boulangerie artisanale reste de loin le premier débouché. Les 33 000 boulangeries mettent en oeuvre près de la moitié de la farine produite en France. Selon les statistiques 2002 de l´ANMF, sur les 3,11 millions de tonnes de pain fabriquées, 70 % a été commercialisé par les artisans boulangers, 20 % par la boulangerie industrielle et 8,5 % par les terminaux de cuisson des grandes surfaces. On observe un légère érosion des livraisons auprès des artisans (-2,6 % en 2002) après plusieurs années de stabilisation.
Un marché qui se resserre à l´exportation
Les pertes de débouchés touchent surtout l´exportation. Les grands meuniers français sont traditionnellement très présents sur les marchés mondiaux et la France reste le premier exportateur mondial de farine devant les États-Unis. Selon les données du CIC pour la campagne 2003-2004 le commerce mondial de farine porte sur 8,85 millions de tonnes équivalent blé. Il a reculé de 3 % du fait de la contraction des importations de l´Asie et de l´Afrique. Avec 2,6 millions de tonnes, l´Union européenne occupe toujours la première place mais ses expéditions ont « inexorablement baissé ces dernières années ». Depuis 1993, des pays traditionnellement importateurs et clients de la France ont construit des moulins. C´est le cas en Algérie, Maroc, Égypte et Yémen. La meunerie française y a perdu de nombreuses parts de marché. Sur le plan logistique, elle est aussi pénalisée par la localisation de ses moulins « dans les champs ». Face à des concurrents, italiens par exemple, situés dans des ports.
Ses livraisons extérieures semblent se stabiliser autour de 756 000 tonnes (données 2003) grâce au dynamisme de ses ventes à l´intérieur de l´Union européenne (26 %).