Betterave 2024 : un rendement et une richesse en sucre décevants
Après une campagne betteravière marquée par les excès d’eau, la filière ne cache pas sa déception. Le rendement betteravier s’établit en dessous de 80 t/ha d’après la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). La richesse n’est pas non plus au rendez-vous de cette récolte 2024. S’ajoute à cela un contexte économique peu porteur après deux bonnes années.
Après une campagne betteravière marquée par les excès d’eau, la filière ne cache pas sa déception. Le rendement betteravier s’établit en dessous de 80 t/ha d’après la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). La richesse n’est pas non plus au rendez-vous de cette récolte 2024. S’ajoute à cela un contexte économique peu porteur après deux bonnes années.
Un rendement betterave 2024 estimé à 79 tonnes par hectare d’après la CGB
D’après la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), qui a tenu une conférence de presse à Paris le 4 décembre, le rendement moyen national est estimé à 79 tonnes par hectare (t/ha) à 16° (contre 83 t/ha en 2023) et sera inférieur à la moyenne 5 ans (81,1 t/ha). La richesse en sucre devrait s’établir aux alentours de 16,7°, un niveau historiquement bas. En 2024, les surfaces de betteraves ont atteint 410 000 ha, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2023.
Une production de betterave qui atteint 32,4 millions de tonnes
Au final, la production devrait s’établir à 32,4 millions de tonnes (Mt) de betteraves à 16°, soit 3 Mt de sucre et 8 millions d’hectolitres d’alcool et de bioéthanol. Depuis 2007, le rendement n’est descendu en dessous de 80 t/ha qu’en 2020, année où la jaunisse a fait des ravages, et en 2022 où c’est la sécheresse qui a sévi.
Les conditions climatiques ont pénalisé le développement des betteraves
La betterave touchée par les excès d’eau tout au long de son cycle
C’est essentiellement les conditions climatiques qui ont pénalisé la culture en jouant sur plusieurs facteurs. Après des préparations de sol difficiles (automne 2023 pluvieux, pas de gel), les semis de betterave ont été effectués tardivement (entre 15 jours et 1 mois de décalage par rapport à la normale selon les secteurs). La levée a ensuite été pénalisée par la forte pression des parasites souterrains, le manque de lumière et les excès d’eau. Résultat : « Les betteraves ont développé beaucoup de feuilles au détriment des racines », expliquait il y a quelques semaines William Huet, directeur agricole adjoint de Cristal Union.
Forte pression de la cercosporiose mais faible pression de la jaunisse
Durant l’été, le duo humidité et température élevée ont favorisé la minéralisation de la matière organique provoquant une libération tardive d’azote qui a empêché le sucre de se concentrer. Cerise sur le gâteau, malgré les interventions fongicides, la cercosporiose a, elle aussi, profité des conditions humides pour se développer et pénaliser le développement de la culture. Côté jaunisse, la pression a été modérée, le printemps froid et pluvieux ayant limité les vols de pucerons.
Quelle rémunération des betteraves pour la campagne 2024-2025 ?
Des betteraves rémunérées en moyenne 50,20 €/t en 2023-2024
Après une année 2023 marquée par des prix très rémunérateurs en betterave, la conjoncture du prix du sucre s’est retournée cette année avec pour conséquence une baisse des prix de contrats. La rémunération des betteraves 2023 a atteint en moyenne 50,20 €/t (43,70 €/t pour 2022) d’après la CGB. Pour les betteraves récoltées cette année, les prix devraient se situer entre 40 et 45 €/t en fonction des industriels. Cristal Union a annoncé une rémunération à 40 €/t. Saint Louis Sucre a pour le moment communiqué sur son prix minimum garanti : 32 €/t à 16° betteraves entières (sans les compléments de prix). Pour l’heure, Tereos n’a pas encore officiellement indiqué ses prix pour les betteraves 2024.
Des coûts de production en betterave qui atteignent 3 000 €/ha
Pour l’an prochain, la situation sur les prix est encore plus floue. « Les coûts de production betteraviers ont beaucoup augmenté ces dernières années pour se situer aux alentours de 3 000 €/ha en 2024 contre 2 600 € en moyenne entre 2019 et 2023, indique Timothé Masson, de la CGB. Les producteurs manquent de visibilité pour l’an prochain au moment de décider de leur assolement. »
D’après la CGB, « avec un rendement moyen à 79 t/ha en 2024, ce n’est qu’à partir de 37,50 €/t que la culture devient rémunératrice et que le betteravier pourra investir. »
Quelle surface de betterave en 2025 ?
Concernant l’évolution des surfaces de betterave en 2025, la CGB craint que le manque de visibilité sur les prix pour les producteurs entraîne une baisse. « Nous étions autour de 400 000 hectares sous les quotas, nous avons connu une courte embellie à la sortie, à 480 000 ha, avant de descendre à 370 000 hectares, retrace Franck Sander, président de la CGB. Après avoir remonté à 410 000 hectares l'an dernier, je crains que nous repassions sous les 380 000 hectares. »
Pour l’heure, Saint Louis Sucre est le seul industriel à avoir fixé un objectif de réduction à ses planteurs de l’ordre de 15 %, indique Thomas Nuytten, directeur betteravier de l’entreprise. Du côté de Cristal Union, William Huet table sur un maintien des surfaces.