Colza : cinq points clés pour préparer sa fertilisation azotée
Pour sa reprise de végétation, le colza peut avoir besoin d’azote. Mais ce n’est pas systématique à ce stade. La mesure de sa biomasse permet de savoir si le colza a faim ou non d’azote à la sortie d’hiver et d’optimiser la fertilisation azotée.
Pour sa reprise de végétation, le colza peut avoir besoin d’azote. Mais ce n’est pas systématique à ce stade. La mesure de sa biomasse permet de savoir si le colza a faim ou non d’azote à la sortie d’hiver et d’optimiser la fertilisation azotée.
Dès la reprise de végétation à la sortie de l’hiver, il pourra être nécessaire d’apporter de l’azote à son colza. Avant cela, il faut estimer les besoins nutritifs de la culture qui sont en lien avec son développement végétatif.
Plus le colza est développé à la sortie d’hiver, moins il a besoin d’azote
La biomasse est un indicateur de la quantité d’azote absorbée par la culture. « Le colza a la capacité de mettre en réserve l’azote dans ses organes pendant l’été et l’automne puis de le remobiliser dès la reprise de végétation au printemps, explique Luc Champolivier, spécialiste de la fertilisation chez Terres Inovia, dans une note consacrée aux besoins d’azote du colza. Un gros colza aura absorbé plus d’azote qu’un petit colza et la dose à lui apporter au printemps sera réduite comparée à celle nécessaire au petit colza pour un même objectif de rendement. »
Mesurer la biomasse de son colza en le pesant
Il existe plusieurs manières de mesurer la biomasse du colza à la sortie de l’hiver, la plus concrète étant celle de la pesée. Sur quatre placettes d’1 m2 chacune à l’intérieur du champ, les pieds de colza seront coupés au ras du sol en veillant à bien les débarrasser de la terre accrochée et des gouttelettes d’eau de la rosée ou de pluies. Deux placettes suffiront si la parcelle est bien homogène. Il ne reste plus qu’à peser ces pieds et à noter le poids en l’exprimant en kg/m2. La valeur moyenne sera reportée dans l’outil Réglette azote colza, mis à disposition gratuitement par Terres Inovia sur le web.
Une mesure peut déjà avoir été réalisée à l’entrée de l’hiver, utile dans les régions où le gel hivernal fréquent détruit une quantité importante de feuilles. Ne pas oublier de la prendre en compte dans l’outil d’estimation de l’azote à apporter. Cette mesure ne dispense pas d’une pesée également à la sortie de l’hiver.
Divers outils permettent d’estimer la biomasse à partir d’images
À partir d’images satellitaires ou prises par drones ou encore simplement avec son smartphone, des outils d’aide à la décision ou appli réalisent un traitement de ces photos pour calculer une dose optimale d’azote à apporter. Ainsi, les OAD Farmstar (Airbus Arvalis), Agro-rendement (Wanaka/Optimiza – Geosys), PreciFert Azote (Precifield), Bilan Colza by Abelio (Abelio) et Spotifarm se basent sur des images satellitaires pour ce type de services. Terres Inovia a validé ces outils qui ont le mérite de permettre des mesures sur l’ensemble d’une parcelle montrant la variabilité de développement du colza. Les cartographies de cette variabilité intraparcellaire peuvent servir de base pour moduler les apports d’azote selon les zones de la parcelle.
Les applications ImageIT (Yara) sur smartphone et N-Pilot (Borealis L.A.T/Agrofert) sur un appareil portatif (bientôt su smartphone) permettent également des estimations de biomasse à partir de photographies.
Estimer un objectif de rendement réaliste
Pour tous les outils, un objectif réaliste de rendement doit être établi, en prenant la moyenne des cinq dernières années de colza sur la parcelle ou des parcelles comparables, « en enlevant la valeur la plus faible et la plus élevée », conseille Terres Inovia. Des facteurs tels que le type de sol, une hydromorphie, des attaques de ravageurs, un fort salissement par les adventices, un faible peuplement… seront pris en compte pour affiner l’objectif de rendement et pour ne pas apporter une quantité d’azote inadéquate.
Apports d’azote : attendre la reprise de végétation ou la montaison
Les premiers apports d’azote se feront à la reprise de végétation (stade C1-C2) pour les colzas qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire ceux qui montrent une faible biomasse. « Ces petites plantes ont peu de réserve et elles n’accèdent pas facilement à l’azote à cause de leur système racinaire faible. Il est nécessaire d’en accompagner la reprise », explique Luc Champolivier. Pour les colzas à forte croissance, on peut attendre la montaison pour l’apport d’engrais azotés. « La remobilisation des réserves d’azote accumulées dans les organes suffira à assurer une bonne reprise de végétation dans ce cas », précise l’expert de Terres Inovia.
Dans tous les cas, mieux vaut ne jamais apporter plus de 100 kg/ha d’azote à la fois et fractionner les apports. À titre d’exemple, pour un besoin élevé supérieur à 170 kg/ha, Terres Inovia conseille un premier apport de 40 à 60 unités d’azote à la reprise de végétation, un deuxième de 50 unités à début montaison (stade C2-D1) et un troisième de 40 à 60 unités au stade boutons séparés (Stade E).
La forme d’engrais influe sur le risque de perte d’azote dans l’environnement. Cela vaut en particulier pour les solutions azotées et les engrais uréiques, sensibles à la volatilisation. Pour en maximiser l’efficacité et réduire les pertes, il est conseillé de les apporter juste avant une pluie, d’éviter les conditions ventées et les températures élevées.